Alors que les pays sont de plus en plus nombreux à interdire les arômes dans la vape, cette idée absurde fait aussi son chemin en France.

Cet été l’actualité de la vape nous venait pour partie de la province du Québec au Canada. Là-bas l’interdiction des arômes dans la vape est vraiment en route, à lire ici sur le Journal de Montréal : Vapotage: fini les saveurs à compter du 31 octobre.

La raison invoquée est la protection des jeunes. Objectif : les éloigner de la vape au prétexte qu’elle serait une porte d’entrée dans le tabagisme.

C’est pourtant faux, c’est largement démontré, contredit par de nombreuses études. Lire ici, un décryptage très précis de la construction de ce mythe réalisé par l’association SOVAPE lorsqu’elle a été consulté il y a deux ans par le Haut Conseil pour la Santé Publique, question N°3 à partir de la page 8 : Le vapotage peut-il constituer une porte d’entrée dans le tabagisme pour des jeunes non-fumeurs ?

Interdire les arômes dans la vape est non seulement une mesure absurde, mais aussi inutile, sadique et dangereuse.

Inutile

Il n’y qu’à prendre l’exemple de la prohibition de l’alcool aux USA dans les années 1920 ou tout simplement le cannabis en France, jamais l’interdiction n’a éliminé un produit. Concernant en particulier les puffs, les jeunes sont déjà très nombreux à en acheter sur Internet et pas que chez des commerçants dûment enregistrés. Ce qui est normal puisque la vente de produits de vapotage est déjà interdite aux mineurs.

De plus l’interdiction des arômes dans la vape a déjà été expérimentée. Ici un très bon article décrit comment ça s’est passé à San Francisco et les conséquences quasi immédiates : L’interdiction de vape aromatisée fait exploser le tabagisme des jeunes à San Francisco et le marché noir sur la côte Est. Le phénomène s’est confirmé partout ailleurs où de telles mesures ont été prises, en réduisant l’accès au vapotage, on repousse les jeunes vers le tabac.

En France, l’OFDT a montré que les jeunes sont effectivement de plus en plus nombreux à tester la vape, mais dans le même temps, l’INSERM a montré qu’au lieu d’un effet passerelle, le vapotage a un effet rempart, réduisant de 40 % le risque de devenir fumeur quotidien pour ceux qui ont essayé de vapoter en premier au lieu de fumer en premier. Le phénomène est aussi confirmé à grande échelle : Première génération sans tabac aux USA !

Enfin, dans la psychologie des jeunes la stigmatisation d’un produit (danger / prohibition) ne fait que renforcer leur envie d’essayer. C’est ce que souligne entre autres cet été l’ASH (Action on Smoking and Health) au Royaume-Uni qui a publié un excellent dossier pour lutter contre les « mythes » sur le vapotage et où la question des jeunes y est largement abordé : Addressing common myths about vaping – Putting the evidence in context. C’est en anglais, ici un décryptage en Français : L’ASH passe au crible les fakenews sur la vape.

De toute évidence la vapotage a un impact sur les jeunes. Mais il semblerait qu’on ne se pose vraiment pas les bonnes questions. Aujourd’hui dans les faits, l’interdiction des arômes dans la vape est inutile voire contreproductive. Et pas seulement pour les jeunes.

Sadique

Pour protéger d’une prétendue « porte d’entrée » des jeunes potentiellement explorateurs (donc par définition non fumeurs – non vapoteurs) les fumeurs, beaucoup plus nombreux et en danger réel et immédiat qui souhaitent essayer le vapotage pour arrêter de fumer seraient privés eux-aussi des arômes, alors que plusieurs études montrent que c’est un facteur important et décisif de réussite, à lire ici : Une nouvelle étude démontre que les arômes aident à arrêter de fumer.

Mais il ne s’agît pas d’interdire tous les arômes. Alors que le PV, la VG et la nicotine n’ont quasiment aucun goût, les partisans de l’interdiction des arômes dans la vape pourraient souhaiter que tout soit interdit, aucun arôme. Non, ils souhaitent qu’on rajoute délibérément un arôme de tabac.

J’ai eu l’occasion d’en parler avec le le journaliste de Libération Charles Delouche-Bertolasi cet été : Décryptage : Le vapotage, menace pour la santé publique ou aide efficace au sevrage tabagique ? Imposer la saveur du tabac à ceux qui veulent arrêter de fumer… Il a souligné l’absurdité en pointant un lien sur la pétition Merci la vape !

99 % des personnes qui vapotent sont des fumeurs ou des ex-fumeurs, y compris chez les jeunes. Rendre moins attractive la vape en donnant un goût de tabac maintien le tabagisme, et ne peut que mettre en difficulté des vapoteurs qui n’utilisent pas de saveurs tabac, au risque de continuer à fumer voire de replonger. Rien ne justifie cette mesure, c’est gratuit, c’est injuste, c’est sadique.

Mais il y a pire…

Dangereux

95 % des vapoteurs utilisent un autre arôme que le tabac, à lire ici les résultats d’un questionnaire européen réalisé par ETHRA : Rapport sur l’EU NICOTINE USERS SURVEY 2020 : l’essor de la réduction des risques. En cas d’interdiction, il y aura plusieurs choix : arrêter de vapoter sans refumer, arrêter de vapoter mais recommencer à fumer, se contenter de l’arôme tabac imposé, ou trouver des arômes ailleurs…

Les e-liquides sont des produits très faciles à fabriquer, y compris de façon artisanale. On entend souvent « arômes alimentaires » et c’est très simple de se procurer du PG, de la VG et même de la nicotine. Il y a donc un double risque, avec des consommateurs qui pourraient utiliser n’importe quoi y compris du sirop de menthe ou des arômes de pâtisserie pour se concocter des mixtures avec d’autres saveurs que le tabac, et des trafiquants sans scrupules qui vont se frotter les mains avec un nouveau marché noir, sans plus aucun contrôle qualité, ni aucune réglementation à respecter.

Le risque sanitaire d’interdire les arômes dans la vape à l’échelle d’un pays comme la France est considérable, on parle de 3 à 4 millions de vapoteurs. Il y aura des accidents et des morts, c’est sûr. Pourtant là aussi, il y des précédents : Retour sur la vague de pneumopathies de 2019 aux USA (EVALI).

En résumé :

  • interdire les arômes dans la vape est sadique, impact très négatif sans aucune raison sur la majorité et la priorité : les vapoteurs et les fumeurs ;
  • c’est inutile et contre productif aussi pour les raisons qui sont invoquées ;
  • c’est un risque sanitaire majeur car il y a des millions de vapoteurs qui vont se retrouver au marché noir avec des produits non réglementés et non contrôlés.

Pour conclure, cet édito de Richard Béliveau, éditorialiste du Journal de Montréal, clair et synthétique et qui cite même une étude de l’Institut Pasteur en France : Pourquoi le vapotage est moins nocif pour les adultes avec une dépendance au tabac.

Merci la vape !

Les associations AIDUCE, SOVAPE, LA VAPE DU CŒUR et FIVAPE ont lancé une pétition et un questionnaire pour protester contre le projet d’interdire les arômes dans la vape, contre les projets de taxe, et pour que cessent le dénigrement et la désinformation.

La vape vous aide ? Signez et partagez : Merci la vape !

 

 

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