Pour vapoter, vous pouvez acheter des produits qui sont proposés soit par l’industrie du tabac, soit par des fabricants qui en sont complètement indépendants.

Depuis plus d’un siècle, l’industrie du tabac fabrique des cigarettes en toute connaissance de cause sur les conséquences pour leurs consommateurs. Ils n’ont pas hésité, que ce soit sur la composition, ou sur les « technologies » (filtres) à modifier leur produits pour renforcer l’addiction ou contourner des réglementations, sans se soucier d’une nocivité possiblement accrue pour leurs clients.

Étant donné que l’industrie du tabac propose aussi des produits de vapotage, on peut se poser des questions.

Comment les reconnaître ?

C’est un point essentiel. Comment reconnaître un produit de vapotage affilié à l’industrie du tabac ?

Et bien, ce n’est pas facile ! Les industriels du tabac ont choisi – on se demande pourquoi – d’utiliser des marques qui n’ont rien à voir avec celles de leurs cigarettes traditionnelles. Et ce n’est pas écrit dessus « fabriqué par l’industrie du tabac ». J’ai retrouvé cette page Internet réalisée par le VAPING POST (média spécialisé sur la vape et totalement indépendant de l’industrie du tabac), et qui n’est peut-être pas à jour, mais on y trouve à priori les marques de l’industrie, c’est clairement l’intention : Les vaporettes affiliées à l’industrie du tabac – Principales marques en France.

Si vous  privilégiez vos achats chez des commerçants spécialisés, vous augmentez vos chances de ne pas tomber sur des produits de l’industrie du tabac car ils sont très souvent réfractaires à les distribuer. On les trouve plutôt chez les buralistes, même si eux-mêmes peuvent vendre aussi des produits issus des indépendants. Dans tous les cas, posez la question au commerçant ou sur les réseaux sociaux de la communauté des vapoteurs. Vous aurez immédiatement la réponse.

Que valent les produits de l’industrie du tabac ?

À vrai dire je n’en sais rien. Les industriels du tabac prétendent sans doute que la qualité de leurs produits est irréprochable. Et en fait, je veux bien y croire. Il serait vraiment idiot de leur part de commencer à jouer les apprentis sorciers, leur intérêt est plutôt de proposer les produits les plus clean possible, que ce soit sur les e-liquides ou sur les technologies de vaporisation. Ce serait une autre histoire si ils étaient seuls sur le marché, sous forme de cartel comme avec les cigarettes.

Je n’utilise pas ces produits (voir pourquoi plus bas), mais d’après les échos que j’en ai, le confort d’usage est passable, c-à-d ni mieux ni moins bien que de nombreux produits standards. Ce ne sont donc pas des produits de mauvaise qualité, mais ils n’ont rien d’exceptionnel non plus.

Le rapport qualité / prix est semble t-il assez élevé, d’autant que les industriels du tabac sont plutôt orientés sur les pods, forcément plus cher du fait que l’on paye le liquide, plus la cartouche jetable, ainsi qu’une fabrication plus compliquée.

Aparté sur les pods

Les pods (ou cartouches scellées) sont le format préféré des industriels du tabac, mais on en trouve aussi chez des fabricants indépendants. Ces produits présentent des avantages et des inconvénients :

Avantages : 

  • un usage très simple : rien à dire là-dessus, c’est effectivement très facile, on vape, on jette, pas d’entretien, pas de réglage, pour les débutants réfractaires à toute complication, ça peut être une bonne option, ainsi que pour les vapoteurs au long court qui ne veulent pas se prendre la tête. Le format généralement mini est forcément aussi très pratique, et discret.
  • une sécurité : comme les produits sont scellés, ce serait une sécurité supplémentaire pour les consommateurs. De prime abord, c’est un bon argument, encore faudrait-il démontrer une dangerosité (et supérieure) des autres produits et de l’usage de systèmes ouverts. Pour moi, c’est comme si on décidait du jour au lendemain d’interdire la vente de compotes sous forme de gros pots familiaux pour n’autoriser que les portions individuelles, en petits pots ou en gourdes. Même raisonnement pour la farine, les lessives, etc…

Inconvénients : 

  • chaque marque développe son propre système propriétaire, donc quand on achète un matériel on reste prisonnier des cartouches associées. Bien sûr c’est le but de l’industriel, mais la profondeur de gamme est généralement très faible, donc peu de choix alors que la facilité à changer de e-liquide est un des principes essentiels de l’efficacité du vapotage;
  • le rapport qualité / prix est déplorable, le coût au millilitre est beaucoup plus élevé que les e-liquides destinés aux systèmes ouverts;
  • et la pollution évidement, les cartouches sont « composites » (fabriquées à partir de plusieurs matériaux), et en plus ils sont « sales » car il reste toujours des résidus de e-liquides, donc impossible à recycler. Si tout le monde ne vapait qu’avec des pods, ce serait vraiment une catastrophe écologique.

Une question de principe

D’un point de vue qualité, il n’y a donc pas vraiment de raison d’éviter les produits de l’industrie du tabac (tant qu’ils n’ont pas le monopole). Vous ne risquez à priori pas plus qu’avec les produits des indépendants.

Personnellement, j’ai décidé de ne jamais utiliser les produits de l’industrie du tabac. Et si un jour je ne peux plus rien acheter d’autre, alors je ferai l’effort d’essayer d’arrêter de vaper, voilà pourquoi :

  • j’ai découvert le vapotage à la TV en 2013. Alors que je passais tous les deux ou trois jours chez mon buraliste, jamais celui-ci n’a essayé de m’en parler. Par extension, via ses « revendeurs », l’industrie du tabac n’a jamais cherché à m’aider en proposant des produits à moindre risque comme elle le prétend aujourd’hui à corps et à cri, maintenant qu’elle veut prendre le marché;
  • j’ai fumé pendant 30 ans avec tous les risques que ça comporte, je m’en suis sorti grâce à l’alternative de la vape, grâce à des produits fabriqués et diffusés par des acteurs qui n’avaient rien à voir avec l’industrie du tabac, je ne vois pas pourquoi je donnerais mon argent à ceux qui m’ont vendu des cigarettes sans jamais chercher à m’aider. Je ne veux définitivement plus être client de ces assassins qui derrière leurs beaux discours sur la RDR dans certains pays, continuent sans vergogne à développer le marché de la cigarette ailleurs.

Entre les boutiques spécialisées qui refusent de référencer ses produits et les consommateurs qui n’en veulent pas, l’industrie du tabac se casse les dents sur le marché. Aujourd’hui, en France, les indépendants en détiennent toujours environ 80 %.

Défendre la vape

Désormais, les industriels du tabac ne sont pas contre la vape, c’est leur porte de sortie, leur enjeu est plutôt de reprendre le marché du vapotage en espérant reconstruire le système monopolistique du tabac.

Ceux qui sont vraiment contre la vape (certains anti-tabac) appuient entre autres leurs discours sur la réthorique suivante :

  • le vapotage, c’est l’industrie du tabac
  • l’industrie du tabac, c’est le mal
  • donc le vapotage, c’est mal

C’est l’histoire (fausse) qui est contée dans cet incroyable reportage diffusé par ARTE l’an dernier. Ça semble tellement « évident » que ces arguments font mouche, notamment chez les décideurs politiques totalement ignorants du dossier, et qui ont ainsi bonne conscience à soutenir toutes les mesures coercitives sur le vapotage. En pensant faire du mal à l’industrie du tabac, ils pensent faire le bien.

Les consommateurs, évidement, sont complètement oubliés dans cette réthorique absurde. Ce n’est pas l’industrie du tabac qui a inventé et surtout propagé le vapotage, ils ne détiennent pas du tout le marché, ils ne font qu’essayer de se raccrocher aux wagons. Par ailleurs, et malgré tout, qu’elle est la logique de reprocher à une industrie de proposer des produits beaucoup moins risqués ?

Absurde. Et idiot.

En conclusion, ne pas consommer des produits du vapotage issus ou affiliés à l’industrie du tabac, c’est faire d’une pierre deux coups :

  • éviter de continuer à enrichir ceux qui vous ont empoisonné pendant des années sans jamais chercher à vous aider. Même s’ils sont sincères (je doute un peu quand même), qu’ils ne compte pas sur moi pour les aider à leur transformation. Et franchement, ça me fait plaisir de les voir patauger;
  • moins ils auront de clients, moins ils pourront augmenter leur part de marché, et par conséquent, ça permet de couper l’herbe sous le pieds aux anti-vape qui prétendent que ce n’est qu’un produit de l’industrie du tabac en négligeant l’intérêt du vapotage pour la santé publique.

Soutenir les acteurs indépendants, c’est défendre la vape tout court, contre tous ses adversaires.