Depuis 4 ans, la cigarette électronique a un impact historique sur les ventes de tabac. Passé l’effet de surprise, l’industrie utilise l’Europe et sa directive tabac pour renverser la situation et éviter sa propre mort.

La e-cigarette est un succès. Des milliers de témoignages concordent, de nombreux fumeurs ont trouvé une solution facile, sans souffrance et même agréable pour stopper le tabac. Une industrie toute jeune se développe, avec des innovations tous les jours, que ce soit sur les matériels, les techniques, la composition et les saveurs e-liquides. Les analyses scientifiques s’enchaînent, toujours plus rassurantes, même l’effet passerelle pour les jeunes se dément d’études en études. La vape est un miracle sanitaire qui aurait déjà sauvé près de 8000 vies en France en ne comptabilisant que les accidents cardiovasculaires évités. Mais le rêve risque de virer au cauchemar à cause de la directive tabac adoptée en mars 2014 par l’Europe et qui doit s’appliquer au plus tard en mai 2016 dans tous les pays de l’Union.

Bien qu’auréolée de ses 100 millions de morts au 20e siècle, de ses procès retentissants aux USA et d’une littérature scientifique abondante qui n’autorise aucun doute sur sa malfaisance, l’industrie du tabac joue les acrobates depuis des décennies. Elle tient solidement le coup grâce à l’addiction irrépressible des fumeurs, les milliards de taxes qu’elle rapporte aux états, et bien sûr une grande partie des marchés internationaux où l’on peut vendre sans soucis des cigarettes aux enfants, les cibles prioritaires. Jusqu’à l’arrivée de la cigarette électronique, l’industrie du tabac avait donc réussi à garder le contrôle pour continuer à engranger des bénéfices colossaux. Les dirigeants du tabac sont des génies du business.

Et les génies comprennent vite, très vite. Même s’ils n’ont rien vu venir (plutôt pas cru), ils ont désormais totalement intégré dans leur stratégie l’immense menace que représente la vape.

La vape est un exterminateur, elle peut anéantir l’industrie du tabac.

Pourquoi ? Parce que c’est une alternative. Qui apporte autant, sinon plus de plaisir qu’une cigarette et le danger en moins pour la santé. Mise à part les hausses de tarifs très brutales dans les années 2002, jamais les ventes de tabac n’ont baissé en France aussi vite que depuis l’arrivée de la e-cigarette. Pour les substituts nicotiniques, c’est carrément l’apocalypse avec 50% de ventes en moins.

Ne doutons pas que les industriels ont déjà mené, en catimini, et depuis quelques années toutes les études possibles afin de découvrir des dangers pour la santé, sinon pires, mais au moins équivalents au tabac. Peine perdue. Évidemment.

Plan B pour le marché européen : la directive tabac

Nos états sont accros au tabac. Pour rappel en France, 80% de taxes sur un paquet de cigarettes, 14 milliards d’euros engrangés chaque année. Entendons bien aussi que les quelques 47 milliards annuels de coût pour la sécurité sociale liés aux maladies du tabac se financent par les impôts, la dette et l’inflation. Ces dépenses, déjà garanties pour les 20 à 30 prochaines années, permettent de faire tourner toute une économie autour du système de santé (recherches, industries, services…). N’oublions pas que le cancer est un business, il y a plusieurs pôles de compétitivité en France. Hé oui, ça en fait des emplois…

L’industrie du tabac va donc réussir à intriguer aux sommets du pouvoir pour dicter, mine de rien, des dispositions spécifiques à la cigarette électronique, dans le cadre de la directive tabac, alors même que ce n’est pas du tabac. Le plan est minutieux et relève du grand art de la guerre : 1 – affaiblir l’adversaire, 2 – conquérir son territoire et 3 – renforcer les rentes des alliés. Voici les mesures de la directive tabac au prisme de cette stratégie :

1 – AFFAIBLIR = Freiner le développement de l’industrie et du commerce de la vape

C’est un volet majeur des mesures de la directive tabac. Casser l’élan et affaiblir l’adversaire est le meilleur moyen de reprendre le dessus. La publicité pour la vape sera donc interdite, disposition radicale qui permet d’étouffer l’engouement et aveugler la population qui fume encore. Le taux de nicotine sera limité à 20mg/ml, insuffisant pour environ 20% des fumeurs qui veulent essayer la e-cigarette.

La plupart des matériels actuels ne répondra plus aux exigences de la réglementation : les atomiseurs ou clearomiseurs devront être incassables, inviolables, sans fuites, avec sécurité enfants, ne pas dépasser 2 ml et chaque nouveau produit devra faire l’objet d’une notification 6 mois avant sa mise sur le marché, assortie d’une déclaration des ingrédients et d’une étude toxicologique. Ces mesures ont pour but, sinon d’interdire, mais de réduire considérablement, et d’un coup net, la distribution de tous les produits existants. Produits, qui depuis 10 ans maintenant, n’ont posé, jusqu’à preuve du contraire, absolument aucun problème de santé !

2 – CONQUÉRIR = Dicter une réglementation qui correspond à « l’offre » de l’industrie du tabac.

Aux mesures cités auparavant, s’ajoute la contrainte de fournir un dispositif qui délivre une dose de nicotine constante. Disposition pour le moins étonnante à l’heure actuelle car aucun matériel n’est capable de répondre à cette norme. Faut-il penser que l’industrie du tabac va sortir de ses cartons ce type de produits ? Les « cigalike » ne sont-elles pas déjà pensées dans cet esprit, sans réglage de puissance ni possibilité de recharger ? Une aberration pour le vapoteur expérimenté…

Si un produit est interdit dans trois pays européens, l’interdiction pourra s’étendre à toute l’Europe et la vente en ligne transfrontalière sera interdite. Ou comment « emprisonner » les consommateurs pays par pays, et pouvoir intriguer et grenouiller auprès de chaque gouvernement. Une porte ouverte à toutes les dérives et conflits d’intérêt, notamment avec les pays qui produisent du tabac ou hébergent des usines à cigarettes…

Une dernière mesure impose une collecte de données sur les habitudes des consommateurs nécessitant des systèmes d’information hors normes, mais pour lesquels l’industrie se tient probablement prête à partir de son infrastructure déjà en place dans les réseaux de distribution, notamment pour gérer la collecte des taxes et la lutte face à la contre-bande.

3 – RENFORCER = Re-créer un système de taxation pour maintenir les rentes des états.

Si par extraordinaire, en mettant la main sur le marché de la vape, l’industrie ne parvenait pas à l’étouffer (ce qui est probablement une option), les dernières mesures de la directive tabac permettront aux états de commencer à ouvrir les portes d’une taxation. Précédemment citée, la collecte des données pourra faire l’objet d’une redevance pour être financée (en payant l’industrie du tabac – bien joué !). Les flacons de liquides ne pourront pas dépasser 10 ml, belle solution pour maintenir des prix de vente élévés, et donc, par effet de levier, le rendement de la TVA et de toute autre future taxe indexée sur le prix. Nous pouvons faire confiance à l’imagination du législateur pour multiplier les prélèvements comme sur le tabac ou l’essence…

Plus de 98% des directives sont transposées !

Répétons-le, les industriels du tabac sont des génies du business. Ils se sont attaqués directement à Dieu le père, l’Europe. Sachant que plus de 98% des directives sont systématiquement transposées par les états. Les chances sont donc bien minces d’espérer que la directive tabac échappe à la règle en France, qui fait d’ailleurs partie des meilleurs élèves avec un taux de transposition de 99,4% ! Le coup de maître absolu est d’avoir réussi à noyer les mesures contre la cigarette électronique au milieu d’une directive tabac globale qui ne peut que remporter l’adhésion morale des décideurs politiques. Comment ne pas lutter contre le tabac ?

En France, 73 000 personnes meurent prématurément chaque année à cause du tabac, et souvent dans d’atroces souffrances. L’innocuité TOTALE de la vape est impossible à démontrer. Et si c’est la seule raison pour laquelle nos politiques n’entendent pas les complaintes des millions de vapoteurs, des associations, des médecins et des scientifiques qui appellent depuis des mois à la raison pour que notre gouvernement refuse d’appliquer le volet « vape » de la directive tabac, alors il faut interdire les voitures, la nourriture et les boissons, les produits ménagers et les médicaments… RIEN, RIEN, RIEN n’est inoffensif !

Le tabac a fait 100 millions de morts au 20e siècle, plus que les deux grandes guerres réunies. C’est la première cause de mort évitable au monde. Ça suffit – STOP !

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Créée en 2013 à l’approche de cette directive tabac, l’AIDUCE se bat pour faire entendre la voix des vapoteurs de France et de Belgique contre la directive tabac. L’association produit énormément d’informations et de documentations disponibles gratuitement sur son site Internet, profitez-en pour découvrir l’AIDUCE :

> Bulletin d’information sur la directive des produits du tabac