Troisième brûlot en quelques mois sur l’industrie du tabac, qualifiée cette fois, carrément de mafia. Et le sort qu’elle réserve à la e-cigarette n’a pas échappé à l’auteur…

Page après page, ce livre est une honte. Pas le livre, mais ce qu’il raconte. Et comme un refrain lancinant, pour rythmer la lecture au fil des paragraphes, sans arrêt, répété et re-répété, l’état est accro aux taxes, 14 milliards par an, la mafia du tabac tient Bercy par les couilles… pardon, par l’argent. Un des lobbyistes qui temoigne sous couvert d’anonymat résume bien la situation : « Depuis les hausses de 2003 qui ont fait s’écrouler le marché, Bercy considère que les prix du tabac est un sujet trop sérieux pour être laissé au ministère de la santé. »

En France, les marges bénéficiaires ont bondi de 35 à 45% en 10 ans. Une rentabilité qui surpasse les industries du luxe, du médicament et de l’agroalimentaire. Pas étonnant que Philip Morris soit valorisé à 110 milliards d’euros, le groupe est, derrière McDo, le plus généreux au monde avec ses actionnaires. Les dividendes ont explosé de 117% depuis 2008. Du pain béni pour les rois de la finance, Dieu jugera si ça vaut les millions de morts prémédités…

Entente illicite sur les prix gérés par l’entremise des douanes, pression sur l’état pour obtenir le gel des prix du tabac début 2015, optimisation (fraude) fiscale, tractations secrètes avec l’Europe pour ne pas durcir les lois anti-tabac, main mise sur le contrôle de la contrebande (d’après José Bové : « On a mis le contrôle de la contrebande entre les mains des contrebandiers, c’est surréaliste ! »), tabac génétiquement modifié, aspergé d’antiparasite et d’insecticide, buralistes qui ne respectent pas les lois (systèmes de gratification – bakchich, vente aux mineurs…), pressions et infiltration aux plus haut sommets de l’état… Marc Lomazzi, l’auteur de « Comment la mafia du tabac nous manipule », dresse une fois encore un portrait ignominieux de cette industrie malfaisante. Insupportable à lire.

C’est donc le troisième livre qui sort sur le sujet après L’état accro au tabac et Arrêter de nous enfumer. Qu’est-ce que ça change ? Rien. Bien-sûr.

Avez-vous remarqué ? Certaines marques de cigarettes ont déjà commencé à gommer leur nom sur les paquets. Il ne reste plus que les couleurs, bien connues. L’objectif est déjà d’habituer le consommateur à reconnaître le paquet sans la marque… L’industrie, la mafia du tabac, se prépare donc déjà au paquet neutre, tranquillement. Intelligemment.

Tranquillement. Intelligemment. C’est ainsi que l’industrie reprend la main sur la vape. D’abord en faisant écrire une directive tabac qui restreint les innovations du marché actuel et les libertés du consommateur, ensuite en lançant ses produits sur le marché à renfort de millions d’euros de communication. Toute la stratégie est expliquée par l’inventeur de la cigarette électronique Hon Lik, himself, à lire ici : dans Paris Match, une interiview décrypté ici. L’industrie a acheté le bonhomme et ses brevets. Les brevets en question sont dépassés et ne valent plus rien, mais cela permet de s’acheter une légitimité. Faire passer des vessies pour des lanternes. Et bientôt, la désinformation aidant, tout le monde trouvera normal que la cigarette électronique ne soit qu’un produit du tabac, géré par sa mafia, et produisant de belles taxes pour l’état.

Que c’est beau l’industrie du tabac, des gens biens… Toujours d’après le livre, la Confédération des Buralistes est en partenariat avec le Secours Populaire, Japan Tobacco sponsorise les centres d’alphabétisation d’Emmaüs, Philip Morris soutient Ni Pute Ni Soumise ou encore l’Institut du Cerveau et de la Moelle Épinière (ICM). Ici, on parlait de la Seita pour les Restos du Cœur. Et puis, en temps de crise, de dette et de chômage, 14 milliard d’euros par an, c’est quand même sympa ! Sans parler des économies sur les retraites des 78 000 morts par an. Sans oublier tout ce business de la maladie, cancer en tête, qui fait tourner l’industrie pharmaceutique et donc l’économie, c’est pas mal non plus. Pourquoi changer tout ça ?

Quelle honte.

Espérons que les vapoteurs et les professionnels indépendants sauront s’unir pour combattre et défendre la vape libre. Pour sauver ce miracle inattendu. La lutte reprendra dès septembre avec le passage de la Loi de Santé devant le Sénat. C’est bien mal embouché, mais qui sait, peut-être qu’il y aura quelques décideurs qui se décideront enfin à se ranger du côté des vies à sauver. L’espoir fait vivre, justement…

 

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