La parole de la ministre de la santé Agnès BUZYN était très attendue après plusieurs semaines de crise et de confusion dans les médias qui ont semé la panique dans la population à propos du vapotage.

C’est donc à l’occasion du Grand Jury LCI Le Figaro RTL que Agnès BUZYN s’est enfin exprimée sur le vapotage. A voir ici à partir de 25 min. Les affaires américaines avec la « maladie mystérieuse » ont secoué l’opinion publique pendant plusieurs semaines sans qu’aucun message des autorités de santé ne soit adressé à la population. Face au brouhaha médiatique, seuls les acteurs du vapotage et les professionnels de santé ont fait le nécessaire pour tenter de rassurer la population. L’histoire est finalement très simple, des jeunes aux USA ont utilisé des vapoteuses pour consommer des produits frelatés achetés au marché noir. Les huiles contenues dans ces produits ont provoqué les maladies pulmonaires graves et même des décès.

Ici, la dernière newsletter rassemble de très nombreux articles et vidéos sur toute cette histoire : Vap’News du 22 septembre. Le fin mot est que les produits qui sont commercialisés en France dans les boutiques spécialisées ne posent aucun problème. Il n’y a d’ailleurs jamais eu la moindre alerte depuis plus de 10 ans que la vape se développe sur les produits « standards » et contrôlés.

Positif : la ministre Agnès BUZYN rassure

Il aura fallu que les journalistes insistent mais Agnès BUZYN a été claire. Un observatoire de vigilance a été mis en place avec Santé Publique France, il n’y a pas d’alerte en France. On peut aussi visionner cette intervention de Roger GENET le directeur de l’ANSES, l’organisme auprès duquel sont déposés tous les e-liquides qui sont vendus dans les boutiques spécialisées.

La ministre indique aussi que la vape est très bien réglementée en France et qu’aucune mesure restrictive supplémentaire « n’est dans les tuyaux ». Il n’est donc pas question d’interdire la vape ni même les arômes en France, comme cela se passe en Inde ou dans certains états américains.

Agnès BUZYN a également redit (ce n’est pas la première fois) que le vapotage est un outil d’aide pour l’arrêt du tabac.

Négatif : une méconnaissance du dossier vape et même sur celui du tabac

Dans les quelques minutes consacrées au sujet du tabac, on constate malheureusement que Agnès BUZYN connait bien mal le dossier. Elle confirme que des mesures strictes sont en place pour la vente aux mineurs, mais indique aussi que le vapotage est soumis aux mêmes restrictions que pour les lieux où il est interdit de fumer. C’est faux, notre ministre ne semble pas connaître le décret du 25 avril 2017 qui assouplit (heureusement) les règles. Dans l’interview au Grand Jury, elle parle de « tolérance », non, c’est juste la loi.

Avant que les journalistes n’abordent la question du vapotage, la ministre s’est exprimée sur le tabac en général. Elle a indiqué, deux millions, ou plutôt 1,5 millions de fumeurs en moins, en expliquant que l’augmentation du prix est la « meilleure solution ». Elle ajoute que ce résultat a été obtenu par cette politique de coercition par le prix et aussi par les aides sur les substituts nicotiniques et l’accompagnement. Pas un mot sur le vapotage. Déni total de la solution qui pourtant est le levier N°1 de la baisse du tabagisme depuis plusieurs années. Ce n’est pas un fantasme personnel, ce sont les chiffres officiels de Santé Publique France.

Malheureusement Agnès BUZYN reste donc fossilisée sur des positions qui ont fait long feu face à la réalité. Non seulement, elle ne veut pas voir les millions de fumeurs qui ont réussi à arrêter de fumer grâce à la vape, mais surtout, elle ne pas prendre la mesure de l’opportunité pour les millions d’autres qui fument toujours.

Qui informe Agnès BUZYN ?

Deux « détails » révélateurs dans l’allocution au Grand Jury. La ministre parle de vapotage d’huiles essentielles aux État-Unis. Compte-tenu du niveau d’alerte sanitaire, il est inquiétant qu’elle ne soit pas mieux informée sur la nature des produits incriminés. Par ailleurs, elle indique, avec le ton le plus convaincu du monde, que la vape est une porte d’entrée dans le tabagisme, que c’est ce qu’on voit aux USA. Mais c’est faux aussi, jamais le tabagisme des jeunes n’y a été aussi bas, moins de 6%, ce qui contredit totalement cette « théorie ».

Quelles sont les « sources » de la ministre ? Qui l’informe si mal sur ce qu’il se passe aux USA ? Qui lui bourre le crâne avec le fantasme de la passerelle ? Qui choisi de pas l’éclairer mieux sur la réalité du vapotage en France, outil N°1 choisi par les français pour arrêter de fumer ?

Depuis son arrivée au ministère, les associations AIDUCE et SOVAPE ont adressé plusieurs courriers à Agnès BUZYN pour obtenir un RDV et établir un dialogue constructif. Elles n’ont jamais reçu de réponse. Le groupe de travail vapotage qui était initié à la direction générale de la santé, qui réunissait tous les trimestres les partie prenantes dans un bon esprit, a été stoppé.

Après le « quinquennat » de Marisol Touraine, nous en sommes à plus de 7 ans d’atermoiements des pouvoirs publics sur le vapotage. Heureusement, les français « d’en bas » avancent, avec des professionnels dynamiques et créatifs, des acteurs de santé de plus en plus investis et documentés et une population de vapoteurs « pairs » ultra dévoués à leur anciens coreligionnaires fumeurs (auto-support sur les réseaux sociaux), mais c’est dommage de ne pas mieux profiter du vapotage pour lutter contre le niveau de tabagisme encore record en France. Nous sommes très-très loin des suédois, des anglais, et même des américains… Plus de 30% de fumeurs, dont 25% des jeunes, fumeurs quotidiens à 17 ans.

 

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