Alors qu’ils ont déjà le monopole sur la vente de tabac, les buralistes affichent désormais haut et fort leur volonté de « reprendre » le marché de la vape.
J’ai longuement hésité avant d’écrire cet article sur la vape et les buralistes et m’exposer aux quolibets. L’objectif n’est donc pas de leur « taper » dessus aveuglément, mais de mettre un peu en ordre mes idées et en m’appuyant sur tout ce que je peux lire ici ou là, avis de vapoteurs, pro de la vape, buralistes, et autres ressources.
En effet, depuis quelques jours, alors que je veille comme toujours sur l’actu de la vape et du tabagisme sur la page Facebook de VAPYOU, le président de la confédération des buralistes apparait souvent. Il fait « l’actu » en parlant de la vape, alors comme d’habitude, je relais et je commente. Et le débat est houleux. Très houleux…
C’est une opération de communication de grande ampleur. Le porte-parole des bureaux de tabac est donc en tournée dans toute la France, les médias locaux s’en font régulièrement l’écho, et ils relèvent à chaque fois, systématiquement, le même message, principal et primordial : les buralistes souhaitent « reprendre » le marché de la vape.
Dans cet article, le VRP de la « transformation » des buralistes n’explique pas qu’il faut convertir les fumeurs. Non ! Il invite son « confondéré » à aller reprendre les clients des 4 boutiques de vape qui se sont installées autour de lui. Citons : « D’emblée, il est question de vapotage : quatre boutiques sont installées de part et d‘autre du Grand Turc (ndlr : le bureau de tabac) qui propose lui aussi ce type de produits. C’est le mieux, lance Philippe Coy. Ça veut dire que les clients sont là. À nous d’être les meilleurs, à nous de nous donner les moyens de reprendre le marché avec des produits de qualité et du conseil. »
Le message est clair, le patron des buralistes ne souhaitent pas s’installer « à côté » d’un réseau spécialisé établi, ce qui serait d’ailleurs tout à son honneur et apaiserait bien des querelles. Mais non, il souhaite l’attaquer, il appelle au combat. Au lieu de développer le marché et participer à l’essor de la vape avec un esprit positif, sa démarche semble d’abord de déclarer la guerre aux boutiques de vape spécialisées : « reprendre » le marché.
Reprendre ?
Mais qui a volé la vape aux buralistes ? Est-ce qu’il fût un temps où les buralistes détenaient 100% du marché de la vape ? Abus de langage, déformation de la réalité, car le vapotage ne s’est absolument pas développé grâce aux vendeurs de cigarettes, loin s’en faut. Arrivée il y a maintenant plus de 10 ans par Internet, le marché de la vape a explosé à partir de 2012, et surtout en 2013 et 2014. Et pas dans les bureaux de tabac… Les buralistes sincères peuvent le concéder, à part quelques rares exceptions, ils n’y croyaient pas, tout simplement.
La nature a horreur du vide. Alors des boutiques de vape se sont montées. Des sérieuses, pour la plupart. De très nombreux points de vente ont été créés par des vapoteurs, ex-fumeurs, avant tout consommateurs et fins connaisseurs du matériel, des e-liquides et des bonnes pratiques. Bien sûr, il y a eu un effet d’aubaine, et certaines boutiques se sont ouvertes avec la seule volonté de profiter de la vague, donc pas très sérieuses, elles sont rares aujourd’hui à avoir survécu.
Alors non, les buralistes n’ont rien à « reprendre ». Ils n’ont rien compris à la vape, rien compris à son succès, ils sont complètement passés à côté et ils ont maintenant pris 5 à 10 ans de retard. Ils réalisent aujourd’hui que c’est un avenir incontournable, ils paniquent et ils essayent par tous les moyens de monter dans le train. Ils ont de très gros moyens, rassemblés dans une confédération ultra-puissante (situation totalement insensée !), le président fait le VRP et ils lancent tout un programme de conquête (et pas « re »), avec marketing, formation et tout le toutim. Le contenu, pas que mauvais, reconnaissons-le, est gentiment décortiqué ici : buraliste de la vape.
Reprendre (et retenir) les fumeurs, c’est plutôt ça…
Reprendre… Les boutiques de vape spécialisées n’ont pas « volé » la vape aux buralistes. Par contre, effectivement, un certain nombre de clients ont déserté les civettes pour aller (ailleurs) acheter ce que l’on trouvait pas chez les « vendeurs de tueuses ». Le défi pour les buralistes est donc de « reprendre » leurs clients, quitte à ce qu’ils soient devenus non-fumeurs. Et quand ils parlent de reprendre le marché, il s’agit de stopper l’hémorragie et essayer d’empêcher que les fumeurs actuels ne continuent de déserter leur bureaux de tabac.
Contrairement aux éléments de langage développés dans le marketing de la confédération, l’objectif in fine, n’est pas de « santé publique », c’est avant-tout un problème de relais de croissance. Les ventes de cigarettes baissent, il faut compenser. De plus, les buralistes subissent un effet de levier très négatif, car le tabac est un « produit d’appel ». Ce sont les mots d’un haut responsable de l’industrie du tabac « Quand une personne entre dans un bureau de tabac pour acheter un paquet de cigarettes, elle prend aussi des revues, un jeu, un loto, des chewing-gums… » Effet de bord. Non seulement les fumeurs, devenus vapoteurs, sont partis, mais avec eux, leurs achats « associés ».
Reprendre les fumeurs. Le slogan que l’on trouve en signature sur toutes les vidéos « tuto » de l’opération buraliste de la vape, est révélateur : « Les produits à fumer, c’est chez le buraliste ». La vape étant donc un produit à fumer. Amalgame. Rétrograde. Dans une des vidéos, il est aussi expliqué que vapoter est « une nouvelle manière de fumer« . Alors que les acteurs de la vape s’échinent à répéter « vaper n’est pas fumer », que le mot « vape » à force de persévérance commence à pendre le dessus sur « cigarette électronique », non, les buralistes font de la résistance, vaper, c’est fumer ! Donc, si tu vapes, t’es fumeur, tu va chez le buraliste. Point ! Le fumeur vache à lait doit revenir (ou rester) au bercail !
Que de questions, que de débats…
Faut-il jeter la pierre aux quelques buralistes qui essaient de vendre la vape sérieusement ? Car oui, ils me le disent sur ma page Facebook, certains ont constitués de jolis rayons, bien complets, il y a des buralistes qui vapotent, j’en ai même croisé au Vapexpo qui ont embauché un salarié pour s’occuper de la vape. Comment mesurer leur véritable « sincérité », proposent-ils vraiment à tous leurs clients fumeurs d’essayer la vape ? Si oui, ont-ils un objectif daté pour ne plus vendre de tabac ?
Faut-il jeter la pierre aux fabricants de liquides qui cherchent à s’implanter chez les buralistes ? Est-il préférable de laisser ce « sous-marché » à l’industrie du tabac ? Je pense ne pas me tromper en affirmant que ni les défenseurs d’une vape de qualité, ni les buralistes, ne souhaitent que l’industrie du tabac devienne acteur majeur sur ce marché…
Finalement, combien de personnes ont arrêté de fumer en achetant leur premier matériel chez un buraliste ? Combien ont ensuite fait la démarche d’aller par la suite dans une vraie boutique spécialisée ? A contrario, combien de fumeurs sont restés fumeurs en testant un mauvais matériel et sans bénéficier de bons conseils dès le début, primordial pour « switcher » ? Est-ce mesurable ? Impossible…
Vendre le poison et l’antidote, et s’estimer légitime. Ça rend quand même perplexe. D’autant que le président de la confédération fait tout pour entretenir l’amalgame. Citons à nouveau « A l’avenir, nous aurons trois linéaires tabac : les produits classiques, la cigarette électronique et le tabac chauffé. »
Qui a construit le marché de la vape en France ?
Il y a donc actuellement « bataille » sur la légitimité à vendre de la vape. Les commerçants spécialisés d’un côté. Ils sont là depuis de nombreuses années, ils ont défriché le marché, éduqué les consommateurs, ils ont essuyé les plâtres face aux réglementations. Et finalement, avec 2 à 3000 boutiques qui maillent le territoire, ils ont créé le plus grand réseau français de réduction des risques, toutes substances confondues. Pas moins !
Et tout cela avec des moyens ridicules, sans aucune aide, plutôt que des bâtons dans les roues. Commerçants, fabricants, consommateurs ont construit le marché, des normes sont en place et se développent, la qualité générale des produits, matériels et liquides ne cesse de progresser grâce aux acteurs de la vape.
De même sur les « bonnes pratiques » pour faire démarrer des débutants, que ce soit dans boutiques ou dans les réseaux sociaux. Tout cela relève de l’implication, de l’engagement et du travail du « monde de la vape ». Ils ont fait le job avec abnégation, persévérance et endurance malgré toutes les embûches semées par tous les « adversaires », y compris les anti-tabac, ce qui relève de l’irréel…
Tabac en France, le monopole qui tue
De l’autre côté, il y a les buralistes. Une corporation qui ronronne depuis des années sur un monopole insensé et une prévalence tabagique dans le pays qui bat des records. Avec 34%, la France est N°2 en Europe. Du délire ! La situation de monopole a créé un rapport de force intolérable avec l’état. Même les anti-tabac leur lèchent les bottes. Comment ne pas penser que ce monopole est directement responsable du nombre incroyable de fumeurs en France et des dizaines de milliers de morts prématurées qui s’en suivent.
Si les clopes étaient en vente dans les grandes surfaces, c-à-d chez des commerçants pour qui le « business » n’est pas vital, les lois, notamment la vente aux mineurs, seraient bien mieux respectées. D’autres mesures seraient très faciles à prendre, et très certainement sans résistance, que ce soient les augmentations de prix ou autre chose. En Angleterre, les paquets de cigarettes sont cachés dans des placards et il n’y a aucun signe extérieur pour les revendeurs. C’est une réalité dans de nombreux autres pays.
Face à des mastodontes de la distribution, les industriels du tabac auraient sans doute beaucoup plus de mal avec certaines méthodes douteuses pour améliorer les revenus des revendeurs (dénoncée dans ce livre) ou placer des produits qui ciblent encore et toujours les jeunes (cigarettes à capsules, cigares aromatisés…). Alors que la publicité pour le tabac est interdite, l’enseigne carotte, lumineuse h24 la plupart du temps, est repérable partout. Le bureau de tabac est (avec la pharmacie et sa croix verte) le premier commerce que l’on repère dans le moindre village. C’est sans doute une des « marques » les plus connues, y compris chez les enfants, même les tout-petits. Qu’est-ce qui justifie encore aujourd’hui le maintien de cette enseigne ?
Le pouvoir de la confédération des buralistes est stupéfiant. Pour parler lutte contre le tabagisme, la ministre de la santé discute avec qui ? Les buralistes. Ils ont été reçus trois fois déjà depuis sa nomination. Pendant ce temps, les professionnels de la vape ont porte close, même les associations sans but lucratif ne sont pas reçues.
Et les subventions ! La profession des buralistes perçoit depuis des lustres des centaines de millions d’euros pour « palier à la baisse des ventes » ou pour se « reconvertir ». (voir l’avis de la cours des comptes : 2,6 milliards d’€ entre 2004 et 2011, et pourtant on a toujours 34% de fumeurs en France) Combien de professions en touchent autant ? Est-ce que les commerçants des centre-villes sont aidés pour faire face au e-commerce, est-ce que les petits boulangers sont aidés pour résister aux grandes chaines qui s’installent dans les périphéries ? Combien de professions ont dû se transformer et évoluer pour survivre sans la moindre aide ?
Tout dernièrement, un nouveau protocole d’accord à été signé pour la transformation du réseau de buralistes, avec à la clef un nouveau « fond » de 100 millions d’€. Transformation ? Aide financière ? Offensive des buralistes sur la vape ? Osons le raccourci… Est-ce que l’état finance et subventionne les buralistes pour « reprendre » le marché de la vape, à défaut de pouvoir leur accorder un nouveau monopole ? Ça rappelle méchamment le « deal » paquet neutre contre gel des prix de l’ère Hollande / Touraine…
Et au fait, quelles aides, quelles subventions pour les boutiques de vape ? Rien, nada. Pas la moindre reconnaissance pour les millions de fumeurs qui sont déjà sortis du tabagisme, même pas un simple RDV au ministère de la santé. Que de mépris : alors qu’ailleurs le rôle des commerçants spécialisés dans la vape est reconnu. Souvent parties de rien, il leur est même parfois très difficile de trouver des financements auprès des banques pour quelques milliers d’euros. Tout ça à cause du climat anxiogène qui règne sur la vape et qui est entretenu par le déni et le dédain des autorités de santé. Les buralistes ont-ils autant de mal à emprunter pour leurs travaux quand ils se refont un joli magasin ?
Combat inégal. Mais le client est roi…
L’offensive buralistique sur la vape est donc à marche forcée depuis quelques mois. A n’en pas douter, vu les nombreux RDV avec le gouvernement (Bercy est également un interlocuteur très privilégié), ils ont vraiment dû quémander le monopole sur la vente des produits de la vape.
Le marché est donc bien mûr et ils débarquent comme des fleurs pour faire la récolte. Mais sans avoir participé à la construction, en mode coucou, ce petit oiseaux flemmard qui va nicher chez les autres. Ils veulent donc « reprendre » et retenir leurs fumeurs, et tentent par tous les moyens d’assoir une légitimité. Méthode Coué. Et ne supportent pas la critique sur la méthode.
Les commerçants spécialisés dans la vape ont des années d’avance. Cette nouvelle concurrence (la concurrence a des vertus) ne peut être que stimulante pour continuer à progresser et justement garder de l’avance. Mais surtout, ses 10 années passées où le marché s’est construit sans les buralistes, ont permis de faire émerger une vraie identité : les boutiques de vape. C’est un commerce et un métier identifié, et ça c’est gagné.
Si un buraliste peut effectivement tenter de convertir tous ses clients à la vape (imaginons…), un fumeur lambda qui décide de tester le vapotage se mettra très certainement en quête d’une boutique spécialisée, par réflexe. Les vapoteurs, souvent évangélistes, conseillent aussi les boutiques de vape, jamais les bureaux de tabac. Il y a 2 à 3 millions de vapoteurs en France, autant de personnes qui conseillent les spécialistes, souvent par conviction.
A ne pas avoir su « prendre » le marché de la vape dès le départ, les buralistes ont adressé un message : on n’y croit pas, c’est pas bon pour notre business, on n’a pas envie de vous aider à vous en sortir en vous proposant quelque chose de nouveau. Car effectivement, ils sont les mieux placés, les fumeurs passent tous les jours dans les civettes. S’ils l’avaient vraiment voulu, il y aurait 2, 3, 10 fois plus de personnes sorties du tabagisme grâce à la vape. Pour vapoter, les fumeurs n’avaient pas d’autres solutions que d’aller chercher une boutique spécialisée. Et heureusement qu’elles ont été là !
Au final, ce sont les consommateurs qui décideront, qui jugeront. Aux boutiques de bien faire leur travail et que fonctionne le bouche à oreille, c’est la meilleure des pub. C’est même la seule pub possible, parce qu’en France, les autorités ont fait du zèle. Alors que la TPD ne l’exigeait absolument pas, toute publicité et « propagande » sont interdites pour le vapotage. Oui, il est interdit de faire la « promotion » d’une solution qui permet de réduire le tabagisme, et par conséquent les ventes de cigarettes. Ces « tueuses » que vendent encore et toujours les buralistes, même ceux qui vendent de la vape.
Les buralistes peuvent tenter le coup, ils sont maintenant au pied du mur. On est dans un pays libre, marché libre, libre concurrence. Contrairement au tabac, il n’y aura pas de monopole sur la vape, ni pour les uns, ni pour les autres.
Le président des buralistes veut la guerre. Alors que les meilleurs gagnent. À chacun de fourbir ses armes. Pour l’instant, la sincérité et l’engagement pour les fumeurs, je crois bien voir où elle se trouve. Et dans le combat de David contre Goliath, c’est pas le géant qui a gagné. Il y a parfois des combats de trop et trop présomptueux…
Pour finir…
Ces dernier jours, j’ai lu « l’argument » d’un buraliste à qui un vapoteur reprochait de vouloir « prendre » le marché de la vape tout en continuant à vendre des cigarettes : « Ce n’est pas moi qui force les fumeurs à rentrer dans mon bureau de tabac pour acheter des clopes, ce n’est pas moi qui les force à fumer. »
Et devenir buraliste pour vendre des tueuses à ses clients, c’est un choix forcé ?
Mais comment se fait t’il que les boulangers ne vendent toujours pas d’assurances automobiles, c’est inacceptable non?
Il y a très longtemps que ton banquier t’assure, que ton pharmacien fourgue du parfum à ton épouse, et que tu achètes en douce un »tit bière à ta station service en prétextant un plein …..
Hi hi hi.
6 semaines sans tabac, juste avec ma clopinette à vapeur.
Toute seule, en sortant d’une grave op.
Pourvu que quicoun m’explique, …., d’autres saveurs que blond virginie.
Zed,
On va pas se mentir, j’ai moi-même été ton client pendant 35 ans, je ne le renie pas, et j’ai même aimé ce « chemin » emprunté pendant si longtemps, mais ce n’était simplement pas le bon.
Que tu le veuilles ou pas, tu n’es pas un « simple commerçant » essayant de diversifier son commerce de proximité. Tu es aussi un « agent de l’Etat », habilité à percevoir des taxes qui n’ont rien à voir avec une « simple » TVA. S’il ne s’agissait que de timbres amendes, nous n’aurions même pas cette conversation. Mais voilà, tu vends du tabac. DU TABAC. Genre de produit qui, s’il sortait aujourd’hui, (comme par exemple l’aspirine causant des hémorragies internes) serait interdit de vente. Motif: dangereux pour la santé. Mais comme il génère historiquement des profits colossaux, il continue à être en vente libre, même s’il tue prématurément ses consommateurs. Quel que soit l’éclairage arbitraire que tu pourrais donner à ton activité, tu vends « accessoirement » un truc qui tue les gens, et avec la bénédiction des plus hautes institutions qui vous encadrent et vous soutiennent. Admets-le, ton commerce n’a rien à voir avec une boulangerie ou une boutique de chaussures. Et à ce titre, tu fais également partie (là aussi, que tu le veuilles ou pas) d’un … « club » dirigé par un président qui a ses petites et grandes entrées à la Santé et à Bercy. Un président qui, non content de s’arroger le titre « d’acteur en santé publique », a le culot/inconscience de déclarer publiquement je le cite: « vouloir REprendre » un marché … qui ne lui a jamais appartenu. Là encore, avoue que dans le fond et dans la forme, ce genre de déclaration est plus que discutable. Ce Monsieur « à la moralité en travaux » n’a probablement pas été « élevé », il a visiblement juste été nourri.
Mais à proprement parler et dans l’absolu, ce n’est « techniquement » pas à « vous buralistes » que, pour faire très court, on pourrait facilement et à juste titre en vouloir, c’est plutôt au système et aux pouvoirs publics qui vous soutiennent.
Si on fait rapidement l’historique de la Vape, le début était chaotique, elle n’était pas techniquement très au point et elle passait pour une énième « mode » passablement dénigrée et vouée à disparaître comme toutes les autres. Seulement voilà, ça ne s’est pas passé comme « prévu », elle a eu un succès sans cesse grandissant, cette Vape, mûe simplement par à la fois son analogie à la clope, mais aussi et surtout par son « innocuité » par rapport à celle-ci pour un plaisir similaire. Une Vape constituée d’un esprit et d’une philosophie située à des années lumière du simple entendement d’un président de confédération
Et là, brutale prise de conscience des pouvoirs publics, en France comme au niveau européen: Bigtobacco et BigPharma sont en danger! Catastrophe! S’en suivent toutes les vagues de dénigrement à tous les niveaux, mise en place européenne de lois d’encadrement drastiques et de directives démesurées avec refus notoire et délibéré de dialoguer avec les principaux intéressés et acteurs de la première heure, à savoir … NOUS.
Et malgré les recherches frénétiques et affolées (fomentées par les plus hautes instances) d’un éventuel « grave danger avéré, identifié, vérifié et pouvant entraîner des dommages irréversibles », il n’a été « trouvé » qu’un prétexte « d’exemplarité » ou qu’un « geste de séduction ou d’appartenance à un groupe » pour justifier une réglementation inique concernant un produit de conso courante …
Et aujourd’hui, maintenant que contre toute attente la Vape est bien installée, et que malgré un perpétuel discrédit/dénigrement d’Etat accompagné d’un encadrement sévère elle semble tenir ses promesses en termes d’efficacité et de réduction des risques (son moteur principal), ces Messieurs les Grands Décideurs non seulement vous reçoivent à plusieurs reprises, mais ont le culot de vous conseiller de vous y mettre. Cerise sur le gâteau, il n’est nul question de santé publique, mais de compensation de perte de chiffre. Encore une fois, on est à des années lumière de « l’esprit Vape » initial. Et je ne parle même pas du concept « poison/antidote » vendu au même endroit.
Et NOUS, principaux acteurs du phénomène (pour ne pas dire seuls et uniques), on attend toujours à la porte de Mme Buzyn comme naguère, à celle de Marisol Touraine (MST pour les intimes) qui, au passage, a trahi dans les grandes largeurs la cause pour laquelle elle était supposée se battre.
Donc en l’occurrence, très cher Zed, comprends bien que n’importe qui apprécierait « moyen » la plaisanterie.
Quant aux côtés techniques/compétences/formations de la spécialité, c’est un autre débat.
Je vais me risquer à répondre à votre article, non pas en tant que buraliste, mais en tant que commerçant. Je fais parti de ces buralistes qui proposent un joli linéaire de vape ainsi que du conseil avisé.
A ce titre, je voudrais apporter des éléments au débat, et en aucun cas l’envenimer. Je pense qu’il faut arrêter de prendre les buralistes et les shop spécialisés pour 2 réseaux distincts. Il y autant de disparité entre mon commerce et celui d’un autre tabac qu’un shop et un autre shop spécialisé : politique de prix, investissement personnel, professionnalisme, choix des liquides, choix du matériel, espace dédié, franchisé ou non, etc…
Par bien des égards, je ressemble plus à un shop spécialisé sur ma partie vape qu’à une civette traditionnelle. Conseil personnalisé, large choix, recommandations de sécurité, précautions d’emploi, informations sur les différences fondamentales entre fumer et vaper (notamment sur le mode de diffusion dans le sang), explications sur les différentes options qui existent comme le sel de nicotine, etc…
A ce titre, je me définis comme un professionnel de la vape avec les spécificités qui sont propres à mon point de vente. Dernièrement, je visitais un shop spécialisé avec lequel je m’entends bien, il proposait des T-shirts avec des motifs déjà faits ou avec une décoration à la demande. Je trouvais l’idée de diversification très bonne, pour autant, je n’allais pas l’accuser d’être moins « pro ». Il est normal de vouloir se diversifier en tant que commerçant pour pérenniser son affaire. D’autres shop proposent du snacking (produits industrialisés, sucres raffinés, etc… mais ça n’est pas le débat), j’ai trouvé l’idée géniale.
J’aimerais cependant revenir sur certains points afin d’apporter mon point de vue :
– ça n’est pas le monopole du tabac qui maintient un taux de fumeurs aussi élevé.
Je m’explique, la profession de buralistes a connu plus de 8 000 fermetures en 15 ans et les volumes (ce qui est confirmé par le récent passage à 8€, chez moi inclus) ne cessent de chuter dans nos points de vente. On pourrait alors se réjouir de notre politique de santé. Sauf que… ça ne marche pas ! On a le taux de fumeurs le plus élevé parmi les « grands » pays européens faute d’une politique de santé cohérente (campagne ciblé auprès des femmes ? campagne ciblée auprès des jeunes ?) et d’une contrebande galopante.
Pour ceux qui habitent aux frontières, je n’en parle pas, à Paris, rendez-vous à Barbès pour vous en rendre compte. Je vis en banlieue parisienne, tous mes épiciers proposent du tabac importé illégalement.
C’est bien beau de vouloir imposer des prix du tabac pour limiter sa consommation mais s’il n’y a pas un effort en conséquence apportée sur le plan des douanes et de la législation par rapport à la contrebande, on va conserver ce haut niveau de fumeurs pendant encore quelques temps.
– Je suis placé au centre de Paris, je vais voir chuter ma consommation tabac parce que ma zone de chalandise va fortement changer. Je ne pense pas recevoir une quelconque aide, comme je n’ai reçu aucune aide de l’état lors de ma prise de fonction (je suis buraliste depuis 9 mois maintenant). Pour autant, pendant ce laps de temps, j’aurai déjà convertie une partie de ma clientèle à sauter le pas vers le vapotage, pour certains, complètement à force d’efforts, de conseil et de professionnalisme (insister pour faire tester de nouveaux goûts alors que les gens sont pressés). Je suis comme tout le monde, je n’ai que 2 bras, j’ai construit mon commerce à la sueur de mon front, pas avec l’aide de quiconque. Depuis que j’ai repris mon commerce, la part du tabac n’a eu de cesse de chuter dans mes bénéfices parce que tout le reste est monté (non pas la vape principalement). Alors que je ne dépends plus du tabac pour vivre (et plutôt confortablement), j’ai fait le choix de me jeter corps et âme dans la vape parce que ça me semblait être de ma responsabilité de proposer des alternatives à la cigarette vers la réduction de risques ainsi que la meilleure protestation possible envers un gouvernement qui ne veut rien entendre de mes arguments.
Aujourd’hui, ce métier dans le métier, devenu une passion (je vapote moi-même sur un Dead Rabbit ou un Siren 2 selon les saveurs, le tout monté sur une box revenger ou Asmodus Colossal) me permet aussi de protester contre la politique de santé de notre pays. Je n’ai jamais pousser quiconque à fumer, par contre, je suis pour de véritables campagnes de prévention du tabac auprès des jeunes et des femmes qui représentent la majorité des nouveaux entrant dans le tabagisme.
Dans un 2e temps, je suis extrêmement favorable à une évolution du marché de la vape vers le modèle anglo-saxon (plutôt que le modèle italien, belge ou suisse). Pour cela, il faut que l’ensemble du marché de la vape (fabricants, buralistes, shop, sites informatifs, autres) se comporte comme de vrais professionnels. Ce serait dommage de tuer le projet dans l’oeuf. Vous le savez comme moi, le marché de la vape en France n’en est qu’à ses débuts.
Par exemple, hier soir, je tombe sur un article du vaping post parlant du nouveau site des « buralistes de la vape » (sur lequel, je rejoins votre point de vue) au milieu duquel je trouve de la publicité illégale sur le vapotage de Vapoclope, et je cite le gros titre de la publicité « Les petits prix de Vapoclope ». Voici le screenshot réalisé depuis mon téléphone : [les liens ne sont pas autorisés dans les commentaires à cause du spam]
2 choses :
Il est interdit de faire la publicité
Il est dommage d’appuyer son attractivité que sur le prix. Le prix n’est qu’un des moyens de se démarquer, souvent, le plus simple mais aussi le moins rentable. Quid de la qualité ? Du SAV ? Du conseil ? Tout cela constitue d’autres axes de communications;
Je suis le premier à reconnaître que le réseau des buralistes dans son ensemble n’apporte pas le dixième d’attention que requiert le métier de vendeur de vape, mais il est présomptueux d’annoncer que les shops qui ont survécu sont majoritairement « sérieuses ». Je suis en plein centre de Paris, il suffit que je me promène un peu pour voir des effractions à tout va : produits visibles depuis l’extérieur (interdit par la loi, promotion de la vape), cartes de fidélité (interdit, promotion de la vape), remise de prix si plusieurs articles achetés (interdit, promotion de la vape), devanture surchargé de noms de marques (interdit, promotion de la vape), etc… J’invite tout sceptique à venir me voir et on fera le tour ensemble de mon quartier et à constater d’eux-mêmes de ce que j’avance.
Après, ça n’est qu’un petit échantillon de magasins, peut-être que la grande majorité n’est pas comme cela. Mais j’ai du mal à ce qu’on stigmatise une catégorie socio-professionnelle plutôt que les commerçants de la vape ne respectant pas la loi tout court (quelque soit leur bord, j’ai fait la remarque, il n’y a pas longtemps à un buraliste que l’appellation « e-cigarette » sur sa devanture était interdite) : buralistes ou non.
La semaine dernière, un client arrive et me dit « à côté, ils m’offrent la 6e fiole quand j’en achète 5 ». Alors, les pro shop vont être contents, parce que ce client, je l’ai envoyé bouler (du coup, il restera client de cette boutique) :
1) on n’est pas au marché, je propose plus de 80 saveurs en test (principalement sur du melo 4) ainsi que tous les appareils qui sont vendus chez moi (ça va de l’Aio Eco à du bottom feeder en méca ou non). A ce titre, je suis un des plus chers professionnels de la vape de mon secteur, et j’assume ce prix fort parce que le service de qualité se paie
2) totalement interdit, promotion de l’acte de vapoter
Quand je lui ai demandé si c’était un shop spécialisé ou un bureau de tabac, on me répond « shop spécialisé ». Le nom commence par V, il y a un S au milieu pour les curieux.
Je ne suis que commerçant et chacun est indépendant. Je ne vais pas courir après les uns et les autres pour leur tirer les oreilles parce que je n’en ai pas l’autorité ni le temps et ni l’envie.
– sur l’argument purement profit (buralistes) vs santé (shop spé), je ne conçois pas cela comme ça du tout. C’est un relais de croissance pour n’importe quel type de commerce (et je pèse mes mots), les buralistes ne couraient qu’après la rentabilité mais les shop s’en fichent ? Je ne reviens pas sur toutes les effractions vues plus haut, mais n’importe quel commerce cherche à être rentable. Il serait étonnant que les patrons de franchises qui parlent de centaines d’ouvertures dans les années à venir ne soit pas motivés par cela. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose ou qu’ils sont motivés que par cela, mais ils le sont comme n’importe quel autre humain. Sinon cassons nos marges et divisons les prix par 2 ou par 3 et travaillons gratuitement puisqu’il ne s’agit que de « santé publique ». Vous comme moi connaissons les prix d’achat (surtout sur le liquide où les marges sont plus intéressantes), il serait dans l’intérêt de personne que cela arrive afin de garantir une pérennité du métier.
Par ailleurs, je constate qu’une grande partie des shops cherchent à s’installer juste à côté de ces fameuses carottes. Par contre, dans un village de 1500 habitants, à part le bureau de tabac, il n’y a plus aucun commerce. Pourtant, il reste des fumeurs à convertir à la vape alors pourquoi pas de boutique spécialisée dans ce cas là ? Problème de rentabilité ? Pourtant, je vois des bureaux de tabac s’investir avec professionnalisme dans la vape dans ces villages.
Alors ne vaut-il pas mieux accueillir dans cette grande famille de la vape tous les acteurs convertis à sa cause et convaincus de la réduction de risques qu’apporte le vapotage ? Ou est-il préférable de fermer la porte à certains acteurs tout en sachant que certains lieux ne seront jamais investis par un autre commerce que le tabac en place ? Tout ça pour du protectionnismes et protéger sa rentabilité et son profit au détriment de la santé publique ? A chacun de répondre à sa manière, la mienne est claire : tout commerçant professionnel investi dans son métier sera un confrère de qualité et je le traiterai avec toute la courtoisie et l’amitié qu’il m’est possible de lui étendre.
J’ajoute que vouloir absolument fermer les portes à une certaine catégorie de profesionnels pourrait être contre productif à l’avenir. Un bureau de tabac qui n’arrive pas s’équiper comme il faut faute du blocus en place, proposerait des produits potentiellement non adaptés à un client cherchant à se mettre au vapotage. Ce client, par la suite, dégoûté par la vape retournerait fumer ses cigarettes exclusivement et il sera perdu pour des années pour l’ensemble du marché de la vape. Alors que s’il aurait été converti, au gré de ses déplacements, il continuerait de s’approvisionner ci et là pour du liquide, bureau de tabac ou non.
C’est d’ailleurs pour cela que je me suis insurgé contre Leclerc qui avait pu obtenir les Alfaliquids en les proposant à prix cassé, non pas que le produit de vapotage ne doit être accessible au grand public (cela n’a pas été évoqué dans votre billet), mais parce que je suis convaincu que la vape est un métier qui doit être accompagné de conseils personnalisés, ce que ne peut pas offrir une grande surface.
– David vs Goliath : c’est bien David qui gagne à la fin et ça me conforte dans ma démarche. Je m’explique, les 2 000 boutiques spécialisées constituent la majorité du marché de la vape, elles font blocus contre les buralistes pour empêcher le référencement de certaines marques pour faire du protectionnisme malvenue. J’ai du en passer des embûches pour proposer une offre complète. Combien de fois j’ai du faire preuve de mon professionnalisme et mon expertise pour rassurer les marques et toutes n’ont pas toujours voulu m’ouvrir leurs portes parce que les pressions exercées sur elles sont trop fortes. Fort heureusement, cela ne concerne plus qu’une minorité d’entre elles après l’abnégation dont j’ai pu faire preuve.
Cela dit, ça ne m’empêche pas de travailler avec les marques que je veux, je ne passe simplement pas en direct avec certaines d’entre elles, voilà tout. Cela m’a permis d’établir une relation de confiance, on me file du matos en avant première pour avoir mon retour professionnel là-dessus : que ça soit au niveau du liquide ou du matériel ( ex : freemax de fireluke, ijust 3). Mais tout ça, il a fallu me battre seul pour l’obtenir sans l’appui de quiconque et partir avec déficit d’image dès le départ avant même que l’on me rencontre.
Je suis tout à fait d’accord avec vous, la vape en est là aujourd’hui grâce à l’ensemble des acteurs qui ont constitué son histoire : boutiques, forums, sites tel que le petit vapoteur (dont la réputation n’est plus à faire, vu le travail colossal, on ne peut que le saluer) et YouTube. Le marché est porteur et il pourrait constituer un avenir durable, d’où la multiplication des entrants sur ce secteur. La concurrence saine apporte son lot de bienfaits : les professionnels de la vape autour de moi m’obligent à offrir une meilleur service (être au courant des dernières news tel que la FDA voulant bannir les saveurs, l’étude des chercheurs italiens portant sur 3,5 années portant sur des vapoteurs non fumeurs vs des nons fumeurs, non vapoteurs mais aussi des nouveautés comme la tendance du mesh coil sur les subohm tanks cloud chasing), un plus large choix de matériel, de liquide et du conseil personnalisé.
Le marché de la vape est libre en France, sachons le conserver et lui donner l’avenir qu’elle mérite.
M. Sébastien BEZIAU, je reste à votre disposition si vous souhaitez discuter davantage du sujet, sur Internet ou en personne.
Tu n’est plus tout à fait un buraliste…
Bonsoir Zed, réponse tardive, mais réponse promise. Merci à nouveau pour l’effort à échanger avec courtoisie. Vous pouvez lire cet article qui n’est pas de moi, mais auquel j’adhère, ce qui me fait gagner du temps sur de nombreux points : https://fr.vapingpost.com/debat-buralistes-vape-et-vapyou-la-reponse-du-vaping-post/. Par ailleurs, sachez que vous être très mal renseigné sur la réglementation, il n’est pas interdit d’exposer des matériels en vitrine, ni de « faire un prix » 4 fioles pour le prix de trois, c’est juste un meilleur prix, pas un cadeau 100%, donc rien d’illégal, de même que les cartes de fidélité. Pour les sites Internet où on trouve de la pub, s’ils ne sont pas basés en France et que leur audience est internationale, ça passe aussi. Je regrette seulement que certains aillent ouvrir leurs espaces publicitaires à l’industrie du tabac.
Je salue également votre volonté d’essayer de bien faire, mais sans admiration outre mesure, comme vous l’expliquez très bien, vous reposez le développement de votre activité sur le fond de commerce du tabac. Comme je l’explique dans mon article, vous faites du relais de croissance. Rien à voir avec les commerces de vape qui n’ont que la vape, et pas le temps de faire autre chose. Pour moi, c’est un peu comme vendre des mines anti-personnel, et parallèlement développer un business de béquilles et de prothèses. Le beurre et l’argent du beurre, manger à tous les râteliers. D’un point de vue éthique, vendre des clopes, être buraliste, ça me dépasse, et ça me dépassait déjà quand j’étais fumeur. Alors se servir de la vape pour se racheter une conscience, je trouve cela moralement indécent. Avis perso.
Est-ce que les buralistes sont seuls à pouvoir assurer l’essor de la vape en milieu rural ? Bien sûr que non. Premièrement, à mon égard, il ne sont pas plus « légitime » que n’importe quel autre commerçant. Deuxièmement, je connais des boutiques qui se développent en milieu rural, et qui « couvrent » plusieurs villages, qui ouvrent des points de vente en réfléchissant très bien à leur implantation. Et troisièmement, il existe de nombreux sites Internet qui assurent un bon service. Même si c’est plus compliqué quand on a pas une boutique à proximité, les nombreux groupes dans les réseaux sociaux sont très efficaces pour assurer le conseil 24/7.
Pour finir, il faudrait quand même balayer devant votre porte. Ni hier, ni aujourd’hui les acteurs de la vape n’ont souhaité déclarer la guerre aux buralistes. C’est bien votre nouveau « patron » qui déclenche les hostilités avec un vocabulaire et des injonctions guerrières qui ne laissent aucun doute sur son programme : « reprendre le marché de la vape ». Forcément ça agace tout ceux qui se sont battus et se battent encore pour l’essor d’un véritable miracle pour la santé publique. Et voir une corporation largement responsable du fléau, se proclamer acteur de santé publique et se prétendre seule légitime à commercialiser la vape, c’est quand même stupéfiant. Voir certains buralistes sur ma page Vapyou venir chouiner parce que les vapoteurs sont des méchants en osant critiquer cet attitude invraisemblable, en osant critiquer le déni de l’état pour les pro de la vape et son soutien évident aux buralistes, là c’est vraiment le pompon. Franchement, les buralistes avaient un boulevard pour prendre le marché, une opportunité inespérée pour se sortir des griffes de l’industrie du tabac, mais ils ont complètement raté le coche. Cette manière de vouloir « reprendre » ce qu’il n’ont jamais perdu démontre encore une fois leur manque d’imagination, cette profession n’a absolument pas l’âme entrepreneuriale. Sans doute la résultante de cette position monopolistique qui les a toujours protégé. Sincèrement, l’effet Kodak vous guette vraiment, car les acteurs de la vape ne lâcheront rien, même si certains d’entre vous s’en sortiront, il faudra pour cela se résoudre à prendre de vrais risques. Car franchement, pour cotoyer des milliers de vapoteurs dans les réseaux sociaux, ne plus mettre les pieds chez le buraliste, rompre cette « relation » est très souvent un des moteurs et un des marqueurs très fort de motivation pour réussir sa sortie du tabagisme. Et ça, vous aurez beau essayer de vous accrocher aux branches, vous n’y pourrez rien.
PS : j’ai « validé » votre commentaire, il avait été modéré automatiquement car les liens externes sont interdits (à cause du spam).
Merci pour les éclaircissements que j’ai pu obtenir.
Je précise un peu mes propos, quand on achète 5 fioles achetées chez moi, la 6e fiole nicotinée n’est pas offerte. Je n’ai pas d’offre “5+1” ou de ce type affiché chez moi. Je ne dis pas que ça n’existe pas dans le réseau buraliste ou ailleurs, je dis que je ne le fais pas. De la même manière qu’un client qui m’achète un paquet de cigarettes ou une cartouche, je ne lui ferai pas 1 centime moins cher son briquet. Ca serait assimilé à de la promotion de l’acte de fumer que la promotion porte sur les cigarettes ou non.
Après, je ne comprends pas toujours l’amalgame qui veut être fait entre un simple buraliste (je n’ai aucun mandat, je ne représente personne à par moi-même, j’ai commencé ce métier il y a 9 mois) et les propos de mon “patron”. J’ai toujours cru être mon propre patron, mais bon… passons (c’est comme dire que le Président Macron, bien que représentant tous les Français, puisque c’est notre Président, est l’image exacte des habitants du pays). Comme dit chez Vaping Post, je ne parle qu’en mon nom, je n’ai pas de chiffres ou de faits sur lesquels m’appuyer pour décrire l’ensemble du marché de la vape chez les buralistes ou les magasin spécialisés.
On reproche de manière générale une peur de casser les prix, Vaping Post me dit que je suis cher. Sur ce point là, apparemment, ça n’est pas chez moi qu’il faudra chercher. Cher ou pas cher, on ne peut pas plaire à tout le monde, je n’ai vocation qu’à plaire à mes clients. Par rapport aux marques qui m’ont fait confiance, je trouve aussi que c’est la moindre des choses. Sur ça, une partie de l’industrie aura ma gratitude. Pour le reste, c’est la vie.
J’entends bien que pour les shops spécialisés, la vape constitue l’essentiel de leur CA, tandis que chez moi non (ni le tabac d’ailleurs) qu’elles doivent être ou sont plus légitime.
Un magasin spécialisé de la téléphonie ne sera pas plus légitime que la Fnac pour vendre des iPhones. Sans doute (tout ça reste extrêmement théorique), qu’elle sera de meilleur conseil, peut-être que ça serait l’inverse. Tout ça, c’est le travail de chacun, faire valoir sa plus value par rapport à la concurrence. Lorsque celle-ci est saine, ça tire tout le monde vers le haut et le consommateur en est le bénéficiaire.
Les shops spécialisés ont une meilleure image à l’heure actuelle ainsi qu’une spécialisation qui leur permet de faire valoir cet atout. Dans un marché libre et la vape l’est, j’essaie de convaincre mes clients de mon expertise également. Ca n’est pas parce que mon offre est plus réduite qu’une bonne partie de ce qui peut exister (j’ai un tout petit commerce) que je n’ai pas pas de légitimité en tant que professionnel de la vape. Je développe la vape pour mes raisons propres (déjà mentionné dans mon premier message), je suis commerçant, donc oui, c’est un relais de croissance. Mon but est de proposer l’offre qui me semble la plus cohérente en rapport avec ma zone de chalandise et de proposer le meilleur service qu’il m’est possible d’offrir. Pour le reste, je fais la même chose concernant mes autres activités sur mon point de vente. C’est ma manière de travailler et je ne vais surtout pas cacher que la rentabilité de mon commerce est importante pour moi, comme elle doit l’être pour tout entrepreneur qu’il soit. La rentabilité assure la pérennité du service. Je n’ai aucune conscience à me racheter, je vis très bien. Sinon, on peut parler de pollution, d’agro alimentaire et j’en passe et des meilleurs. Je fais plus de 13 000 km de vélo par an (j’ai toujours mes données Strava 2016-2017 si ça intéresse), il m’est arrivé de me rendre au travail en courant (8 km aller et 8 km retour, pas grand chose en soi), je mange quasi vegan, non pas pour des raisons sanitaires, mais par soucis environnemental (au risque d’être pris pour un fou par une grande partie de mon entourage). Les flacons 10 ml TDP ? Oui, ça m’emmerde par soucis écologique pas économique (c’est encore pire pour les cigarettes et tout ce plastique). Alors pour l’examen de conscience, je repasserai. Ca me dépasse aussi les gens qui consomment des produits laitiers, des aliments industriels à sucre raffiné (nutella, huile de palme, conditions de fabrication du chocolat, etc…), des produits alimentaires à base de protéines animales ou se déplacent en véhicule motorisé pour des trajets de moins de 2 km, mais c’est le cas. Je ne dis pas être parfait, loin de là, je fais un métier extrêmement polluant, et ça me navre, j’ai même cherché une compagnie avec laquelle travailler pour recycler les fioles vides (pas trouvé, si vous en avez une, je suis toute ouïe si tant est que vous voudriez partager cette information écologique). Après, il y a une limite à ne pas dépasser, je ne juge pas le style de vie de mes compatriotes, je fais ce que je peux à mon niveau en faisant ce que je crois être juste.
Je le redis, la rentabilité assure la pérennité.
Je ne demande aucun traitement de faveur, si je me plante et que je coule, tant pis pour moi, ce sont les risque inhérents liés à l’entreprenariat. Oui, il existe des aides, etc… mais ça ne s’applique pas à mon commerce. Je doute que le fond de 100 millions soit accordé à un tabac situé en plein coeur de la capitale (surtout que je ne suis absolument pas en difficulté). Que le réseau obtienne des aides qui paraissent ahurissantes, peut-être, après, au-delà de la vape, le tabac représente tout un tas d’autres services. Je fournis tout mon quartier en timbres parce que le bureau de poste a fermé. Ca reste encore un commerce de proximité qui peut avoir un photomaton, une boulangerie, une épicerie, une banque, du transfert d’argent, en majorité de la collecte d’impôts sous forme de cigarettes, timbres fiscaux ou timbres amendes, anciennement à Paris des cartes de parking, une brasserie, des titres de transport, etc… Parfois, ces services deviennent quasiment vitaux dans certaines régions de France, chez moi, j’offre juste un confort à mes clients qui n’ont pas besoin de faire 1 km à pied (j’entends que ça n’est pas beaucoup) pour acheter des timbres.
J’ai fait des choix drastiques pour favoriser la vape : pas de FDJ ou de PMU. Je n’ai pas les chiffres mais ça ne m’étonnerait pas que l’on puisse compter sur les doigts d’une seule main les tabacs ne faisant pas FDJ. Pourtant, j’ai eu des offres et des menaces d’implantation dans mon voisinage. Je leur ai répondu “faites-le”. Ca ne me dérange absolument pas, je n’offre pas ce service, je ne vais pas priver ma zone de chalandise de ce service qui est demandé. C’est aussi le jeu de la concurrence et de la stratégie commerciale, j’en ai adopté une que je pense être gagnante, le futur nous dira si c’est le cas ou non.
A ce titre, je n’aime pas être traité comme la 5e roue du carrosse par certains fabricants à cause du blocus mis en place. On a peur que je casse les prix ? Je suis le plus cher de ma zone. On a peur que je ne propose pas un service à la hauteur ? Tous mes liquides et tous mes appareils sont en test, je mets un point d’orgue à accompagner mes clients du début à la fin en prenant soin de faire du sur mesure et adaptant un langage vape et en demandant à chacun de leur passage leur retour d’expérience. Pas de mot “e cig”, “fumer”, je parle bien plus volontiers de vapoteuse, de vape pour marquer une vraie différence de consommation (à ce propos l’ambiguïté autour du mot fumer/vaper n’est pas le monopole du réseau buraliste, j’ai déjà vu des vitrines où le slogan “smoke different” était affiché). Chaque vapoteur a son profil, ces derniers repartent avec un appareil qui leur sied. Ils vont pouvoir s’immerger pleinement dans leur expérience du vapotage et surtout y rester. Je demande simplement d’accéder aux mêmes conditions le marché de la vape. Pas de passe droit mais pas de porte bloquée non plus. Parce que je considère faire mon métier correctement, pas forcément mieux un autre professionnel, mais pas plus mal non plus. Ca n’a pas à être souligné plus qu’autre chose puisque je trouve ça normal de faire son métier, quelqu’il soit, correctement.
Qu’on me dise “non, je ne peux pas te fournir parce qu’à 20 mètres, il y a déjà un acteur du marché avec lequel on a passé un accord”, à la limite je veux bien comprendre, mais qu’on me rétorque “non parce que t’es buraliste”. Là, je me sens comme David face à Goliath, qu’on me retourne le problème dans les sens qu’on veut, mais à l’heure actuelle, les shops constituent la majorité du poids économique du secteur (et c’est tout à leur honneur) de par leur confiance en ce marché très tôt. Après quelques mois et de la pugnacité, j’ai pu obtenir d’un certains nombres de marques de passer en direct en démontrant maintes et maintes fois mon professionnalisme, mais ça n’était pas sans encombre.
Par ailleurs, je me pose la question du bien fondé de ce blocus. J’en parlais, mais ça n’a pas été relevé, est-il bénéfique pour les marques les plus reconnues pour leur qualité, leur goût ou autre ne soient cantonnés que dans 2000 boutiques (très certainement plus à l’avenir si le législateur nous laisse tranquille) ? Alors, oui j’entends que des shops s’ouvrent en milieu rural, mais de là à me faire croire à un maillage territoriale similaire à celui des buralistes ? Il y a de quoi en douter.
Encore une fois, je ne dis pas chaque buraliste va se mettre sérieusement à la vape, mais c’est le cas de certains qui sont en milieux ruraux où il n’y a rien autour. Est-ce mieux pour ce buraliste de n’avoir qu’un choix limité plutôt que de lui ouvrir le marché, à la fois de l’information pour se former et d’offres de liquides pour proposer une vraie profession de la réduction des risques à cet endroit là ? Oui, j’entends bien qu’il y a Internet, mais tout le monde n’utilise pas ce canal et c’est la liberté de chacun. C’est principalement là où je remets en question ce blocus qui bloque toute une profession sans discernement de compétence et de sérieux.
La vape étant libre, n’importe qui peut se lancer dedans. A partir de là, je préfère faire un discernement entre ceux qui sont vraiment professionnels et passionnés par leur métier et les autres. Je ne suis en aucun cas pour un monopole de la vape, il faut qu’elle reste libre pour son développement parce que le marché français n’en est qu’à ses débuts.
Pour finir, je suis d’accord, l’effet Kodak guette les buralistes, ils doivent se transformer, je l’ai fait avant la vape. J’ai déjà expliqué pourquoi je me mets dans la vape (voir mon premier message). Par contre, j’entends bien, et j’espère bien que les acteurs en place que ça soit un voisin buraliste qui se met dans la vape ou une boutique spécialisée de lâche rien. Je suis compétiteur dans l’âme, j’accueille la concurrence avec joie et ça permet de mieux servir le client final. Dans certains aspects de ma vie, je cherche cette compétition. Mis bout à bout, à mon sens, on arrivera à un meilleur résultat que de catégoriser toute une profession dans une case et vouloir l’y maintenir via un blocus.
A la lecture de votre message, il est évident que vous êtes totalement iconoclaste, au-delà de tous les débats et difficultés entre les uns et les autres, en prenant de la hauteur, si tous les buralistes avaient agit comme vous il y a 5 ans, peut-être que la moitié des fumeurs seraient passés à la vape, et seraient surtout devenu non-fumeurs. Si vous étiez président de la Confédération, vous auriez exigé la présence des acteurs de la vape dès le premier RDV avec la ministre de la santé et le ministre du budget afin de tenter de travailler « ensemble ». A l’heure qu’il est, vous êtes bien mal représenté…