Aux USA, la FDA sème la panique en parlant d’une épidémie de vapotage chez les jeunes. En France, ce discours transpire aussi. D’où la nécessité de diffuser cet article très complet publié par Clive BATES.

Clive BATES est un spécialiste en santé publique qui travaille sur le fléau tabagisme depuis de longues années, il fait partie des plus fervents défenseurs de la vape et de la réduction des risques. C’est un « intellectuel » très reconnu et dont les publications font référence par la clarté de ses raisonnements et la précision de ses sources. L’AIDUCE avait traduit en 2015 l’un de ses documents essentiels : E-cigarette, vapotage et santé publique – un document pour les décideurs.

L’effet passerelle pour les jeunes est un fantasme qui conduit les décideurs en santé publique à freiner l’essor du vapotage. C’est une erreur dramatique qui engage conséquences sur les fumeurs adultes pour qui l’information est, de facto, restreinte par cette peur irrationnelle de l’effet passerelle. J’ai décidé de traduire ce long article de Clives BATES pour mettre en lumière les travers de ce phénomène qui contamine aussi dangereusement les esprits des décideurs en santé publique en France. La meilleure illustration étant les publications toutes récentes de la ministre des solidarités et de la santé Agnès BUZYN, qui justifie sa « prudence » et la « vigilance » du gouvernement justement à l’appui de ces arguments sur les jeunes : « le risque de l’initiation au tabagisme”, “ne pas renormaliser le tabac”, “porte d’entrée vers le tabac”… A lire ici.

Note sur la traduction : mon niveau d’anglais est assez limité, je me suis servi de Google Trad et Reverso pour le principal, avec une relecture attentive pour reformuler de nombreux passages à l’appui de mes connaissances. J’espère ne pas avoir commis trop d’erreurs, certains passages sont parfois compliqués. N’hésitez à me donner des remarques pour faire des corrections.

L’article original de Clive BATES est ici : https://www.clivebates.com/the-great-american-youth-vaping-epidemic-really/

TRADUCTION

Une grande épidémie de vapotage chez la jeunesse américaine. Vraiment ? © Clive Bates

J’ai suivi le commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, sur Twitter, et j’ai été alarmé par la menace qu’il faisait peser sur les vapoteurs et l’industrie du vapotage en réponse aux tendances récentes en matière de vapotage chez les adolescents américains.

Si telle est son analyse, @SGottliebFDA n’a pas fait suffisamment d’efforts pour comprendre ce qui constitue – ou pas – un risque effectif dans ces chiffres sur le vapotage des jeunes. Pourtant, il semble prêt à mettre en danger des millions de vies d’adultes en imposant une réglementation excessive à un produit susceptible de sauver des vies chez les fumeurs. https://t.co/HB64pgtjRJ

Clive Bates (@Clive_Bates) 13 janvier 2019

Je ne suis pas d’accord avec l’analyse de la FDA sur ce qui se passe avec le vapotage chez les adolescents et sur ce qu’il faudrait faire à ce sujet. Je dois donc donner plus de précisions sur le tweet ci-dessus et pour cela examiner plus en détail certaines des affirmations de la FDA. Je vous invite à prendre connaissance de ces points de discussion… C’est un long blog, mais j’espère qu’au moins certains points pourront vous éclairer.

  • Introduction – L’épidémie de vapotage des jeunes
  1. Le vapotage chez les adolescents n’est pas une « épidémie »
  2. Vapoter, ce n’est pas la même chose que l’addiction à la nicotine
  3. La dépendance au tabac ne se limite pas à la dépendance à la nicotine
  4. La plupart des vapoteurs adolescents ne sont pas « accros à la vape », peu importe les rumeurs
  5. La plupart des vapoteurs adolescents ne sont pas des utilisateurs réguliers ou quotidiens
  6. Les vapoteurs réguliers sont probablement aussi des fumeurs, ce qui peut être positif pour la santé publique.
  7. Tous les vapoteurs ne consomment pas de la nicotine
  8. La consommation de marijuana peut gonfler les chiffres du vapotage
  9. La nicotine n’est pas particulièrement nocive pour le développement du cerveau
  10. Le vapotage ne devrait être considérer comme un comportement à risque peu prioritaire chez les adolescents
  11. Les arômes d’e-liquide peuvent être bénéfiques pour la santé publique et les adolescents
  12. L’éthique erronée et dérangeante de la relation entre le vapotage chez les jeunes et le tabagisme des adultes
  13. Il n’est ni possible, ni utile, de séparer le bien-être des adultes et des adolescents
  14. Nous avons besoin d’un débat honnête sur la nicotine, mais la FDA ne le fera pas
  15. La FDA est l’ennemi de l’innovation
  16. C’est la fumée qui est stupide, et nous somme en train de gagner

Introduction – l’épidémie de vapotage des jeunes

De nouvelles données suggèrent que le nombre de vapoteurs chez les jeunes a fortement augmenté entre 2017 et 2018. La FDA / CDC a procédé précipitamment à une divulgation partielle de l’Enquête nationale sur le tabagisme chez les jeunes de 2018 (NYTS).

En 2017-2018, l’utilisation actuelle de la cigarette électronique au secondaire a augmenté de 78% (passant de 11,7% à 20,8%, p <0,001). La proportion des utilisateurs actuels de cigarettes électroniques ayant déclaré une consommation supérieure à 20 fois au cours des 30 derniers jours est passée de 20,0% en 2017 à 27,7% en 2018.
Note : Utilisation de la cigarette électronique et de tout produit du tabac chez les étudiants de collège et de lycée – États-Unis, 2011-2018 [lien]

J’ai jeté un regard critique sur la divulgation partielle des données de l’enquête NYTS ici: Plus de fumée que de lumière – les nouvelles statistiques américaines sur le vapotage des jeunes ne fournissent aucune base à la politique de la FDA (novembre 2018) [lien : https://www.clivebates.com/more-heat-than-light-new-us-statistics-on-youth-vaping-provide-no-basis-for-fda-policy/]. Le problème fondamental là-dessus est que vous devez en savoir plus sur: (1) qu’est-ce qu’un vapoteur régulier ; (2) ce que feraient les vapoteurs réguliers s’ils ne vapotaient pas ; (3) qui utilise la nicotine. Ces données ne sont pas disponibles pour le moment, mais nous en savons suffisamment pour être sceptiques.

Cependant, ces données ont suscité une très forte réaction de la part du commissaire de la FDA, Scott Gottlieb. Il a qualifié l’augmentation du nombre de jeunes vapoteurs comme une « épidémie » et a déclaré que cela constituait une « menace existentielle » pour cette génération.

Voilà ce que je vous dis. Si l’utilisation des jeunes continue d’augmenter et que nous constatons une augmentation significative de l’utilisation en 2019, en plus de l’augmentation spectaculaire en 2018, toute cette génération sera confrontée à une menace existentielle.
Scott Gottlieb, discours prononcé à l’audience publique sur l’élimination de l’usage de la cigarette électronique et d’autres produits du tabac par les jeunes: le rôle de la pharmacothérapie, 18 janvier 2019 [lien]

Que ce soit bien clair, la position du Dr Gottlieb au sein de la FDA, organisme de réglementation, lui permet de mettre à exécution les menaces de mesures à prendre par la FDA et qui reposent sur la prise en compte de son analyse et de la signification des grandes tendances. Je tiens à vous démontrer avec cet article pourquoi je ne crois pas que son analyse puisse justifier AUCUNE des mesures qu’il menace d’engager.

En septembre 2018, la FDA a été alertée par la nouvelle (à l’époque non dévoilée) de la montée en puissance du vapotage chez les adolescents. Depuis avril, la FDA avait été interpellée par une campagne d’activistes et par des dizaines de reportages très critiques sur la très populaire ecigarette Juul. Mais les données ont été traitées sans aucun discernement. Voir sur mon blog : Les médias américains perdent la raison devant le vapotage et la Juul – les questions qu’un journaliste crédible devrait se poser. Hélas, il n’y a pas eu d’interprétation minutieuse des données. Le seul résultat a été un battage médiatique et une panique de plus en plus intense.

Nous n’avons pas prédit ce que je crois être désormais une épidémie de consommation de cigarettes électroniques chez les adolescents. Aujourd’hui, nous pouvons constater que cette épidémie d’addiction à la vape était déjà en train d’émerger lorsque nous avons annoncé notre plan l’été dernier. Le recul et les données dont nous disposons maintenant confirment ces tendances. Et l’impact est clairement évident pour la FDA.
Malheureusement, j’ai maintenant de bonnes raisons de croire que cette épidémie ne va pas cesser de croitre.
J’utilise le mot épidémie avec le plus grand soin. Les e-cigs sont devenus une tendance presque omniprésente – et dangereuse – chez les adolescents.
Scott Gottlieb, commissaire de la FDA, 12 septembre 2018

Trois mois plus tard, le US Surgeon General n’est plus mesuré dans ses propos :

Le vice-amiral du Surgeon General des États-Unis, Jerome M. Adams, a publié aujourd’hui un « avis » insistant sur l’importance de protéger les enfants contre toute dépendance à la nicotine et les risques pour la santé qui y sont associés en s’attaquant immédiatement à l’épidémie de consommation de cigarettes électroniques par les jeunes. L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes a grimpé en flèche au cours de la dernière année à un rythme qui a atteint des proportions épidémiques.
US Surgeon General, Avis sur l’épidémie de cigarettes électroniques chez les jeunes, 18 décembre 2018

Comment devons-nous comprendre ces affirmations des plus hauts responsables de la santé publique aux États-Unis ?

Voici quinze points de discussion…

1. Le vapotage chez les adolescents n’est pas une « épidémie »

La définition exacte d’une épidémie :

L’épidémie se réfère à une augmentation, souvent soudaine, du nombre de cas d’une maladie au-delà de ce qui est normalement attendu dans la population d’une région.
Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Leçon 1 Introduction à l’épidémiologie [lien]

Soyons clairs, la recrudescence du vapotage n’est pas une épidémie. Vapoter n’est pas une maladie et même pas la cause d’aucune maladie. Vapoter est un comportement ayant des conséquences relativement mineures sur la santé, le cas échéant.

Il s’agit peut-être d’une métaphore – mais des entités technocratiques telles que la FDA, le Bureau du Surgeon General et le CDC ne devraient pas user d’hyperbole autant chargée d’émotion, tout en prétendant faire très attention au choix des éléments de langage. La réponse appropriée de la FDA à la hausse du vapotage chez les adolescentes devrait être de dire :

Le nombre de vapoteurs chez les adolescentes a fortement augmenté, et c’est une réalité qui requiert notre attention. Nous devons comprendre la nature de cette hausse, ses causes et ses interactions avec d’autres produits du tabac et autres formes d’addictions avant de déterminer les pistes d’intervention. Il s’agit d’un domaine de réglementation où une analyse et des mesures trop simplistes peuvent avoir des conséquences inattendues et causer plus de tort que de mal à la santé publique.

L’utilisation du mot « épidémie » pose de nombreux autres problèmes, et Carl V. Phillips a écrit plus que ce que vous devez savoir ici : Appeler le vapotage et même le tabagisme « épidémie » : c’est encore plus stupide que vous pourriez le penser.

Le Dr Gottlieb dit vouloir faire référence à une « épidémie d’addiction » en utilisant – dit-il – à bon escient le mot « épidémie ». Mais il créé une énorme confusion en employant un terme inapproprié pour qualifier et interpréter qu’une augmentation du vapotage chez les adolescentes soit aussi une augmentation de la « dépendance à la nicotine », comme nous allons le voir.

2. Vapoter, ce n’est pas la même chose que l’addiction à la nicotine

Ni Gottlieb, ni Adams ne définissent clairement le terme « d’addiction à la nicotine ». Dans la vie réelle, la terminologie de l’addiction est très contestée. Par exemple, certains considèrent l’addiction comme une maladie du cerveau, tandis que d’autres rejettent le modèle de la maladie du cerveau comme étant trop réducteur. Mais regardons les définitions conventionnelles : Sussman et Sussman ont étudié la littérature et identifié cinq caractéristiques de l’addiction:

(a) engagement dans le comportement pour obtenir des effets désirables, (b) préoccupation pour le comportement, (c) satisfaction temporaire, (d) perte de contrôle, et (e) conséquences négatives
Sussman S, Sussman AN, Considérant la définition de la dépendance, Int J Environ Res Public Health. 2011 oct; 8 (10): 4025–4038. [lien]

Combien de vapoteurs adolescents ont perdu le contrôle et subissent des conséquences négatives? Nous pourrions aussi utiliser les définitions utilisées par les autorités de santé américaines. Par exemple, l’American Psychiatric Association :

L’addiction est une maladie complexe, une maladie du cerveau qui se manifeste par une consommation compulsive de substances malgré ses conséquences néfastes. Les personnes souffrant de toxicomanie (troubles graves liés à des substances) consomment beaucoup de substances, de drogues ou d’alcool, au point qu’elles prennent le dessus sur leur vie.
American Psychiatric Association, Qu’est-ce que la toxicomanie? [Lien]

Regardons la réalité ! Combien de vies d’adolescents ont été détruites à cause du vapotage ? Voyons maintenant la définition de « trouble lié à l’usage du tabac » du DSM-5 :

Usage problématique du tabac conduisant à une déficience ou à une détresse cliniquement significative
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) Trouble lié à l’usage du tabac [lien]

Notez que les docteurs Gottlieb et Adams utilisent le terme plus puissant de « addiction » plutôt que « dépendance ». Mais la distinction entre les deux est importante :

Lorsque les gens parlent d’addiction, ils font généralement référence au comportement néfaste associé à l’abus de substance. La dépendance fait référence aux symptômes physiques du sevrage et de la tolérance.
Centre de toxicomanie [lien]

Mais même en s’affranchissant de cette confusion entre addiction et dépendance, combien de vapoteurs adolescents répondent aux critères de l’addiction à la nicotine ?

De nombreux experts insistent sur le « temps – après le réveil – avant la première cigarette » comme indicateur de la dépendance à la nicotine :

Ainsi, le délai avant la première cigarette du matin semble être le signe d’un tabagisme intensif, ininterrompu et automatique et peut constituer, à lui seul, un bon indicateur de la dépendance à la nicotine.
Baker T., Piper M., D. McCarthy, D. Bolt, S. Smith, Kim SY et al. Heure de la première cigarette le matin en tant qu’indice de la capacité à arrêter de fumer: conséquences pour la dépendance à la nicotine. Nicotine Tob Res. NIH Public Access; 7 novembre 2007 (SUPPL. 4): 555–70. [lien]

Le célèbre test de Fagerström pour la dépendance à la nicotine comprend entre autres l’indication du délai avant cette première cigarette. Hors cet « indice » donne un score de zéro pour ceux qui fument leur première cigarette plus d’une heure après le réveil. Même si cela ne présume pas pour autant de leur usage quotidien, le test désigne un sous-ensemble de fumeurs qui ressentent une très forte envie de fumer dès le réveil, peu de temps après la fin de leur abstinence nocturne.

Combien de vapoteurs adolescents consomment moins d’une heure après le réveil ?

3. La dépendance au tabac ne se limite pas à la dépendance à la nicotine

La nicotine est la principale substance psychoactive dans la fumée de tabac ou dans l’aérosol d’une cigarette électronique. Mais la puissance de la dépendance à la nicotine est renforcée par les interactions avec d’autres substances présentes dans la fumée de cigarette, par exemple les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO).

La nicotine est le principal composé neuroactif du tabac, mais qui possède par elle-même de faibles propriétés de renforcement. On sait que les plaquettes et le cerveau des fumeurs réduisent les taux des enzymes de monoamine oxydase A (MAO-A) et MAO-B et que les substances autres que la nicotine présentes dans la fumée de tabac ont une activité inhibitrice de la MAO. Nous rapportons ici que l’inhibition de la MAO augmente considérablement et spécifiquement la motivation d’auto-administration de nicotine chez le rat.
Guillem K, C Vouillac, MR Azar, LH Parsons, GF Koob, Cador M, et al. L’inhibition de la monoamine oxydase augmente considérablement la motivation à s’auto-administrer de la nicotine chez le rat. J Neurosci. 21 septembre 2005; 25 (38): 8593–600. [lien].

Il n’y a aucune preuve qu’un vaporisateur personnel contienne des IMAO, tels que des alcaloïdes de β-carboline trouvés dans la fumée de cigarette.

Ces résultats suggèrent que les alcaloïdes de β-carboline de la fumée de cigarette agissant en tant que puissants inhibiteurs réversibles des enzymes MAO pourraient contribuer à l’activité réduite en MAO produite par la fumée du tabac chez les fumeurs.
Herraiz T, Chaparro C. La monoamine oxydase humaine est inhibée par la fumée de tabac: les alcaloïdes β-carbolines agissent comme des inhibiteurs puissants et réversibles. Biochem Biophys Res Commun. Presse académique; 14 janvier 2005, 326 (2): 378–86. [lien]

Quelle est donc la base pour traiter toute forme consommation de nicotine comme si elle renforçait tout le temps la dépendance au point de créer une addiction ?

4. La plupart des vapoteurs adolescents ne sont pas « accros à la vape », peu importe les rumeurs

Scott Gottlieb s’appuie sur des preuves anecdotiques pour étayer ses préoccupations concernant la dépendance à la nicotine, et sans les documenter.

Mais, déjà, j’ai entendu trop d’histoires douloureuses de parents d’adolescents, de pédiatres et de jeunes eux-mêmes. Les récits montrent clairement que, pour de nombreux jeunes utilisateurs de cigarettes électroniques, la dépendance est déjà ancrée. Peut-être que les enfants ne réalisaient pas que ce qu’ils inhalaient contenait de la nicotine, un produit chimique qui crée une forte dépendance. Pour ces jeunes « addicts », les raisons pour lesquelles ils ont essayé la cigarette électronique sont sans importance. Ces jeunes sont accrochés à la vape et leurs parents, leurs médecins et la communauté de santé publique sont inquiets et à la recherche d’outils pour les aider à cesser de vapoter.
Scott Gottlieb, discours prononcé à l’audience publique sur l’élimination de l’usage de la cigarette électronique et d’autres produits du tabac par les jeunes: le rôle de la pharmacothérapie, 18 janvier 2019 [lien]

De toute évidence, il n’est absolument pas scientifique d’aborder de la sorte l’impact du vapotage. L’utilisation déclaration rapportée sans aucune connaissance précise des cas, ni sur quelle base ils sont classés en tant qu’accros, ni quelle proportion de jeunes est concernée ne fournit pas d’information suffisamment solide pour en parler. Mais cela suggère que des éléments de langages chargés émotionnellement sont utilisés sans discernement, et peut-être à des fins politiques. Malheureusement, le Surgeon General s’est appuyé sur des récits anecdotiques comme si ils constituaient des preuves formelles utiles au débat – à ma grande consternation.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les hauts responsables de la santé publique ne prêteraient attention qu’aux cas les plus extrêmes et que les personnes impliquées dans la remontée de tels cas les exagéreraient ou les fausseraient – ici, la plupart des interlocuteurs sont engagés dans une campagne politique visant à utiliser la réglementation de la FDA pour interdire de facto le vapotage. Les biais de sélection et les biais de véracité sont des dangers omniprésents dans cette histoire.

Le principe de base est que vous ne devez pas vous tromper, mais que vous êtes la personne la plus facile à tromper. 

Sages paroles du grand physicien et lauréat du prix Nobel Richard Feynman…

Comme le suggère la discussion ci-dessus, « l’addiction » est un concept difficile à saisir et les hauts fonctionnaires l’utilisent beaucoup trop sans la définir exactement. Pour qu’il s’agisse d’un terme significatif, il doit être défini comme quelque chose de différent de « beaucoup aimer » par rapport au besoin de boire de l’eau lorsque l’on manque d’eau (c’est-à-dire avoir soif). De manière générale, le terme s’applique au tabagisme et il pourrait avoir les caractéristiques suivantes:

  1. Une perte de contrôle
  2. Une sorte de préjudice, de dégradation ou de détresse pour l’utilisateur
  3. Une première utilisation chaque jour moins de 60 minutes après le réveil

Nous ne savons pas combien de vapoteurs adolescent répondent à ces critères – je n’en soupçonne qu’une petite fraction, le cas échéant. Mais, ni Scott Gottlieb, ni le Surgeon General Jerome Adams, ne le font tout autant. Pourtant, ce sont eux qui conduisent les orientations de la politique publique là-dessus. Les données disponibles sont loin de fournir une base suffisante pour ces affirmations – et pourraient tout autant soutenir l’idée selon laquelle le vapotage des adolescents est bénéfique pour la santé publique.

Mais si nous regardons ce que nous savons, la situation est loin d’être aussi cauchemardesque que ce que colporte la presse et les responsables de la santé publique. Essayons de nous en tenir aux faits pour en discuter.

5. La plupart des vapoteurs adolescents ne sont pas des utilisateurs réguliers ou quotidiens

La fréquence d’utilisation de la cigarette électronique est à prendre en considération. Il existe au moins deux comportements différents chez les adolescents qui vapent et cette différence est vraiment fondamentale :

  1. L’expérimentation et l’utilisation frivole (la plupart des utilisateurs)
  2. L’usage de substances créant la dépendance (certains utilisateurs)

Ceux qui n’utilisent des e-cigs que quelques fois par mois font quelque chose de beaucoup moins inquiétant – juste pour rigoler, pour expérimenter, etc. Nous ne savons pas exactement combien ils sont car le CDC / FDA n’a publié qu’une seule donnée pour la concernant la fréquence d’utilisation en 2018 : parmi ceux qui ont vapoté au moins une fois au cours des 30 derniers jours, seuls 27,7% l’ont fait pendant plus de 20 jours. Cela suggère que la grande majorité (+ de 70%) ne sont pas des consommateurs réguliers, mais qu’ils ont un mode de consommation plus expérimental ou frivole – faire des « cloud », etc.

Étant donné que 20,8% des élèves du secondaire avaient vapoté au cours des 30 derniers jours, cela signifie que seulement 5,8% des élèves du secondaire s’y adonnent régulièrement ou quotidiennement (≥ 20 jours). Mais l’utilisation quotidienne pour 2018 n’a pas été divulguée. Cependant, de 2015 à 2017, 70% des utilisateurs réguliers (≥ 20 jours) étaient des utilisateurs quotidiens. En appliquant cette proportion aux données de 2018, on pourrait en déduire que seulement 4% des élèves du secondaire sont des utilisateurs quotidiens (contre 20,8% dans les 30 derniers jours).

Bien sûr, nous n’avons aucune donnée sur le nombre d’adolescents qui vapotent dans l’heure qui suit leur réveil, mais ce serait probablement un petit sous-ensemble des utilisateurs quotidiens.

L’usage potentiellement problématique représente donc certainement un très petit nombre de jeunes.

6. Les vapoteurs réguliers sont probablement aussi des fumeurs, ce qui peut être positif pour la santé publique.

Mais l’analyse ne s’arrête pas là. Que ferait ce groupe d’utilisateurs réguliers ou quotidiens au lieu de vapoter si les cigarettes électroniques n’existaient pas ? Inutile de dire que ces données n’ont pas été divulguées. Les données dont nous disposons suggèrent fortement que beaucoup de ces utilisateurs plus réguliers fumeraient.

Si ces utilisateurs assidus de ecig prennent généralement sont déjà fumeurs ou pourraient risquer de le devenir, il est fort possible aussi qu’ils renoncent au tabagisme – ce qui pourrait donc être bénéfique pour la santé publique (sachant que nous avons assisté à une diminution rapide du tabagisme chez les adolescents). Des études précédentes ont montré que les vapoteurs réguliers sont pour la plupart des jeunes qui fument déjà ou qui utilisent d’autres produits du tabac. Moins d’un millier de jeunes sont devenus vapoteurs réguliers alors qu’ils n’avaient jamais été fumeurs. Et même dans ces cas, nous ne savons pas ce que cette minuscule minorité aurait fait en l’absence de cigarettes électroniques – peut-être seraient-ils devenus fumeurs.

Très peu de non fumeurs ont utilisé des cigarettes électroniques 10 jours ou plus au cours du dernier mois (pourcentage absolu <0,1%).
AC Villanti, JL Pearson, AM Glasser, AL Johnson, LK Collins, Niaura RS, et al. Fréquence des habitudes de consommation de cigarettes électroniques et de tabac chez les jeunes aux États-Unis: la précision des mesures est essentielle pour informer la santé publique. Nicotine Tob Res. Décembre 2016 [lien]

Le problème est que nous n’avons pas ces chiffres pour 2018 – lorsque l’effet Juul a commencer à se faire sentir. Il nous faut connaître à la fois le niveau et la fréquence de vapotage ET le niveau d’usage du tabac pour toutes les catégories de consommateurs afin de comprendre ce qui se passe réellement. La FDA attire l’attention sur la part croissante d’utilisateurs réguliers : la part d’utilisation régulière (≥ 20 jours par mois) est en hausse, passant de 16,5% en 2014 (ici), à une moyenne 17,4% en 2015 (ici), puis 20,0% en 2017 et enfin une forte hausse jusqu’à 27,7% en 2018 (ici). Mais cela pourrait en fait être une bonne nouvelle : les jeunes fumeurs les plus dépendants se tournent vers le vapotage.

7. Tous les vapoteurs ne consomment pas de la nicotine

La plupart des cigarettes électroniques utilisées par les jeunes ne sont probablement pas à base de nicotine… Là encore, la principale enquête nationale sur le vapotage chez les jeunes ne demande même pas si le liquide contient de la nicotine, mais ils sont quand même comptés comme «usagers du tabac». Mais si nous examinons l’enquête Monitoring the Future de l’Université du Michigan, nous pouvons nous faire une idée – du moins de ce que les adolescents consomment réellement. Cet article publié dans le New England Journal of Medicine et contenant des données de ladite enquête indiquait que les jeunes vapoteurs ayant déclaré avoir utilisé de la nicotine au cours des 30 derniers jours représentaient 84% du total (Tableau 1 – Il faut un abonnement pour consulter)

Mais cela ne nous dit pas exactement la proportion le mélange de e-liquide avec et sans nicotine au cours de ces 30 derniers jours. L’enquête MTF posait la question sur la dernière utilisation de nicotine. Ce serait une meilleure indication de connaître l’utilisation exacte dans les 30 jours. Pour 2015, le MTF a signalé qu’environ les deux tiers n’avaient pas consommé de nicotine la dernière fois qu’ils ont vapé :

Les chercheurs et les décideurs pensent souvent que les adolescents ne vapent qu’avec de la nicotine, or cette hypothèse n’a jamais été examinée de près.
Parmi les élèves qui ont déjà utilisé une ecigarette, 65 à 66% des plus jeunes n’ont utilisé du e-liquide qui ne contient que des arômes.
Miech R, Patrick ME, PM O’Malley, Johnston LD. Quels sont les enfants vaping? Résultats d’une enquête nationale auprès d’adolescents américains. Tob Control. BMJ Publishing Group Ltd; 1 er juillet 2017; 26 (4): 386–91. [lien]

Mise à jour / correction du 22 janvier : Il y a bien eu une augmentation substantielle du nombre de jeunes utilisant de la nicotine ou qui se rendent compte qu’ils utilisent de la nicotine, mais il y a toujours des vapoteurs sans nicotine qui sont comptabilisées à tort comme fumeurs ou consommateurs de nicotine dans les allégations de type « épidémiques ».

8. La consommation de marijuana peut gonfler les chiffres du vapotage

En dépit de la hystérie moraliste à propos du vapotage aux États-Unis, il faut savoir la consommation actuelle de marijuana était de 19,8% en 2017, soit près d’un jeune sur cinq parmi les lycéens. En 2018, l’utilisation de cigarettes électroniques était de 20,8%. Il est fort possible qu’une partie de l’augmentation des vapoteurs provienne aussi d’adolescents qui consomment des cannabinoïdes en les vaporisant au lieu de les fumer. Bien que personne ne veuille admettre cela, il vaut mieux vaper que fumer – quelle que soit la substance. Cependant, un tel phénomène exagérerait la hausse de vapotage. Alors que cela pourrait tout simplement indiquer un changement dans la façon dont les jeunes consomment de la marijuana.

L’approche CDC / FDA consiste à considérer le vapotage comme si c’était un comportement tabagique, mais cette hypothèse n’est pas valide : certains modes de consommation n’impliquent pas de nicotine, et certains concernent d’autres substances.

9. La nicotine n’est pas particulièrement nocive pour le développement du cerveau

Le chirurgien général a fait une déclaration toniturante sur la nicotine et le développement du cerveau.

Je veux absolument que les gens comprennent que pour les jeunes, cela représente un danger essentiel [note traduction : il emploi le mot « unique » et aussi dans la phrase qui suit.]. … La nicotine est particulièrement nocive pour les jeunes dont le cerveau est en développement. Nous savons que le cerveau continue à se développer jusqu’à l’âge de 25 ans. Et la nicotine peut causer des problèmes d’apprentissage, d’attention et de mémoire et elle peut entraîner le cerveau dans une dépendance future.
Le médecin général américain parle à MD Anderson de l’épidémie de cigarette électronique chez les jeunes américains, 19 décembre 2019 [lien]

Un danger essentiel [unique] ? « Unique » à être nuisible ? Vraiment ? Plus nocif que le cannabis, l’alcool, le crystal meth, le fentanyl ? Plus dangereux que le football américain ? Pire qu’un accident de voiture ? De toute évidence, il est inapproprié d’affirmer à ce point la nicotine est aussi nocive que cela.

Mais qu’en est-il de l’affirmation plus modérée selon laquelle la nicotine nuit aux cerveaux des jeunes ? Où pourrions-nous trouver des preuves ? Qu’en est-il de tous ces jeunes qui ont été exposés à la nicotine en tant que fumeurs ? Ils sont des millions à poursuivre avec bonheur la vie adulte : mais souffrent-ils de quelque forme de dommage que ce soit ? En 1980, 30,5% des élèves américains de 12e année fumaient depuis plus de 30 jours, contre 21,3% de fumeurs quotidiens [Monitoring the Future]. Ce groupe aurait déjà atteint la cinquantaine et la plupart d’entre eux auraient cessé de fumer il y a des années. Où est la preuve d’une déficience mentale dans cette population résultant de leur consommation de nicotine quand ils étaient jeunes ?

Face à ces affirmations, il faut considérer un point important : il n’existe aucune donnée émanant d’études sur des humains indiquant que la nicotine est nocive pour le cerveau des adolescents. Les seules « preuves » reposent sur des études chez le rat et la souris. Même le rapport de 2016 du Surgeon General reconnaît à quel point ces allégations de préjudice sont fragiles [indirectes] et donc hypothétiques :

Les données expérimentales directes chez l’homme sont limitées quant quant aux effets de l’exposition à la nicotine provenant de cigarettes électroniques sur le cerveau en développement chez l’adolescent, mais des données de laboratoire expérimentales se sont avérées utiles dans les modèles animaux pour imaginer les effets chez l’homme.
US Surgeon General. Utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes et les jeunes adultes: Rapport du chirurgien général. Chapitre 3: Effets de l’usage de cigarettes électroniques sur la santé des jeunes et des jeunes adultes des États-Unis, décembre 2016, pp.104 [lien]

S’il existait un bon suivi épidémiologique suggérant une forme de déficience mentale résultant de l’utilisation de nicotine par les jeunes humains, des études sur les animaux seraient alors utiles pour confirmer les mécanismes biologiques et élargir la base de connaissances. Mais le problème supposé n’est pas visible chez les populations de consommateurs de nicotine et les études chez l’animal ne sont pas convaincantes à elles seules.

La comparaison appropriée n’est pas celle entre le cerveau adulte et celui de l’adolescent, mais les effets que différentes substances pourraient provoquer sur le développement du cerveau des jeunes et savoir si ces effets sont nocifs.

Je ne suis pas au courant de preuves suggérant que la nicotine « peut causer des problèmes d’apprentissage, d’attention et de mémoire » chez les jeunes. Si quelqu’un en a ?

10. Le vapotage ne devrait être considérer comme un comportement à risque peu prioritaire chez les adolescents

Le système de surveillance du comportement à risque des jeunes donne un aperçu des risques encourus par les jeunes.

Kann L, T McManus, Harris WA, et al. Surveillance du comportement à risque des jeunes – États-Unis, 2017. MMWR Surveill Summ 2018; 67 (No. SS-8): 1–114. [lien]

Ainsi, 29,8% des élèves du secondaire consomment de l’alcool et 13,5% s’adonnent au « binge drinking » (selon la définition du CDC), et 20,8% vapotent. Il y a à peu près autant d’utilisateurs de marijuana que de vapoteurs. Que penser de cela ?

S’il existe des risques efficients liés au vapotage, ils découleraient de décennies d’utilisation et uniquement si le vapotage amenait à devenir fumeur et que cela ne se serait pas produit autrement. La consommation d’alcool, en revanche, peut mettre fin instantanément à une vie dans un accident de la route ou mettre les jeunes dans des situations de violence, de débordements ou de vulnérabilité pouvant être extrêmement dommageables.

Ainsi, que savons-nous des effets de l’alcool sur le cerveau des adolescents ? Voici l’information : Les effets de l’alcool sur le développement du cerveau

Ces différences de structure et de fonctionnement sont révélées par des performances neurocognitives plus faibles lors des tests d’attention, de mémoire au travail, du fonctionnement spatial, sur la mémoire verbale et visuelle et sur le fonctionnement exécutif. Les adolescents qui consomment beaucoup d’alcool de manière épisodique (binge drinking), ainsi que ceux qui présentent des symptômes de sevrage et de gueule de bois plus importants, ont tendance à montrer les plus grands écarts de fonctionnement. Les antécédents familiaux d’alcool sont liés à des désavantages cognitifs qui peuvent rendre les jeunes encore plus vulnérables aux effets neurotoxiques de la consommation d’alcool.
Squeglia LM, Jacobus J, Tapert SF. L’effet de la consommation d’alcool sur les structures et les systèmes cérébraux chez l’adolescent. Handb Clin Neurol. NIH Public Access; 2014; 125: 501-10. [lien]

Mais où sont les appels pour limiter l’accès à l’alcool pour les adultes ? En fait, on peut constater que de nombreux adultes aux postes de responsabilité ne semblent pas avoir de problème avec l’alcool [ironique quand on visionne cette vidéo…] :

La bonne façon de traiter les problèmes des jeunes est de regarder la personne dans son ensemble – la consommation de substances psychoactives ou d’autres comportements à risque sont souvent le résultat de stress dans leur situation personnelle, familiale, sociale et communautaire. La FDA se concentre sur la consommation de nicotine pour trois raisons: (1) Les attributions : ces autorités doivent se battre contre le tabagisme – alors que fumer est le vrai danger, la nicotine ne l’est pas, mais elle est simplement une composante ; (2) L’argent, à compter de 2019, il recevra 712 millions de dollars par an des compagnies de tabac via les rentes [amendes ?] exigées en vertu de la loi sur le contrôle du tabac, article 919 ; (3) la politique, il fait face des pressions et de la surveillance. Il est fortement incité à produire des campagnes spectaculaires sur le plan politique, qui montrent qu’il fait bon usage de cet argent. Il doit définir le problème en insistant sur les caractéristiques du produit (arômes, conditionnement, marketing) plutôt qu’en considérant ce qui caractérise son usage.

11. Les arômes d’e-liquide peuvent être bénéfiques pour la santé publique et les adolescents

Le Dr Gottlieb n’hésite pas à attribuer l’épidémie de vapotage des jeunes à la question des arômes. Et il en conclut avec beaucoup trop de précipitation que les retirer du marché ferait reculer l’épidémie.

Je suis en débat avec les fabricants de tabac et les détaillants sur les avantages qu’il y aurait à vendre des arômes fruités pour rendre les produits plus séduisants pour les enfants. Mais si l’épidémie continue à s’aggraver, je suis sûr qu’il n’y aura du débat changera pour savoir si ces produits doivent continuer à être commercialisés sans aucune autorisation préalable.
Scott Gottlieb, discours prononcé à l’audience publique sur l’élimination de l’usage de la cigarette électronique et d’autres produits du tabac par les jeunes: le rôle de la pharmacothérapie, 18 janvier 2019 [lien]

Sur ce point, il ne fait preuve d’aucune finesse sur la manière dont les saveurs jouent sur l’attrait des produits et les conséquences en termes de santé publique, pour les adultes et pour les adolescents. Beaucoup d’entre nous ont essayé de l’expliquer, mais apparemment sans succès. S’il est possible de démontrer que certaines saveurs peuvent modifier les comportements, il est tout à fait possible que ce changement soit bénéfique, c’est à dire éloigner les consommateurs du (vrai) tabagisme.

En résumé, les raisonnements qui conduisent à justifier l’établissement de règles interdisant des arômes, des catégories d’arômes ou la description d’arômes particuliers dans des produits non combustibles est extrêmement difficile, et il est tout à fait possible que l’intervention de la FDA puisse causer des dommages à la fois aux adultes et aux jeunes. Elle fait des erreurs de jugement sur : (1) les effets du vapotage sur la santé, et (2) l’effet des arômes sur le vapotage. La FDA devrait montrer que le vapotage est en soi une source de dommage (ce qui est peu probable) et que des arômes ou des descriptions particulières sont de plus en plus utilisés et contribuent à ce préjudice (ce qui est difficile). Enfin, il lui faudrait démontrer que cette décision serait proportionnée et efficace, et n’aurait pas de conséquences excessives inattendues (pour cela, il n’existe aucune preuve crédible). La FDA n’a pas de cas fiable à ce jour dans toute sa chaîne de raisonnement.
Procureur général Tom Miller, Iowa. Réponse à ANPRM Flavors [lien]

L’absurdité de cette approche a atteint son paroxysme en novembre 2018, lorsque la FDA a décidé de retirer les cigarettes électroniques aromatisées des commerces de détails (équivalent buralistes) et de les autoriser à être vendues uniquement dans des endroits restreints (où l’âge des consommateurs est plus facilement vérifiable).

Les mesures que je prends cherchent à protéger les enfants en imposant que toutes les produits de vapotage aromatisés (autres que les arômes de tabac, de menthe et de menthol ou les produits non aromatisés) soient vendus en personne et, s’ils sont en ligne, soumis à des pratiques strictes de vérification de l’âge.
Déclaration du commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, M.D., sur les nouvelles mesures proposées pour protéger les jeunes en empêchant l’accès aux produits du tabac aromatisés et en interdisant le menthol dans les cigarettes, 15 novembre 2018 [lien]

Les (vraies) cigarettes ne sont donc pas concernées et les seules ecig autorisées sont celles qui ressemblent le plus à des cigarettes. La FDA perd complètement la tête sur ce qu’elle fait et le pourquoi.

AG Miller a également souligné cette absurdité de ne laisser sur le marché que les produits qui ressemblent le plus à la cigarette.

Des générations de jeunes ont commencé à fumer en utilisant presque exclusivement des arômes de tabac et de menthol. Il n’y a pas de logique évidente pour limiter les arômes d’e-liquide à ceux qui imitent les produits du tabac les plus dangereux (fumé) et qui ont été la cause principale de l’initiation dans le passé – sachant qu’aucune justification à ces mesures n’a été fournie.
Procureur général Tom Miller, Iowa. Pour Scott Gottlieb. Consommation de tabac et de nicotine chez les jeunes – Réaction proportionnelle et responsable, 14 novembre 2018. [lien]

12. L’éthique erronée et dérangeante de la relation entre le vapotage chez les jeunes et le tabagisme des adultes

Scott Gottlieb a affirmé qu’il pourrait être nécessaire de réduire pour les adultes les chances d’arrêter de fumer, si cela permet de rendre plus difficile pour les adolescents de commencer à vapoter. Pour ce faire, il s’appuie sur les « principes de santé pour la population » qui sous-tend le rôle de la FDA :

La norme juridique qui prévaut avant la mise sur le marché d’un nouveau produit du tabac par la FDA inclut la question de savoir si le produit serait approprié pour la protection de la santé publique. Nous devons déterminer si ces produits peuvent rendre les enfants dépendants de la nicotine. C’est tout simple. Et nous prenons donc des mesures agressives aujourd’hui pour répondre à cela.
Cela peut créer des obstacles pour certains adultes qui aiment aussi les e-cigs. Ce sont les compromis difficiles face auxquels nous nous trouvons. Mais le risque pour les jeunes est primordial.
Il est maintenant clair pour moi que, pour fermer la porte [passerelle] aux enfants, nous allons devoir réduire celle-ci pour les adultes qui souhaitent passer du tabac combustible aux cigarettes électroniques.
Déclaration du commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, M.D., sur les nouvelles mesures prises pour lutter contre l’épidémie d’usage de la cigarette électronique chez les jeunes, 12 septembre 2018 [lien]

Le problème de ce raisonnement est qu’il n’est pas construit sur les risques et les avantages – le tabagisme est très nocif, mais pas la nicotine. Le principe [loi] auquel le Dr Gottlieb fait référence exige une prise en compte de l’impact sur l’ensemble de la population. La formulation suivante est utilisée à plusieurs reprises dans la Loi sur le contrôle du tabac :

[…] ce qui est approprié pour la protection de la santé publique doit être déterminée en fonction des risques et des avantages pour la population dans son ensemble, que ce soient les utilisateurs et les non-utilisateurs de produits du tabac.
Par exemple, dans la section 910 de la loi fédérale sur les aliments, drogues et cosmétiques – Demande de révision de certains produits du tabac, [lien]

Mais nulle part dans la loi il n’y a d’équivalence entre, par exemple, mourir d’un cancer, souffrir atrocement avec une BPCO ou un emphysème et le vapotage chez les adolescents, ce qui constitue objectivement un comportement à faible risque avec des conséquences minimes pour la santé. Cesser de fumer en passant au vapotage est un avantage énorme pour un fumeur. Commencer à vaper ne cause que des dommages négligeables à un adolescent – et même les vapoteurs réguliers peuvent l’utiliser justement comme une alternative au tabagisme, auquel cas il s’agit d’un réel bénéfice.

En outre, le Dr Gottlieb est étrangement hermétique à l’effet que le vapotage pourrait avoir sur le tabagisme chez les jeunes. Il n’est pas prêt à accepter l’idée que les cigarettes électroniques puissent réduire le tabagisme chez les jeunes, même si cela a été prouvé. Il l’exclut par principe.

Aucun enfant ne devrait utiliser un produit du tabac. Nous avons vu la consommation de cigarettes diminuer chez les enfants, tandis que celle de la cigarette électronique a fortement augmenté. Cela se produit alors même que les taux globaux de consommation de tabac chez les enfants ont diminué, selon des données récentes.
Cela n’est toujours pas acceptable, même si les tendances vont dans le sens d’une réduction globale de la consommation globale de produits du tabac. Même si les enfants utilisent des produits du vapotage au lieu de cigarettes – et que cette migration explique en partie le déclin de leur consommation de cigarettes -, ce n’est pas une voie acceptable.
Les parents qui voient leurs enfants utiliser des e-cigs et se disent «bon, au moins, mon enfant ne fume pas» ne devraient pas être rassurés.
Aucun enfant ne devrait utiliser un « produit du tabac ».
Scott Gottlieb, Réglementation de la nicotine et du tabac par la FDA et le rôle clé de la science de la réglementation, 18 juin 2018 [lien]

En fait, les parents devraient au contraire être très rassurés car fumer est un comportement néfaste. Ils devraient par contre se demander si il est éthique que M. Gottlieb les empêche de vapoter au lieu de fumer et leur causer ainsi un préjudice. La santé publique ne fonctionne pas en déclarant « qu’aucun enfant ne devrait faire… » et en s’attendant ensuite à ce que cela se produise. Il s’agit d’intervenir dans les comportements du monde réel, le cas échéant, pour améliorer la santé publique.

13. Il n’est ni possible, ni utile, de séparer le bien-être des adultes et des adolescents

Avec ses analogies « entrée / sortie / passerelle », le Dr Gottlieb tente de séparer les intérêts sociaux des adolescents et des adultes. Ceci est à courte vue et contre-productif. Dans une lettre au Dr Gottlieb, le procureur général Miller et d’autres signataires ont affirmé qu’en pratique, il n’était pas possible de considérer séparément ces populations et leurs intérêts respectifs à des fins de la politique anti-tabac – pour trois raisons :

  • Le tabagisme parental et le rôle de modèle des adultes sont des facteurs de risque et des facteurs importants pour l’initiation au tabagisme chez les jeunes. En adoptant un comportement différent, bien moins nocif, le vapotage à l’âge adulte et le sevrage tabagique associé auront probablement un effet bénéfique sur l’initiation au tabagisme et sa prévalence.
  • La perte d’un parent ou d’un proche parent d’une maladie liée au tabagisme est un préjudice considérable pour la plupart des jeunes. De même, les problèmes de santé des adultes font peser des pertes sur la famille en termes d’activité économique perdue et de responsabilités familiales accrues. La réduction des méfaits chez les adultes présente des avantages indirects pour toute la famille, y compris ses plus jeunes membres.
  • Les adolescents deviennent des adultes et les jeunes d’aujourd’hui ont intérêt, pas nécessairement reconnu, à faire de meilleurs choix pour leur avenir. Les effets néfastes de la consommation de tabac ou de nicotine ne sont pas instantanés et se développent principalement au cours des décennies suivantes. Ils sont le résultat de l’évolution du tabagisme au cours de la vie – on supprime presque tous les risques de mortalité prématurée du tabagisme en cessant de fumer avant l’âge de 35 ans. Les possibilités d’arrêter de fumer au cours des deux premières décennies de la vie adulte sont donc particulièrement importantes, très précieux jusqu’à la fin de la vie.
    Consommation de tabac et de nicotine chez les jeunes – réaction proportionnée et responsable, 14 novembre 2018 [lien]

14. Nous avons besoin d’un débat honnête sur la nicotine, mais la FDA ne le fera pas

Les responsables de la FDA comme Mitch Zeller ont appelé à un débat sur la nicotine. Par exemple, Zeller a posé six questions :

Dans quelle mesure sommes-nous à l’aise avec l’utilisation à long terme, voire permanente, de mécanismes de délivrance de nicotine moins nocifs que la fumée par les adultes, s’ils permettent d’éviter que les fumeurs actuellement dépendants ne retombent dans des produits du tabac combustibles ?
Quel poids faut-il accorder à la diminution de l’intention de cesser complètement de la nicotine ?
Compte tenu des effets potentiels du double usage vapotage/tabac sur la santé, dans quelle mesure une courte période de double usage lors de la transition vers des produits moins nocifs contenant de la nicotine est-elle acceptable ?
Que se passe-t-il si de nombreux fumeurs actuels pratiquent le double usage à long terme ou de manière permanente ?
Pouvons-nous réviser l’étiquetage et les indications concernant la nicotine à des fins médicales pour augmenter le nombre de personnes qui cessent de fumer ?
Comment l’initiation des jeunes pourrait-elle être affectée par la disponibilité de différents produits contenant de la nicotine et comment devrions-nous expliquer consommation de ces produits par les jeunes ?
Zeller M.L’avenir de la réglementation sur la nicotine: questions clés et défis. Recherche sur la nicotine et le tabac. 12 octobre 2018 [lien]

Bonnes questions – et j’ai fourni mes réponses : Repenser la nicotine : la FDA pose six questions sur l’avenir de la réglementation de la nicotine [https://www.clivebates.com/rethinking-nicotine-fda-asks-six-questions-about-the-future-of-nicotine-regulation/]. Brad Rodu l’a fait aussi, mais avec un certain scepticisme quant au fait que tout le monde se soucierait d’entendre des réponses : Les réponses aux questions de la FDA sur le tabac sont évidentes, mais peut-être même non souhaitées [https://rodutobaccotruth.blogspot.com/2018/10/the-answers-to-fdas-tobacco-questions.html].

Mon point de vue : nous sommes une société consommant des drogues et la nicotine – délivrée sans fumée – est une drogue relativement bénigne. Les efforts visant à empêcher les personnes de consommer de la nicotine vont à l’encontre des efforts visant à réduire leur exposition à la fumée. Le gouvernement ne devrait pas intervenir pour faire obstacle à des alternatives plus sûres au tabagisme, tout en permettant à la cigarette d’être disponible partout.

Alors, quand ce débat sur la nécessité de repenser la nicotine va-t-il réellement avoir lieu ? Ou est-ce juste une tactique de diversion pour avoir l’air sérieux sans l’être vraiment ? À l’heure actuelle, la FDA et le Surgeon General abordent les médias sociaux avec des slogans qui semblent être des copié/collés des messages d’organisations militantes anti-vape. Ce n’est vraiment pas le débat dont nous avons besoin maintenant.

15. La FDA est l’ennemi de l’innovation

La FDA, le CDC et le Surgeon General ont perdu de vue le plus important dans la politique anti-tabac. Pour paraphraser Bill Clinton : « La fumée, c’est vraiment stupide [It’s the smoke, stupid] ». Pourtant, tous sont devenus obsédés par la «menace» que représentent des alternatives au tabac bien plus sûres, telles que le vapotage. La FDA ne fait pratiquement rien pour s’attaquer aux 2,3 millions d’adolescents qui utilisent encore des produits du tabac combustibles (CDC, 2017).

  • Les produits du vapotage seront obligés de subir un processus d’autorisation extrêmement lourd avant la commercialisation à partir de 2022 [projet de directive de la PMTA] – et la FDA menace maintenant d’avancer cette date (ici). En conséquence, la plupart des produits et des entreprises quitteront le marché. Pourtant, la plupart des ecigarettes vendues sur le marché avant le 22 mars 2011 étaient «protégées» et des milliers de marques et de variantes de cigarettes ont eu accès au marché américain de la nicotine à des fins récréatives sans qu’un examen préalable à la mise n’ait été nécessaire. [lien]
  • La FDA a un « Plan de prévention du tabagisme chez les jeunes » mais il est entièrement centré sur les cigarettes électroniques [déclaration] et non sur les produits du tabac réellement nocifs, c-à-d les cigarettes.
  • La FDA insiste pour que les cigarettes électroniques soient vendues dans des conditions plus restrictives que les cigarettes: tous les produits ENDS aromatisés (à l’exception des arômes de tabac, de menthe et de menthol vendus dans des lieux réservés aux adultes [annonce, octobre 2018]. La FDA propose d’interdire le menthol dans les cigarettes – mais les arômes font partie intégrante de la proposition de valeur de la cigarette électronique.
  • La FDA a fait des demandes de communication extrêmement exigeantes auprès des entreprises de vapotage. Par exemple, à Juul et d’autres . Aucune mesure équivalente n’est visible à l’attention des fabricants de tabac (cigarettes) pour la prévention du tabagisme chez les jeunes.
  • La FDA a adressé des lettres à cinq fabricants (vapotage) pour leur demander de « proposer dans les 60 jours un plan décrivant comment ils aborderont l’accès généralisé des jeunes à leurs produits et leur utilisation ». Aucune demande équivalente n’a été faite aux entreprises de fabrication de cigarettes pour lutter contre le tabagisme chez les jeunes.
  • La FDA a concentré tous ses investissements en communication sur le vapotage. Par exemple, au moment de la rédaction de cet article, sa page Facebook et sa chaine YouTube étaient dominés par des publicités absolument pas scientifiques basées sur la peur et anxiogène par rapport au vapotage. Le tabagisme, véritable problème de santé publique, lui, est à peine mentionné.
  • Le Bureau du chirurgien général a publié un rapport en 2016 et un nouvel avis d’alerte concernant les cigarettes électroniques. Mais le SG n’a rien fait pour placer ces risques dans le contexte des risques liés au tabagisme.
  • La FDA a proposé une réglementation qui retirerait de la vente la plupart des produits du vapotage du marché en établissant une norme pour la nitrosamine impossible à respecter pour la plupart de ces produits. La norme n’a pas été appliquée au tabac dans les cigarettes.
  • La FDA, le CDC et le Surgeon General n’ont pratiquement rien fait pour corriger les perceptions erronées du public quant au risque relatif que représentent la vape par rapport au tabac fumé. Seulement 2,3% des Américains pensent (à juste titre) que les cigarettes électroniques sont beaucoup moins nocives que les cigarettes fumées [lien]; Seulement 13,4% pensent que le tabac chauffé est moins nocif que la cigarette (c’est beaucoup moins nocif) [lien]; plus de 50% pensent que la nicotine est à l’origine de la plupart des cancers causés par le tabagisme et seulement 8%, à juste titre, ne sont pas du tout d’accord pour dire que la nicotine est la cause principale [lien]. En fait, l’accent mis sur le vapotage et la diabolisation de la nicotine ont complètement trompé les perceptions du vapotage et de la nicotine. Ils ont même aggravé la situation.
  • À ce jour, la FDA n’a pas jamais émis le moindre avec sur modification des risques, même s’il est incontestable que le tabac sans fumée et les produits de vapotage sont beaucoup moins nocifs que les cigarettes. La conséquence est que cela protège les (vraies) cigarettes contre la concurrence de produits qui ont un vrai différentiel sur la santé. Voir les statistiques sur les demandes de MRTP. Le coût que représentent ces mises en évidence atteint des millions de dollars et compte tenu de l’intransigeance de la FDA, ce coût les découragent clairement à même essayer.

La réponse de la FDA face à l’innovation la plus prometteuse depuis plusieurs décennies pour lutter contre «l’épidémie» des maladies liées au tabagisme consiste à la définir comme une menace, à surestimer ou à mal interpréter ses risques et à ignorer son potentiel – en l’étouffant de bureaucratie, de procédures opaques et de propagande hostile. Ils sont vraiment les ennemis de l’innovation.

16. C’est la fumée qui est stupide, mais nous sommes en train de gagner

Si le rôle de la santé publique est de changer les comportements qui causent le plus grand préjudice, c’est-à-dire fumer, alors nous sommes en train de gagner.

Le déclin du tabagisme chez les jeunes s’est accéléré depuis 2010

Et il y a encore plus important que ce que montre ce graphique. Les analystes ont examiné les tendances du tabagisme chez les jeunes et les jeunes adultes et ils en tirent les conclusions suivantes :

La prévalence du vapotage chez les jeunes a considérablement augmenté à partir de 2014. Les analyses des tendances dans le temps ont montré que le déclin de la prévalence du tabagisme au cours des 30 derniers jours s’est accéléré de deux à quatre fois après 2014. Les indicateurs établissent que la prévalence a baissé chez tous les fumeurs, quotidiens mais aussi occasionnels (dans les 30 derniers jours), encore plus rapidement à mesure que le vapotage se répandait.
Levy DT, Warner KE, KM Cummings, D Hammond, C Kuo, Fong GT et al. Examiner la relation entre l’inhalation de tabac et l’initiation au tabagisme chez les jeunes et les jeunes adultes américains: une confrontation avec la réalité. Tob Control. BMJ Publishing Group Ltd; 20 nov. 2018 [lien]

Notons bien que Dr Gottlieb ne reconnaît pas le compromis qu’il pourrait y avoir entre les jeunes qui entrent dans le vapotage et cette « décélération » du tabagisme pour les adultes. C’est là que l’on constate que la cigarette remplace le tabagisme chez les jeunes. Le corollaire évident est que les mesures visant à limiter l’accès de vapotage chez les jeunes pourraient avoir des conséquences indésirables imprévues et entraîner chez eux une augmentation du tabagisme. Au minimum, la FDA devrait reconnaître cette possibilité et l’intégrer dans toute évaluation de l’impact sur la santé publique.

Le déclin du tabagisme chez les adultes s’est également accéléré depuis 2010

La tendance chez les adultes (graphique ci-dessus) est extrêmement encourageante. L’abandon du tabac chez les adultes procure les gains de santé et des avantages plus rapides pour la santé publique. À l’ère des vapoteurs, les États-Unis ont repris la voie pour atteindre leur objectif de santé publique, à savoir de réduire le tabagisme à 12% d’ici 2020. Une tendance à la hausse pourrait avoir de nombreuses causes, mais il est difficile d’affirmer que le vapotage crée un désastre de santé publique.

Et les choses changent rapidement – pour le meilleur – sur le marché du tabac – Graphique de Wells Fargo Securities, 1er décembre 2018

Il est clair que les produits de vapotage ont un impact profond sur le marché de la nicotine à usage récréatif, actuellement dominée par le tabagisme. Les grandes sociétés productrices de tabac ont vu leur valeur boursière diminuée alors que les investisseurs envisageaient les profondes modifications des préférences des consommateurs pour la nicotine – la migration des produits de combustion nocifs vers des produits moins nocifs à base de vapeur ou sans fumée. Le 24 janvier, Altria a atteint son plus bas niveau en 52 semaines et est en baisse de 37% l’année dernière. BAT a aussi diminué de plus de 53% au cours de cette période. Même PMI est en baisse d’environ un tiers. Quelque chose de grand est en train de se passer !

La question qui se pose est la suivante: l’investisseur dans le secteur de la cigarette a-t-il un ami ou un ennemi dans la FDA, le Surgeon General et des groupes de militants comme Campaign for Tobacco-Free Kids ? De mon point de vue, les champions de la santé publique semblent s’efforcer de retenir les innovations qui transforment et qui modifieront le marché du tabac et de la nicotine durablement et pour le bien commun. Les « petites mains qui aident Big Tobacco » (Big Tobacco’s Little Helpers – pas évident à traduire), comme en parle mon ami David Sweanor.

Qu’en pensez-vous ?

Clive BATES invite les lecteurs à commenter son article pour éventuellement l’enrichir… « Veuillez utiliser les commentaires pour suggérer des améliorations ou des points de discussion supplémentaires et je les ajouterai à cette liste. »

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