Sous-titré « Enquête sur une hypocrisie française », le nouveau livre de Denis Boulard « Arrêtez de nous enfumer » dénonce une fois encore l’incroyable scandale du tabac en France. Et il parle de vape…

Après la parution, il y quelques mois du livre de Mathieu Pechberty L’État accro au tabac, dans Arrêtez de nous enfumer, Denis Boulard va plus loin, en dénonçant toutes les parties prenantes. Car il n’y a pas que l’industrie du tabac et l’état dans l’histoire. Il y a aussi, beaucoup plus sournoise, l’industrie pharmaceutique, discrète, mais qui récolte goulument les fruits du tabagisme en France. Et on ne parle pas là des substituts nicotiniques, c’est presque accessoire. Non, on parle du business de la maladie, une vraie poule aux œufs d’or !

Extrait p. 92 « Sauver des milliers de gens ? Pas rentable ! (…) Nous avons vu que le marché des substituts nicotiniques pesait quelques 100 millions d’euros. Une somme dérisoire comparée à d’autres, notamment, pardon du terme, face au « marché » du cancer. Un marché évalué à plus de 80 milliards d’euros à l’orée 2017. »

Denis Boulard dénonce également les associations anti-tabac, passage croustillant où l’on apprend, outre quelques affaires de détournement de biens sociaux, que certaines organisations ayant pignon sur rue, sont financées, par… l’industrie pharmaceutique, et même l’industrie du tabac !

L’hypocrisie de l’État reste cependant le point central du livre, les passages sur les buralistes sont sans doute les plus éloquents pour illustrer la « real politic » à la française. De tels constats ne peuvent pas relever de la simple négligence, mais bien d’une réelle volonté politique :

Extrait p. 38 « En matière d’interdiction de vendre du tabac au mineurs ou de fumer dans les lieux publics, un buraliste ne risque d’être contrôlé sur place qu’une fois par siècle par les agents de la direction des douanes. (…) Et en 2011, une enquête menée par le comité national contre le tabagisme (CNCT) évaluait à 62% le nombre de buralistes en infraction pour vendre du tabac à des jeunes de moins de 18 ans. »

Et un autre extrait p. 27, dès le début du livre Arrêter de nous enfumer, qui fait vraiment froid dans le dos ; « En 1990, à l’épreuve d’économie au concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration – l’irremplaçable ENA – , les étudiants doivent prouver que le développement de la consommation de tabac est bon pour l’équilibre des finances publiques, y compris pour celui de la sécurité sociale. Ils doivent également démontrer que le coût pour l’assurance maladie des dépenses liées à la consommation de tabac est largement compensé par les économies, pour le système des retraites, liées aux décès prématurés. Les élèves reçus intègrent la promotion Jean-Monnet. Sur ces bancs, on retrouve des noms connus, comme celui de Martin Hirsch, actuel directeur général de l’Assistance Publique – Hopitaux de Paris (l’APHP) ou François Pérol, major de cette promotion et ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République sous Nicolas Sarkozy. On compte aussi des personnages influents, notamment Véronique Bédague-Hamelius, économiste et directrice du cabinet de Manuel Valls à Matignon, ou encore Philippe Mills, directeur général de la Banque Publique chargée des financements des collectivités. »

Pourquoi ? C’est simple, on ne cesse de le répéter :

Extrait p. 50 « En dix ans, en France, les recettes fiscales liées au tabagisme ont augmenté de 30%. Elles sont les deuxièmes ressources de l’État après celles liées à l’essence, hors impôts sur le revenu et impôts sur les entreprises. »

Un livre de plus, donc, sur le tabac. Mais pour la première fois, la cigarette électronique est clairement évoquée, et surtout, pas comme un gadget, mais bel et bien mise en perspective dans la problématique globale, sur tout un chapitre.

Extrait p. 158 « Pour faire simple, fumer tue, oui. Mais fumer fait, aussi, vivre. Et sans doute plus de personnes et d’industries, des cigarettiers aux laboratoires pharmaceutiques en passant par les buralistes. Mais affirmer cela n’est pas « politiquement correct ». Seule certitude, une nouvelle venue dans le paysage, la cigarette électronique, vient encore compliquer les choses. Et redistribue les cartes ».

Aujourd’hui, toutes les parties prenantes du business du tabac ont bien compris que la ecig était un problème. Et ce qu’ils commencent à comprendre, ça Denis Boulard ne l’a pas relevé, c’est qu’une nouvelle « catégorie » de citoyens est apparue : les vapoteurs. Tous ex-fumeurs, les vapoteurs, libérés du tabac, ont la faculté d’être beaucoup plus lucides que leurs anciens coreligionnaires, non seulement sur leur santé, mais également sur toutes les perfidies et avaries d’un système que le fumeur connaît, mais ne veut pas voir réellement. Trop accro à la cigarette. Trop peur de vraiment savoir.

Depuis 3 à 4 ans maintenant des groupes se développent autour de la vape et ils échangent nécessairement sur tout ce système du tabac. Entre eux bien sûr, mais ils en parlent aussi autour d’eux dans les familles, entre amis, au travail. Souvent, et avec de plus en plus de ressources et de références. Ça n’existait pas avant. Pas à ce point. Plus que la e-cigarette en elle même, les vapoteurs pourraient bien devenir le vrai danger de tout ce système autour du tabac… D’où l’empressement, peut-être à voter un amendement à la Loi de santé qui interdirait non seulement la publicité, mais également toute autre forme de « propagande », c-a-d : interdire les blog, les forums, les publications sur la vape…

L’auteur du livre « Arrêtez de nous enfumer » est un journaliste indépendant qui travaille pour les plus grands titres de presse :

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