Ce matin, SOVAPE a sorti un dossier « Grossesse et vapotage » très complet et documenté. L’association y dénonce au passage un avis du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français). Décryptage…

La publication « Grossesse et vapotage » de SOVAPE est le premier travail de ce genre réalisé en France, aussi approfondi et référencé. À l’occasion de ses recherches, l’association a découvert que le CNGOF (société savante des gynécologues et obstétriciens) avait rendu un avis sur le vapotage pendant la grossesse début 2020. Même s’il ne s’agit que d’un paragraphe au milieu d’un document sur le tabagisme (de grande qualité), cette prise de position est très importante et fait forcément office de référence pour les professionnels de santé, pour les autorités et pour le public, car elle émane d’une « société savante ».

Dans son communiqué de presse, SOVAPE souligne un des points de sa publication : l’avis du CNGOF est « une recommandation dangereuse » qui pourrait faire « rechuter » des femmes enceintes qui ont arrêté de fumer. L’association ne mâche pas ses mots : « il s’agit d’une mise en danger manifeste des femmes et de leurs enfants ». On pourra également lire les avis de la Dr. Marion ADLER et du Dr. William LOWENSTEIN, tous les deux également indignés.

Que dit vraiment cet avis des gynécologues et obstétriciens ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Rien, c’est mieux.

Avant tout, levons toute ambiguïté. Il n’a jamais été question d’inciter des femmes enceintes (ou pas d’ailleurs) à essayer le vapotage si elles ne sont pas fumeuses. Rien, c’est toujours mieux évidemment. Si une femme qui désire un enfant à la « chance » de pouvoir arrêter de fumer « sans rien », tant mieux. Malheureusement, les données là, en France, plus d’une femme sur deux n’y parvient pas, même avec toute la bonne volonté du monde.

L’avis du CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français).

L’association SOVAPE s’indigne, elle cite un passage de l’avis. Mais regardons la totalité, ce n’est qu’un paragraphe d’une vingtaine de lignes au sein du document « Rapport d’expert : prise en charge du tabagisme en cours de grossesse« .

gynécologues et obstétriciens - CNGOF - Grossesse et vapotage

Où sont passées les études ?

Choquant. Une femme enceinte qui aurait réussi à arrêter de fumer en vapotant doit être « sommée » d’arrêter de vapoter. Incroyable ! L’association SOVAPE développe le sujet dans sa publication, elle évoque aussi la question de déconseiller le vapotage à une femme qui ne parvient pas à arrêter de fumer.

Mais rentrons un peu dans le détail…

Premièrement, sur quoi s’appuie cet avis ? La réponse est au milieu du texte : « accord professionnel ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Pour comprendre, il faut consulter l’introduction du rapport complet du CNGOF. La « modalité » des experts est de se prononcer sous forme « d’accord professionnel » (entendez : nous sommes des experts, donc nous savons) dès lors qu’il n’y a pas d’études sur le sujet. Donc… Sur ce paragraphe (le seul qui parle de vapotage), les « experts » décrètent qu’il n’y a pas d’étude. FAUX. Il n’y a qu’à consulter la publication de SOVAPE, il existe des études. Il existe aussi des « avis » d’organisations homologues au CNGOF et tout cela est parfaitement rassurant sur le vapotage et la grossesse, en contradiction totale – bizarrement – avec l’avis des français.

Que s’est-il passé ? Pourquoi ces études n’ont pas été soumises aux experts ? Est-ce que certains « experts » en charge du document ont décidé sciemment de « cacher » l’existence de ces études ?

Amalgame tabac chauffé, chicha, cigarette électronique et SNUS

Tous dans le même sac ! Quatre produits différents, quatre niveaux de risques TRÈS différents, mais un seul paragraphe, amalgame total.

Prenons la chicha, c’est aussi dangereux que la clope, voire même pire car on la « suçote » pendant des heures. Comparée à la vape ! Idem pour SNUS, il n’y a aucune combustion, grâce à ce produit, en Suède le nombre de fumeurs est en dessous des 5% et les taux de cancer du poumon et même oraux-pharyngé se sont écroulés. À lire ici : un vrai scandale sanitaire à l’échelle de l’Europe.

Quand au tabac chauffé, créer la confusion avec la vape, c’est exactement ce que cherche à faire depuis des années l’industrie du tabac. Faire croire que son produit est équivalent, alors que c’est faux aussi. Non seulement, à priori sur le risque sanitaire (il y a une pyrolyse, donc potentiellement plus dangereux que la vapeur) et sur le volet sensoriel, ça reste du tabac, au goût de tabac, arrêter de fumer avec ça, c’est comme garder une cigarette au bout des lèvres. À la moindre occasion, on la rallume.

Cet amalgame dans l’avis du CNGOF est insensé. Il trompe la population sur le continuum des risques. Ainsi, alors qu’à juste titre, les autorités de santé se battent pour alerter les jeunes sur la chicha, là on adresse un message « c’est pareil que la vape » !

Que s’est-il passé à nouveau ? Pourquoi cet amalgame ? Est-ce le comité d’experts du CNGOF a été infiltré par l’industrie du tabac ?

La marque JUUL citée dans l’avis d’une société savante !

Même si on peut le déplorer, la publicité et la promotion de produits pour le vapotage, ou toute forme de partenariat est totalement interdite par la loi. Et dans l’avis du CNGOF, sur 20 lignes on trouve deux fois (!!!) la marque JUUL. Alors, bien sûr c’est pas pour en dire du bien (sans aucun fondement d’ailleurs), mais tout de même. Combien de gynécologues ou obstétriciens ou même grand public connait cette marque ?

Voilà à nouveau du pain béni pour l’industrie du tabac (ALTRIA est actionnaire de JUUL). Un bon « coup de pouce » pour la notoriété, ça n’a pas de prix ! Que s’est-il passé à nouveau ?

Qui est responsable de cette farce ?

Des études qui sont « cachées ». Un amalgame entre les produits totalement hors de propos. Une marque de l’industrie du tabac citée au risque de lui faire une publicité impossible par ailleurs. Une recommandation contraire au bon sens et au principe de précaution. Trop, c’est trop, il est impossible d’imaginer que toutes ces « erreurs » manifestes, rassemblées dans seulement 20 lignes, ne soient fortuites ou issues d’une simple maladresse.

Pour trouver la réponse à ce qu’il s’est passé, il faut à nouveau se plonger dans les premières pages de l’avis complet du CNGOF, et consulter la liste des « experts ». Il sont 16 « principaux ». Tous gynécologues / obstétriciens. Sauf un. C’est le deuxième de la liste : Ivan BERLIN…

Ivan BERLIN n’est pas professeur. Il n’est pas pneumologue, ni cancerologue ou encore cardiologue. Il est docteur, pharmacologue. Son truc, c’est les médoc.

Pour ceux qui s’intéressent de près aux questions du vapotage, Ivan BERLIN est bien connu. Il fait partie de ceux qui affirment encore en 2020 que l’on a « aucune preuve » que le vapotage est une aide efficace pour arrêter de fumer. Il est anti-nicotine. Et il est un des leaders de cette « clique » de la vertu qui estime que le vapotage ne doit pas être une source de plaisir ou encore qu’il existe une « passerelle » vers le tabac chez les jeunes, alors que toutes les données contredisent cette « théorie », qui n’est plus aujourd’hui qu’un fantasme.

Bref, Ivan BERLIN est un anti-vape notoire. Il mène à la SFT (Société Francophone de Tabacologie, dont il est secrétaire général adjoint) la horde de ceux qui dénigrent la vape à tout prix. Il est par ailleurs soupçonné d’avoir des attaches disons… « particulières », avec l’industrie pharma, notamment la multinationale qui fabrique la varénicline.

À la limite, il a droit de penser ce qu’il veut. Mais le problème est quand même de taille lorsque le CNGOF ne convoque pour son rapport qu’un seul spécialiste du tabac parmi les experts principaux, et que ce seul spécialiste soit un anti-vape fondamentaliste. Comment imaginer qu’il en ressorte quelque chose de positif ou simplement neutre ? Le résultat est là, il en ressort un rapport mensonger, complètement « manipulé » et malhonnête.

Les conséquences sont graves car nous ne sommes pas en train de parler d’un produit anodin. On parle du tabagisme chez les femmes enceintes. Des conséquences pour elles, et des conséquences pour leurs enfants. Ainsi l’idéologie d’un seul homme peut conduire à de véritables drames pour des fumeuses qui n’arrivent pas à arrêter et que la vape aurait pu aider (même si OUI RIEN c’est – peut-être – MIEUX !) et que dire de celles qui ont réussi à arrêter de fumer (avec la vape), mais à qui un gynécologue va « imposer » d’arrêter de vapoter et qui vont retomber dans la cigarette. C’est intolérable !

La bêtise tue

Qu’est ce qui « motive » ces anti-tabac orthodoxes à se battre ainsi contre le vapotage. On pourrait en faire un livre. En résumé, rien c’est mieux. Aucun compromis. Tant que les fumeurs ne parviennent pas à arrêter avec « leurs » méthodes, il vaut mieux qu’ils continuent à fumer. La vape ne leur plait pas, parce qu’il y a de la nicotine (alors que paradoxalement, ils plébiscitent les substituts nicotiniques), mais surtout il y a du plaisir, il y a le geste, ça ressemble trop à la cigarette. Ils ne se battent plus contre le danger réel (la combustion), ils ne se battent que contre une « idée ». Ils sont passés dans un autre monde, déconnectés du réel, imperméables au concept de la réduction des risques, ils sont en « croisade », il ont rejoint un ordre religieux, c’est une secte.

On peut aussi se poser des questions par rapport à l’industrie pharma. Bizarre quand même cette obstination à présenter la varénicline comme LE « produit » qui a fait preuve de son efficacité (contrairement à la vape). Alors il y a sûrement des études, mais la réalité, dans la vraie vie, c’est que le médicament ne remporte pas du tout le succès auprès des fumeurs.

Et on touche là à un autre sujet qui concerne Ivan BERLIN. Il mène une étude – ECSMOKE – qui, selon lui, est la seule qui va « révéler au monde » si le vapotage est vraiment efficace pour arrêter de fumer. Pour cela il compare la vape à… la varénicline ! Tiens donc… Et quand on dit « la » vape, c’est un seul appareil possible, un seul goût et un taux de nicotine maximum de 12 mg / ml, dont on sait (Ivan BERLIN le premier) que c’est insuffisant pour de nombreux fumeurs.

Quel est le but de cette étude finalement ? Montrer que la vape est efficace (on a déjà des études) ou montrer en fait, que la varénicline est « aussi efficace que la vape » (en faisant ce qu’il faut pour amoindrir ses performances) ? Projetons-nous deux minutes et spéculons sur une annonce « La varéncline est aussi efficace que le vapotage ». Quelles seront les conséquences ?

On nage donc en eaux (très) troubles et cette nouvelle affaire du CNGOF devrait alerter les autorités de santé. A l’heure où le grand public est profondément secoué par toutes les affaires de controverses scientifiques et débats d’experts, quand on se trouve face à une situation comme celle-ci où la manipulation, le mensonge et la tromperie, peut-être même avec des conflits d’intérêts, sont manifestes, il doit y avoir une réaction forte. A minima, dessaisir en urgence Ivan Berlin de la direction de l’étude ECSMOKE. Comment imaginer lui faire confiance sur la neutralité nécessaire à la conduite de travaux aussi importants pour la santé publique et pour la « vérité scientifique » ?

Parlons enfin de la bêtise. Idéologie, convictions, certes. Mais toutes ces manœuvres servent finalement qui ? Quand on fait tout pour anéantir le potentiel d’un « tabac – killer » qu’est la vape ? Bien sûr, cela sert les intérêt de l’industrie du tabac. Revenons aux femmes enceintes. En leur « interdisant » l’accès au vapotage, on contribue à maintenir leur tabagisme et les ventes de cigarettes. C’est sordide !

La bêtise tue. Vraiment.

Au lieu d’aimer les Hommes (femmes et hommes)…

 

Inscription VAP'NEWS

Chaque dimanche à 19 h, recevez la newsletter de VAPYOU, une veille complète sur les actus de la vape et du tabac. Inscription gratuite. Aucune publicité.

Inscription