Pour lutter contre la désinformation sur le vapotage, le Public Health England diffuse depuis quelques jours une vidéo virale qui compare le tabagisme et la vape.

Depuis 2015, l’organisme gouvernemental Public Health England affirme que vapoter est au moins 95% moins nocif que fumer. Le premier rapport avait été réalisé par des experts suite à la lecture et la compilation de plus de 200 études. En février 2018, le PHE a publié une mise à jour, qui confirme à nouveau ce 95% et qui s’assortit de nombreuses recommandations pour les services de santé et tous les intervenants de la lutte contre le tabagisme. En clair, faire une promotion massive du vapotage auprès des fumeurs. Et ils vont sortir les grands moyens avec une vidéo choc !

Parmi les conclusions du rapport de 2018, les experts ont particulièrement souligné le problème de la désinformation : « Plusieurs milliers de fumeurs croient à tort que vapoter est aussi nocif que fumer ; environ 40% des fumeurs n’ont même pas essayé une cigarette électronique ». Ils précisent aussi que : « moins de 10% des adultes comprennent que la plupart des effets néfastes de la cigarette sur la santé ne sont pas causés par la nicotine » ou encore « l’utilisation des cigarettes électroniques au Royaume-Uni a plafonné au cours des dernières années à un peu moins de 3 millions de personnes ».

Vidéo choc : informer la population à tout prix !

L’Angleterre est le seul pays au monde où tous les acteurs de la lutte contre le tabagisme sont unis derrière un message positif pour promouvoir massivement le vapotage. L’information est claire et honnête, le STOPTOBER (modèle – lointain – du Mois Sans Tabac), par exemple, incite clairement les fumeurs à essayer le vapotage. Cette année, on trouvait même sur le site officiel de l’opération, un annuaire des boutiques de vape spécialisées, une action menée avec l’association des professionnels indépendants l’IBVTA.

Mais malgré tous ces efforts, la désinformation et les fake news sur le vapotage continuent de faire des ravages et d’effrayer de nombreux fumeurs qui n’osent pas essayer. Dans une interview dans THE GUARDIAN, le Pr John Newton, directeur de l’amélioration de la santé au PHE, déclare : « Il serait tragique que des milliers de fumeurs qui pourraient arrêter avec l’aide d’une cigarette électronique soient rebutés par de fausses craintes pour la sécurité. Nous devons rassurer les fumeurs sur le fait que passer à une cigarette électronique serait beaucoup moins nocif que fumer. Cette démonstration (il parle de la vidéo ci-dessous) met en évidence les dommages dévastateurs causés par chaque cigarette et aide les gens à comprendre que le vapotage ne représente probablement qu’une fraction du risque. »

Voici donc la vidéo que diffuse le Public Health England. C’est un modèle de communication « trash » comme on peut le voir souvent dans les réseaux sociaux, objectif « choc et viral ». Sauf que cette fois, ce n’est pas réalisé par des amateurs, il s’agit du Dr Rosemary Leonard et du Dr Lion Shahab pour le compte d’un organisme gouvernemental, la vidéo est siglée Public Health England, c’est un discours officiel. L’objectif est bien clair : créer un maximum de buzz avec une vidéo très virale. Aucune ambiguïté, à la différence de la « frilosité » en France, les services de santé anglais sont prêts à tout pour alerter la population avec une promotion massive et très engagée pour le vapotage.

Et en France, comment parle t-on de la vape à la population ?

En France, le discours n’est pas clair. Côté gouvernement et ministère de la santé, le silence est assourdissant. Rien de rien. A croire que le vapotage n’existe pas, que les vapoteurs n’existent pas, que les professionnels de la vape pourtant très dynamiques, commerçants et fabricants… n’existent pas. Depuis plus de 18 mois qu’elle est arrivée à son poste, la ministre de la santé Agnès BUZYN a reçu plusieurs fois les buralistes, mais elle n’a jamais daigné répondre aux sollicitations des associations, malgré plusieurs courriers, elles n’ont même pas reçu de réponse de politesse.

Il y aurait pourtant matière à échanger. Principalement, la place de la vape dans la lutte contre le tabagisme en France, surtout quand on voit ce que font nos voisins anglais. Il devient aussi urgent de faire réviser à nouveau l’avis du HCSP (Haut Conseil à la Santé Publique). Dans sa dernière version qui date de bientôt 3 ans – 22 février 2016 – on y trouve des énormités. Par exemple (p. 6) une remise en cause des « 95% » annoncés dans chaque rapport du PHE depuis 2015. Insupportable condescendance de la part d’un pays qui affiche une prévalence tabagique deux fois supérieure.

On y retrouve aussi une référence au diacétyle dans les usines de pop corn, l’une des plus incroyables fake news qui trainent depuis des années sur la vape : La « maladie du pop-corn », la bronchiolite oblitérante, revient régulièrement sur la scène de la vape. Ce trouble respiratoire, rare, invalidant et potentiellement mortel a été relié à des environnements chargés en diacétyle, comme celui des usines de pop-corn. Si cette substance a pu être détectée dans certains e-liquides, elle l’a été dans des concentrations de 100 à 1 000 fois inférieures à celles de la fumée de cigarette, qui n’a pourtant jamais été accusée de provoquer cette maladie. En France, la norme AFNOR garantit l’absence de diacétyle (extrait du dernier VAPYOU N°8).

Pire, on trouve à deux reprises dans le rapport du HCSP des références aux études menées par le Pr. Stanton Glantz (p. 5 et p.13), un ayatollah anti-vape américain. Il y a quelques jours, il vient de publier un article sur une étude qu’il titre tout simplement « Using e-cigs increases exposure to toxic chemicals for most users; they would be better off just smoking » (traduction : l’utilisation de e-cigarette augmente l’exposition à des produits chimiques toxiques pour la plupart des utilisateurs ; il vaudrait mieux qu’ils fument uniquement). L’étude compare des fumeurs et des vapofumeurs, au-delà de l’aberration scientifique (comment identifier la provenance des toxiques ?), le Pr. oublie totalement (ou pas) qu’un vapofumeur est potentiellement un futur vapoteur exclusif, donc possiblement aussi bientôt non-fumeur. Ses déclarations, son « message » idéologique revient à : il vaudrait mieux continuer à fumer que d’essayer la cigarette électronique. Incroyable…

Pour se donner une idée du niveau anti-vape, voici ce que Glantz et sa clique mènent comme campagne aux USA, avec la vidéo ci-dessous, complètement délirante, tournée avec des moyens hollywoodiens (financée par qui et dans l’intérêt de qui ?), et c’est sans parler de ses autres pitreries (le mot est faible) que l’on peut lire ici (Glantz est à l’origine de l’étude complètement biaisée qui a créé en début d’année un incroyable buzz sur le vapotage et les crises cardiaques), ici ou encore ici :

Il est intolérable de trouver encore des références aux études douteuses du Pr. Glantz dans un avis d’une agence de santé française. Intolérable de d’y voir la remise en cause des positions anglaises. Intolérable d’y trouver des recommandations contraires à la loi sur le vapotage dans les lieux collectifs (décret du 27 avril 2017). Intolérable qu’y soit soutenu encore l’idée que la vape est une porte d’entrée dans le tabagisme alors que dans tous les pays où la vape s’est développée, le tabagisme des mineurs a baissé.

Il est grand temps que les autorités de santé françaises ré-ouvrent le dossier du vapotage, que l’ensemble des parties prenantes puissent à nouveau être réunies et qu’un discours officiel honnête et fondé puisse être diffusé massivement à la population et en particulier aux fumeurs. Depuis le 30 mai 2018, les six associations AIDUCE, SOVAPE, SOS ADDICTIONS, FÉDÉRATION ADDICTION, RESPADD et FIVAPE, attendent toujours une réponse (même de politesse) de la part du Directeur Général de la Santé, le Pr. Jérôme Salomon, quant à leur demande de réactivation du Groupe de Travail Vapotage.

En attendant, seul un organisme en France diffuse régulièrement, avec cette vidéo, un message positif et honnête, c’est l’INCa. L’Institut National du Cancer, dont la ministre de la santé Agnès BUZYN fut la présidente de 2011 à 2015. Vraiment dommage qu’elle ne sache pas lorgner un peu plus sur le travail de ses anciens collègues…

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