Dépendance aux sensations, au geste et/ou à la nicotine, de nombreuses personnes qui vapotent souhaitent arrêter. Comment faire ?

Certaines personnes qui vapotent souhaitent arrêter. Sur les groupes auto-supports, quand la question est posée, les motivations sont diverses : du simple agacement d’être dépendant à un truc à la peur entretenue par les médias et certains groupes anti-tabac extrémistes.

Le débat n’est pas l’objet de cet article, je souhaite seulement communiquer ici trois méthodes efficaces pour arrêter de vapoter.

Pour arrêter de vapoter : fumez

Oui, c’est idiot. Fumer est évidemment beaucoup plus dangereux que vapoter. Mais si l’objectif est d’arrêter de vapoter coûte que coûte, fumer est sans doute la solution la plus efficace.

Dans cette vidéo, publiée sur le compte Twitter du Pr Dautzenberg, une de ses patientes explique que c’est son médecin gynécologue qui lui a recommandé de reprendre la cigarette pour arrêter de vapoter avec sa grossesse. A raison de 5 cigarettes par jour, la jeune femme explique que ça a bien fonctionné, elle s’est remise à fumer et elle a effectivement arrêté de vapoter.

Il peut paraître surprenant qu’un médecin recommande de se (re)mettre à fumer, surtout à une femme enceinte. Mais en accompagnant sa patiente pour arrêter de vapoter, il suit les recommandations du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens) qui l’enjoint à conseiller l’arrêt de la vape aux femmes enceintes, y compris si elle sont ex-fumeuses et y compris si c’est l’outil d’aide qui leur a permis d’arrêter de fumer.

Pour renforcer la conviction du médecin, le HCSP (Haut Conseil pour la Santé Publique) a confirmé cette recommandation en début d’année 2022 dans son dernier avis sur la cigarette électronique. Suite à de très vives critiques par un collectif de médecins, trois des auteurs de l’avis, dont deux qui ont également participé de près ou de le loin aux recommandations du CNGOF, se sont exprimés dans Le Monde pour expliquer que les prises de positions de la haute autorité sont éthiques.

Même si ça marche et que l’on voit qu’un médecin peut recommander cette méthode, ça me gêne vraiment d’avoir à parler de cette « solution ». Car heureusement, se remettre à fumer n’est pas seule méthode pour arrêter de vapoter. Même si je ne suis pas médecin, je pense pouvoir affirmer qu’il vaut mieux essayer de faire autrement.

Baisser le taux de nicotine

Le principe est simple, prendre moins de nicotine quand on vapote en baissant le taux pour réduire la dépendance à la substance. Pour que ça marche, il faut bien comprendre qu’il faut alors continuer à vapoter au pire la même quantité de liquide. En consommant 2 ml par jour de e-liquide à 6 mg/ml, c’est effectivement la moitié de 2 ml à 12 mg/ml.

Il faut donc bien surveiller sa consommation. Car si en baissant le taux de nicotine, vous vapez deux fois plus, non seulement l’objectif de réduire la consommation de nicotine ne fonctionnera pas, mais en plus, vous risquez de renforcer le geste en vapotant plus et plus de liquide, d’arômes, etc. Beaucoup de vapoteurs débutants font ainsi l’erreur de commencer à un taux de nicotine très bas et se surprennent à « biberonner » en permanence, c’est normal, on cherche sa dose de nicotine, donc on vape beaucoup plus (voir notes en fin d’article).

Baisser le taux de nicotine est une bonne solution si effectivement vous ne vapotez pas plus en quantité. Pour y parvenir, il vaut mieux réduire le taux de nicotine très progressivement. Ne passez pas de 20 à 6, baissez de 1 ou 2 mg, stabilisez un bon moment, plusieurs semaines s’il le faut, puis descendez doucement. Si ça fonctionne, vous arriverez finalement à zéro, et vous n’aurez plus envie de vapoter pour la nicotine en tout cas.

Vaper moins

L’autre choix peut être de vaper moins souvent, sans pour autant baisser le taux de nicotine. Chez certaines personnes, c’est un phénomène naturel. Petit à petit, le besoin de vapoter diminue et les intervalles se rallongent entre des bouffées qui restent satisfaisantes quand on en a envie.

Si vous parvenez à vapoter moins souvent, vous consommerez moins de nicotine, avec un geste et des sensations également moins fréquentes. Petit à petit, vous vous déshabituez de tout, jusqu’à peut-être un jour plus d’envie du tout. Avec cette méthode, c’est simple de mesurer les progrès. Il n’y a pas de confusion possible entre le taux de nicotine et la valeur absolue que l’on consomme (voir notes en fin d’article).

Arrêter de vapoter : est-ce que c’est facile ?

D’après les données de Santé Publique France, au moins la moitié des personnes qui ont arrêté de fumer avec le vapotage, ont également arrêté la vape ensuite. Il semble donc qu’arrêter de vapoter est beaucoup plus facile qu’arrêter de fumer.

Très important, ne faites le projet d’arrêter la vape que si vous êtes absolument sûr de votre sevrage de la cigarette. Certains spécialistes n’hésitent pas à parler d’attendre plusieurs mois, voire un ou deux ans.

Vaper moins souvent ou baisser le taux de nicotine, ou les deux. Vous pouvez mixer les méthodes. La règle d’or est de prendre son temps, y aller très progressivement. Arrêter de fumer avec le vapotage est une méthode « douce ». La souffrance et donc la difficulté est très largement amoindrie par de multiples compensations, les sensations (hit dans la gorge), le geste, la nicotine.

Si vous voulez quittez la vape, grâce à tous les réglages possibles, vous pouvez le faire également en douceur et éviter ainsi les souffrances d’un sevrage brutal, physique et psychologique, facteurs de stress et d’échec. Pas trop d’inquiétude niveau santé, il y a bien plus « grave » que vapoter, fumer bien sûr, mais aussi le sucre, l’alcool, la charcuterie, le maquillage…

Par contre, si quelqu’un vous conseille de reprendre la clope pour arrêter de vapoter, même un médecin comme la jeune femme nous l’explique dans la vidéo ci-dessus, surtout ne le faites pas !!! Avec une certitude absolue, quelle que soit votre situation, le principe de précaution, c’est vapoter au lieu de fumer, y compris si vous voulez vapoter moins ou plus du tout.

Pour aller plus loin : 

• Dossier Vape et grossesse publié par l’association SOVAPE
• Article sur la vidéo publiée ci-dessus : Effet CNGOF : témoignage d’une femme enceinte poussée à recommencer de fumer par son médecin
• Est-il dangereux de vapoter sans nicotine ?
• Nicotine et vapotage : quantité ou intensité ?