En pleine opération Moi(s) sans tabac, l’assemblée nationale vote de nouvelles mesures (pour ?) le tabac dans le cadre de la loi sur le financement de la sécurité sociale.

En première lecture certaines des mesures paraissent aller dans le sens de la santé publique, c-a-d tenter de réduire le fléau du tabagisme. A y regarder de plus près, on peut retrouver malheureusement l’éternelle hypocrisie d’un État toujours terriblement accro au tabac

Augmentation du prix du tabac à rouler

Voilà peut-être la seule mesure vraiment sincère. La fiscalité du tabac à rouler va être alignée sur celle des cigarettes « industrielles ». Malgré une bataille que l’on imagine très féroce en coulisse, les députés qui soutiennent les buralistes et l’industrie du tabac n’ont pas réussi à faire plier l’assemblée nationale. Le secrétaire d’État du budget Christian Eckert a été inflexible, au nom de la santé publique.

Sans vouloir être mauvaise langue, signalons quand même que le tabac à rouler est le produit le plus consommé par les jeunes et les populations les plus démunis. Les ventes ont augmenté d’environ 15% depuis quelques années. D’un point de vue « revenus fiscaux » le risque a donc été bien calculé, l’augmentation sera de 15%. En valeur absolue, les recettes de l’État ne devraient donc pas bouger. Les ventes en moins seront compensées par l’augmentation des taxes.

Création d’une taxe pour alimenter un fond de lutte contre la prévalence tabagique : 130 millions d’euros

Là aussi, voilà une jolie mesure qui vise à faire payer les fournisseurs (industrie du tabac) pour les dégâts qu’ils causent à la population et par voie de conséquence aux ressources de la sécurité sociale. On peut se demander cependant à qui ira cet argent et à quoi il va servir. Il y a là en effet une sorte de malaise. Les 130 millions d’euros font très certainement largement alimenter les caisses des anti-tabac. Ou comment « vivre » sur le dos de son ennemi. Et quelque part, comment vivre sans, en installant cette relation financière totalement contre-nature. Le film A Billion Lives décrypte parfaitement ce mécanisme troublant.

Rappelons ici que depuis quelques années un million de citoyens français ont réussi à sortir du tabac grâce à la vape et que cela, non seulement, n’a pas coûté un centime à l’État, mais ils n’ont absolument pas eu besoin des associations anti-tabac.

Pardon ! Je viens de faire une erreur ! En fait, ça a coûté 400% de taxes (80% du prix) sur les ventes perdues par l’industrie du tabac. Industrie perdante, État perdant, associations anti-tabac inutiles. Effectivement, on n’est pas du tout dans la même équation…

Augmenter les buralistes et faire payer les fumeurs

L’information n’aura pas tardé. Suite au vote à l’assemblée, Christian Eckert est allé rendre visite au congrès des buralistes. Et il a annoncé une augmentation de leur rémunération. Standing ovation paraît-il. Alors que les associations de vapoteurs n’ont jamais eu le privilège de rencontrer la ministre de la santé, le secrétaire d’État au budget, lui, fait carrément le déplacement pour annoncer les bonnes nouvelles.

Ne pas se demander si M. Eckert a questionné ses préposés sur la vente de tabac aux mineurs. Déjà qu’on va augmenter le prix du tabac à rouler, faudrait quand même trop en faire pour risquer une baisse des ventes trop brusque…

Acte 2 ! La nouvelle est sortie très vite, l’augmentation de la rémunération va être payée par : les fumeurs ! En tout cas, c’est que l’industrie du tabac annonce ! Alors que l’État avait bloqué les prix du tabac depuis 2015, une première depuis le début des années 2000 (au nom de la santé publique), le gouvernement va-t-il lâcher à nouveau la bride aux industriels du tabac afin qu’ils puissent augmenter leur prix pour compenser les nouvelles taxes et l’augmentation de la rémunération des buralistes ?

Mise à jour le 6 novembre :

La ministre Marisol Touraine confirme. Avec l’augmentation des prix du tabac, elle souhaite bien que ce soient les fumeurs qui financent l’amélioration de la rémunération des buralistes. Bon esprit et beau cadeau à l’industrie du tabac. Ahurissant !

Pour le tabac, la France résiste à l’Europe !

Voilà le pompon ! En effet, il y a une mesure qui n’a pas été votée par l’assemblée nationale, c’est l’alignement des prix du tabac en Corse avec ceux pratiqués sur la métropole. Pourtant l’Europe menace d’infliger de lourdes amendes si l’État français n’obtempère pas. Mais rien à faire, les Corses ont sans doute des arguments explosifs pour qu’il n’en soit rien ?

Pendant ce temps là, évidement, on explique aux vapoteurs et aux industriels de la vape que la TPD est une mesure européenne et que vraiment, on ne peut rien faire, on est obligé de l’appliquer. Oui – oui. Les quatre explosions de batteries qui ont pourtant fait les choux gras de la presse ces dernières semaines n’ont sans doute pas fait assez peur aux députés…

Mois sans tabac, mois de la pharma…

Après les buralistes, l’industrie du tabac et les associations anti-tabac, il manquait bien un geste pour le dernier larron du « système tabac » ! C’est donc la ministre de la santé qui s’en est chargée. Les substituts nicotiniques seront désormais remboursés 150€ au lieu de 50€ jusqu’à maintenant.

Fois trois ! Mais attention, c’est pour aider les fumeurs, ne pas s’imaginer que c’est une compensation pour toutes les ventes perdues par l’industrie pharmaceutique depuis que la cigarette électronique est apparue. Ce serait être mauvaise langue (encore) !

A quand une taxe sur les ex-fumeurs ?

Voilà peut-être l’idée qui pourrait poindre un jour dans l’esprit d’un futur ministre du budget encore plus malin que ses prédécesseurs. Si ces cons de fumeurs, surtout avec cette foutue cigarette électronique, se mettent vraiment tous à arrêter, peut-être pourrait-on les taxer ?

Oups, désolé, pour la vape, c’est déjà en train de se faire. En effet, les produits e-liquides vont être taxés par le biais de notifications au niveau des fabricants. On attend toujours les décrets pour savoir exactement à combien ça va s’élever et à quel niveau cela pourrait avoir une incidence sur le prix…

Décidément, si il y a de plus en plus de français qui arrêtent de fumer grâce à la vape, notre État, lui, reste gros fumeur, complètement accro au système et il n’est pas prêt de décrocher semble-t-il…

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