Dès son arrivée en 2017, le gouvernement Macron a annoncé une augmentation des prix du tabac. Sous couvert de santé publique, c’est une excellente opération pour les finances de l’État.
C’est un calcul réalisé par BFM, grâce à l’augmentation des prix du tabac, malgré une baisse des ventes, l’État va engranger 700 millions d’€ supplémentaires en rente fiscale, soit 200 millions de plus que prévu. En effet, c’était déjà assumé, le ministre des comptes publics Gérald DARMANIN avait annoncé dans plusieurs médias qu’il espérait un gain de 500 millions d’€. J’avais déjà développé le sujet dans un article en début d’année : Augmentation du prix des cigarettes à 10 euros : le calcul macabre
Le président Macron est un banquier. Sa priorité, trouver de l’argent. Il pense que c’est l’essentiel et à tout prix, sans état d’âme, c’est son savoir-faire. Avec ses acolytes, ils n’ont pas mis longtemps, non sans cynisme, à comprendre « l’opportunité » que représente le tabac. Malins comme des singes, ils se sont trouvés comme des coq en pâte avec le système tabac, en exploitant comme des orfèvres tous les paramètres et tous les « acteurs ». Chapeau les artistes !
Une augmentation très précisément calculée et étalée
Augmenter les prix du tabac, c’est provoquer une baisse des ventes. Toute la question est d’équilibrer les pertes et les gains. Le montant de l’augmentation joue sur le comportement des fumeurs. Donc l’objectif du paquet à 10€ a été programmé par paliers. Il y a eu une petite prise de risque avec la première augmentation de 1€, donc assez forte, et on constate aujourd’hui que le rendement de l’opération dépasse les espérances. Autant dire qu’au ministère on doit se frotter les mains, les prochaines augmentations, moins brutales vont rapporter un max !
Ménager l’opinion et les anti-tabac
La ministre de la santé Agnès BUZYN a pu faire « joujou » en communication avec l’annonce forte des 10€. Elle justifiera l’histoire des paliers en expliquant que c’est « pour donner le temps au fumeurs de s’habituer à l’idée ». C’est passé comme une lettre à la poste. Concernant les anti-tabac, ils ont été copieusement arrosés grâce à une nouvelle taxation sur l’industrie, un fond de 100 millions d’€ permet à tout le monde de se gaver.
Il y a bien eu une baisse des ventes. La communication est pléthorique dans tous les médias avec des éléments de langages bien choisis pour semer la confusion entre vente, consommation et véritable prévalence tabagique. L’effet contrebande est dénoncé par les buralistes, mais jamais n’est évoqué la possibilité très probable que de nombreux fumeurs ont simplement diminué leur consommation. Passer de 20 cigarettes par jour à 18, c’est moins 10% (comme les ventes), mais c’est rester fumeur, gros fumeur.
Chouchouter les buralistes
Sur la politique tabac, rien ne se fait sans la complicité du puissant réseau de buralistes. En contrepartie de l’augmentation des prix, ils ont décroché en début d’année un plan de transformation de 100 millions d’€ et des promesses de lutte plus intensives sur la contrebande. Mais aussi (plus discrètement) un taux de rémunération plus important pour compenser une baisse des ventes programmée. Jackpot aussi pour eux, dans l’article de BFM, il est évalué qu’ils ont gagné 100 millions d’€ grâce à l’augmentation des prix. La profession va bien, très bien, après les pharmacies, les ambulanciers et les opticiens, c’est le commerce le plus rentable en France…
Les cons de fumeurs
Fumer c’est mal, c’est écrit dessus. La stigmatisation permanente des fumeurs est une réussite. Alors que le pays est secoué par la révolte des gilets jaunes, pouvoir d’achat et injustice fiscale, mais on n’entend aucune revendication contre l’augmentation des prix du tabac. C’est magique, même les fumeurs trouvent ça normal. On peut donc continuer à les racketer, dans notre société, c’est injustifiable aujourd’hui pour un fumeur de se plaindre des prix du tabac. Je le sais, j’étais fumeur « T’as qu’à arrêter de fumer pauvre con ! »
Santé publique ? Vapotage ?
Ha ha ha ! Santé Publique France a sorti en mai dernier une étude que personne ne comprend mais qui indique qu’il y aurait eu soudainement une baisse de 1 million de fumeur. Ce matin, une nouvelle étude est sortie pour expliquer que le paquet neutre était une bonne mesure (aucun chiffre sur la prévalence, les sondés admettent juste que le paquet est moins « séduisant »). Bref, le gouvernement s’est armé et communique en mode chevalier blanc, avec les ventes (officielles) qui baissent, tout va bien madame la marquise, nous « œuvrons » pour la baisse du tabagisme, on a des résultats.
On comprend donc que donner un coup de pouce au développement du vapotage n’est pas du tout à l’ordre du jour. En effet, faire comme les anglais et se servir de la vape pour réduire drastiquement le tabagisme pourrait avoir des conséquences catastrophiques, et en premier lieu l’évaporation de la pompe à fric des taxes sur le tabac.
NOTA : entre autres éléments de communication, contre 15 milliards d’€ de « recettes », le tabac couterait 120 millards. On trouve se chiffre régulièrement dans de nombreux rapports gouvernementaux, c’est une manipulation honteuse, c’est complètement faux.