Nous y sommes, l’industrie du tabac débarque en force dans le vapotage, et avec des moyens financiers considérables. Mais le consommateur peut-il faire confiance à ses produits ?

C’était au Vapexpo 2018, début octobre. Une conférence animée par Jacques LE HOUEZEC où étaient invités deux sommités internationales de la vape, l’italien Pr Ricardo POLOSA et le grecque Dr Konstantinos FARSALINOS. Comme à chaque fois, les deux spécialistes nourrissent et passionnent le public avec leur science et leur savoir. Ils contribuent depuis des années, tous les deux, à ce que la vape se développe et soit accessible au plus grand nombre, en étudiant, en communiquant, en rassurant. On peut visionner ici la conférence « Questions de santé sur la vape », il y avait également sur le plateau Françoise GAUDEL (Je Ne Fume Plus) et Vanessa DELARUE (Vape Info Service).

« … plus confiance à des liquides venant de Big Tobacco »

Vers la fin de conférence, en répondant à une question dans le public, le Dr K. FARSALINOS lâche un pavé dans la marre « Je ferais bien plus confiance à des liquides venant de Big Tobacco que ceux venant de petites compagnies de vape indépendantes. » On peut lire ici toute la conférence traduite en français par Florence THEIL (merci !). Comprendre ainsi le contexte, notamment qui a posé la question, et tous les contours de la réponse du professeur. Il parle en particulier des arômes, et explique que l’industrie du tabac « sait mieux » ce qu’elle met dans ses produits, parce qu’elle a les « moyens » industriels et humains.

Il n’y a pas eu grand écho à ces déclarations, jusqu’au moment où un « média vape » qui ne cache plus ses accointances avec l’industrie du tabac, ne ressorte les propos. Une discussion s’en est suivie sur le fil Facebook de l’AIDUCE, j’y suis intervenu, Florence aussi, ainsi que d’autres personnes (pas tant que ça), et le Dr FARSALINOS est également venu répondre. « Magic vape system » où tout le monde peut se parler ! J’ai tenté de lui indiquer qu’il était peut-être un peu « cavalier » de tracer une limite aussi stricte entre l’industrie du tabac et les indépendants. Il a confirmé son point de vue. Dont acte.

Est-ce que pouvoir, c’est vouloir ?

Admettons donc que l’industrie du tabac est la plus à même de savoir exactement la composition de ses produits, y compris, et surtout les interactions aromatiques. Il faudrait donc en déduire que leurs produits sont aussi les plus « safe ». Sont ou pourraient ? Là est la question. Entre avoir la capacité, et le faire vraiment. Et c’est là que le doute s’installe…

Clairement, je ne sais pas, et je n’ai pas les moyens de savoir. Seuls les fabricants (tabac et indépendants) sont capables de fournir les éléments tangibles pour comparer la qualité des produits. Donc, si le Dr FARSALINOS fonde sa confiance sur ce qu’il « sait » des pratiques industrielles des uns et des autres, pour ma part, j’ai aussi un autre angle de vue (complémentaire car je discute quand même souvent avec de nombreux fabricants français et je n’ai pas l’impression d’avoir à faire à des guignols)… L’Histoire.

C’est lorsque j’ai arrêté de fumer que je me suis intéressé au tabac. Comme je suis féru de lecture, et passionné d’Histoire, je n’ai donc eu aucun mal à lire de nombreuses infos partout, et en particulier le livre Golden Holocaust. Qu’est-ce que ça dit en résumé ? Eh bien ça confirme ce que dit le Dr FARSALINOS, il a raison ! L’industrie du tabac sait et a toujours parfaitement su ce qu’elle mettait dans ses produits. Entre autres joyeusetés, l’industrie du tabac n’a pas hésité à rajouter de l’ammoniac dans les cigarettes pour faciliter l’absorption de la nicotine. Et des plans comme ça, depuis des années et des années, la liste est longue comme le bras.

L’industrie du tabac a tué 100 millions de personnes au siècle dernier. Les projections pour le siècle en cours sont de un milliard de morts liées au tabagisme. Et alors qu’elle se présente en chevalier blanc de la réduction des risques en Europe ou aux États-Unis, le développement du business tabac est loin d’être relégué au second plan. Les éléments de langage dans cet article sont édifiants : « pérennité économique », « renforcer notre empreinte », « renforcer les recettes fiscales de l’état malien ». Tout un programme ! Et quant à « l’amour » pour la vape, on peut aussi avoir de vrais doutes

Je n’aurai JAMAIS confiance en l’industrie du tabac

Il se dit que certains industriels du tabac ont depuis longtemps des technologies qui permettraient de réduire les risques, voir même de proposer le vapotage. L’ont-il fait ? (pouvoir / vouloir)… Non. Il aura fallu que la vape prenne un essor devenu dangereux pour leur business. Vital même. Depuis le début d’année 2018, la vape indépendante aux USA à causé une baisse considérable des actions de l’industrie du tabac. Moins 20 % en 6 mois ! L’effet Kodak guette. Vraiment.

L’industrie de la vape indépendante a des millions de clients à conquérir. L’industrie du tabac a des millions de clients à ne pas perdre. C’est totalement différent. Alors, même si on me dit que l’industrie « peut » faire des meilleurs produits, jamais je n’aurai confiance en eux. Le jour cauchemardesque où il pourrait ne plus y avoir le choix que de vaper des liquides de l’industrie du tabac, j’arrête de vaper. Impossible d’avoir confiance, sans jamais être sûr de rien évidement, j’aurai toujours le doute sur des produits qui pourraient être rajoutés pour me rendre plus dépendant ou me faire consommer plus.

Cela ne veut pas dire que des indépendants ne pourraient pas avoir la même idée… Mais le doute est immensément plus fort « à l’intérieur de moi-même » concernant l’industrie du tabac. C’est son histoire, et tout ce que j’ai pu lire, qui me dictent ce sentiment. J’avoue aussi avoir la conviction que les indépendants, de par leur histoire à eux, ont à priori une autre éthique et sont donc beaucoup plus dignes de ma confiance. C’est juste pragmatique.

Vous avez envie de faire confiance à l’industrie du tabac ?

La guerre est déclarée. Et il n’y a aucun doute, l’industrie du tabac va jouer à fond la carte de ses ressources industrielles et scientifiques pour vous convaincre que ses produits de vapotage sont meilleurs. Et vous aurez peut-être raison de préférer leur faire confiance. Vous aurez peut-être raison de penser que ces multinationales qui pendant des années vous ont enfumé les poumons et peut-être détruit irrémédiablement la santé, sont vraiment les mieux placés pour vous sortir du tabagisme, leur premier gagne-pain. L’industrie du tabac a toujours adoré les gens « libres » de fumer, et donc maintenant « libres » aussi de vaper ses produits.

Alors, pour être sûr de bien choisir les produits fabriqués par l’industrie du tabac, ce n’est pas si simple. En effet, tout le design et le marketing est pensé pour qu’à aucun moment vous ne puissiez repérer l’origine des produits. Étrange d’ailleurs si maintenant « Origine Big Tobacco » est synonyme de meilleure qualité. Passons… Certains ont même poussé jusqu’à créer des filiales pour que le nom du fabricant ne vous dise rien.

Quelques conseils quand même. Assez basiques. Pour acheter vos produits de vapotage de l’industrie du tabac, surtout, NE vous rendez PAS dans une boutique de vape spécialisée. Ce serait le meilleur moyen de ne pas en trouver. En effet, la plupart des commerçants sont des ex-fumeurs qui n’ont aucune envie de continuer à nourrir ceux qui les ont empoisonné, et dont ils se sont « libérés ». La meilleure solution est de ne pas changer vos habitudes (même si ça pourrait être salvateur dans votre parcours de sevrage) et donc de vous rendre chez votre buraliste habituel. Faites attention quand même, posez bien la question d’où ça vient, car chez les buralistes, entre les clopes, les bonbons, la presse, les tickets à gratter, les timbres, les comptes bancaires, les piles, les cartes téléphoniques, les produits du terroir, les souvenirs ou les sandalettes, on trouve un peu de tout. Peut-être qu’il saura ce qu’il vous vend, et comment on s’en sert correctement, ou pas…

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