L’Académie nationale de médecine a l’air de flipper à max sur les puffs et les jeunes, elle vient de publier un communiqué très alarmant, mais avec des allégations qui interrogent sur ses ressources et / ou ses croyances.

Voici le communiqué de l’Académie nationale de médecine : La « Puff », nouvelle cigarette électronique jetable : un piège pour les enfants et les adolescents.

Il est intéressant de noter que si l’Académie se lance dans une sévère diatribe contre la puff, elle juge utile de réaffirmer sa fidélité à ses positions prises auparavant sur la question du vapotage. En effet, le « vape bashing » (© William Lowenstein) auquel on assiste actuellement, qui attise méthodiquement la défiance en mélangeant tous les sujets, en attaquant la vape sur tous les fronts, en jouant d’influence auprès de sociétés savantes, auprès d’institutions, auprès d’administrations, des pouvoirs publics en général, et dans les médias, a peut-être incité l’Académie nationale de médecine à tracer clairement des frontières, pour éviter de s’inscrire justement dans ce « vape bashing » généralisé.

Peut-être aussi que l’Académie de Médecine ne souhaite pas se trouver impliquée et comptée parmi les institutions responsables des terribles chiffres annoncés par l’INCa et Santé publique France il y a quelques semaines, à savoir que plus de 50 % des français pensent que la vape est au moins autant, voire plus nocive que la cigarette traditionnelle, que plus de 80 % pensent que vaper avec de la nicotine peut provoquer des cancers :  Attitudes et comportements des Français face au cancer, résultats du 4e Baromètre Cancer. On a rarement vu un tel niveau de désinformation du public sur une question de santé.

Rappelons que le tabagisme est la première cause de morts évitables avec 75 000 décès imputables par an et la première cause de cancers (20 %). Cela fait déjà 4 ans pourtant que l’association SOVAPE dénonce cette ineptie sans que ça ne fasse réagir personne, ni les pouvoirs publics, ni les médias : Vapoter ou fumer : le doute grandit et s’installe durablement dans l’esprit des Français – Sondage BVA pour SOVAPE.

Pour autant, le communiqué de l’Académie Nationale de médecine interroge quant à ses nombreuses allégations concernant le vapotage et les jeunes. En effet, les auteurs ne semblent avoir été documentés que d’un seul point de vue, et qui plus est sans voir apparament des données existantes et parfaitement fiables qui émanent de nos plus respectables institutions telles que Santé publique France, l’OFDT ou encore l’INSERM.

Sur cette question des jeunes, pour affûter son regard, l’Académie aurait également pu prendre connaissance des positions de défenseurs de la réduction des risques, comme par exemple celles de SOVAPE qui a publié l’an dernier ses travaux en réponse à la sollicitation du Haut conseil pour la santé publique lorsque celui-ci consultait en 2021 pour rendre son avis début 2022 : SOVAPE ne partage pas l’avis du HCSP, l’association rend public ses travaux.

L’association avait tenu notamment à ce que le HCSP prenne connaissance de cette publication majeure sur le prétendu « effet passerelle » : Gateway or common liability? A systematic review and meta-analysis of studies of adolescent e-cigarette use and future smoking initiation. Pour aller plus loin, vous trouverez de très bonnes explications ici.

Désolé, en quelques paragraphes, j’ai déjà collé cinq liens qui renvoient à des heures de lecture, et j’en ajouterai certainement d’autres dans le texte. Car effectivement pour se faire un avis sur cette question très sérieuse du vapotage et des jeunes, il faut s’infliger de la profondeur, prendre connaissance de la littérature, ne pas se contenter d’intuitions, d’idées reçues voire préfabriquées.

Voici quelques commentaires au fil de l’eau sur le nouveau communiqué de l’Académie de médecine concernant le vapotage.

La « Puff », nouvelle cigarette électronique jetable : un piège pour les enfants et les adolescents

Publié le 28 février 2023 – Le .pdf est téléchargeable ici.

« La « Puff » est une nouvelle forme de cigarette électronique (e-cigarette), à usage unique, donc jetable. Au regard des risques liés au tabagisme, elle constitue un piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents. »

Cette phrase est donc un résumé de ce l’Académie souhaite nous expliquer. Le parti pris semble déjà clair, association directe entre tabagisme et vapotage. Introduction avec une réthorique qui donne le ton « un piège particulièrement sournois ». On est prévenu, ça va saigner.

« L’e-cigarette génère un aérosol, avec ou sans nicotine, qui est destiné à être inhalé. En 2015, l’Académie nationale de médecine a considéré que l’e-cigarette était moins dangereuse que la cigarette, mais qu’elle ne devait être utilisée que par des fumeurs de tabac. Cette opinion est toujours d’actualité car, pour l’arrêt du tabac, les e-cigarettes s’avèrent plus efficaces que les substituts nicotiniques traditionnels (1). L’Académie a aussi conseillé d’en interdire la vente aux mineurs, ainsi que la publicité et l’usage là où il est interdit de fumer (2, 3). Il est en effet établi qu’essayer l’e-cigarette favorise le tabagisme, même si dans un pourcentage moindre (40 %) qu’essayer du tabac (4). »

Ici l’Académie réaffirme donc ses positions historiques, plutôt pragmatiques. Il pourrait y avoir débat, mais c’est pas le sujet aujourd’hui. Le sens de cette intro est grosso-modo de ne surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La vape est utile aux fumeurs parce que c’est efficace. Ici l’Académie fait un sérieux tacle au Haut conseil pour la santé publique qui n’a pas su trouver en 2022 dans l’immense littérature scientifique des preuves « rigoureuses » que le vapotage aide à arrêter de fumer. La méta-analyse Cochrane, par exemple, ce n’est pas assez sérieux : Can electronic cigarettes help people stop smoking, and do they have any unwanted effects when used for this purpose?

Par contre, la dernière phrase pose un gros problème, « il est en effet établi qu’essayer l’e-cigarette favorise le tabagisme ». Et bien, non, ce n’est pas établi du tout.

Ce qui est établi, c’est le contraire. Et c’est pas moi qui le dit, c’est l’OFDT et l’INSERM. La dernière partie de la phrase renvoi justement aux travaux de ce dernier (ref 4). Mais elle est bizarrement mal interprétée par l’Académie.

Que dit cette étude sur plus de 24 000 adolescents ?

Elle dit que ceux qui essaient la vape en premier ont 40 % de risques en moins de devenir fumeurs quotidiens par rapport à ceux qui essaient la cigarette en premier. En clair, c’est pas parce que ceux qui sont devenus fumeurs ont aussi essayé la vape, que vaper conduit à fumer. On assiste donc à un effet rempart. Pas du tout passerelle. Mais ce mythe a la vie dure…

Rappelez-vous le slogan de la Française des jeux pour le loto il y a quelques années : « 100 % des gagnants ont tenté leur chance ». Quel talent, quelle « manipulation » publicitaire ! Car la formulation de la phrase invite à penser que jouer permet de gagner à tous les coups. Mais non, c’est faux évidemment.

Et c’est exactement le même mécanisme qu’emploient certains pour nourrir le vape bashing en utilisant le prétexte des jeunes. Ce n’est pas parce que quelqu’un qui fume à essayé auparavant la vape que c’est la vape qui l’a conduit à fumer. Cette théorie de la passerelle est fausse, et elle a largement été déconstruite dans le domaine des drogues, les 50 % de la population française qui ont déjà essayé le cannabis ne sont pas devenus toxiomanes.

Continuer à croire à ce « gateway effect » est une hérésie. Et qu’il soit recyclé et repackagé par des agences de com’ pour faire du vape bashing qui aboutit à nuire au discernement et abuser des personnes ou des institutions bien intentionnées et de bonne foi, comme l’est certainement l’Académie de médecine, est incontestablement nocif, malhonnête et irresponsable.

« Le tabagisme des collégiens n’a jamais été aussi bas (en classe de troisième : deux fois moins d’expérimentations et quatre fois moins d’usage quotidien en 2021 par rapport à 2010) (5). À 17 ans, l’usage du tabac est en baisse, de même que celui de l’e-cigarette (6). Si cette tendance se poursuit, l’objectif d’une quasi-disparition du tabagisme en France en 2030 serait atteignable. Cette perspective est sans doute intolérable pour ceux qui profitent financièrement du tabac. En doublant la demande d’e-cigarettes chez les enfants et les adolescents, il serait possible de ralentir, voire d’inverser, cette tendance vertueuse. »

Ce paragraphe est assez étrange. D’une part, l’Académie confirme que le tabagisme des jeunes est en baisse. Mais elle se lance ensuite dans un exercice de conjecture qui prédit un doublement de la consommation des e-cigarettes chez les jeunes (basé sur quelles données ?) et que cela annihilerait la tendance vertueuse de la baisse du tabagisme chez les jeunes (sur la base de quoi exactement ?).

Pour faire des conjectures, peut-être serait-ce utile à l’Académie d’aller fouiner un peu dans les données sur le tabagisme que délivre Santé publique France, c’est accessible à tous : Prévalence nationale et régionale du tabagisme en France en 2021 parmi les 18-75 ans, d’après le Baromètre de Santé publique France. On y découvre par exemple que c’est sur la génération des 18 – 24 ans que la baisse du tabagisme est la plus abrupte et la plus tenace depuis 2010, et alors que sur la même période ça remonte tout aussi brutalement sur d’autres tranches d’âge, notamment les 45 à 75 ans (on mesure là les terribles dégâts du dénigrement des produits de réduction des risques sur les personnes adultes qui fument). Hors cette génération est justement celle qui a vécu les 15 dernières années l’émergence et l’essor de la vape. En résumé, l’arrivée du vapotage est corrélée à une forte baisse du tabagisme chez les plus jeunes. Où est l’effet passerelle tant redouté et qu’on nous rabâche depuis 10 ans ?

Tabagisme par tranches d'âges Santé publique France

« C’est ce que la « Puff » entreprend avec succès depuis 2021, car elle est élaborée pour être attirante pour les enfants et les adolescents, même lorsqu’elle ne contient pas de nicotine (7,8). Par son prix compétitif, son emballage attractif, ses saveurs sucrées et fruitées, sa disponibilité dans un grand nombre de lieux (débits de tabac, kiosques, restaurants, voire grande distribution ou magasins de décoration), elle est aisément accessible. Discrète, elle est facile d’utilisation, y compris dans l’enceinte scolaire. Elle induit un phénomène de dépendance au geste de vapotage, qui peut représenter un nouveau mode d’entrée dans l’addiction à la cigarette, renforcée ensuite par l’usage de « Puffs » contenant de la nicotine. »

Aucune donnée sérieuse ne confirme cette prétendue création d’une addiction. Au geste ? Y’a des études là-dessus, c’est dangereux un geste ? À la nicotine ? Je l’ai déjà dit plus haut, il n’y a pas d’étude qui démontre la création d’une dépendance à la nicotine consommée sans la fumer. Entrée dans la cigarette ? Non, c’est pas vrai, voir plus haut aussi.

Il semble au contraire que si les jeunes explorent certes le vapotage, ils ne persistent pas. Le phénomène est très clair aux USA, il y a eu une vague d’expérimentation très importante (qualifié abusivement d’épidémie par les anti-vape), qui a provoqué une chute brutale du tabagisme chez les jeunes à moins de 2 % quotidiens (on est à 25 % en France !), et qui est retombée, l’effet de mode passant. Lire ici : Première génération sans tabac aux USA !

Sur tout le passage concernant le « marketing », il est utile de rappeler ici les origines des puffs. Car ces produits sont arrivés sur le marché en réaction aux mesures de prohibition sur le vapotage aux USA, quand les arômes (autres que tabac) ont été interdits dans certains États et dans certaines villes. Il s’agissait alors de proposer une alternative aux consommateurs, au marché noir ou avec de la nicotine synthétique ou sans nicotine.

Comme pour tous les autres produits de la vape sur lesquels effectivement le côté régressif du branding peut interroger, voir être discuté (j’avoue moi même craquer parfois pour des bonbons à la fraise dont le packaging est clairement orienté – en théorie – pour parler aux tout petits enfants), aucune donnée, du moins en France, n’indique la proportion d’adultes ou de mineurs qui consomment ces produits. On croise en effet dans les groupes auto-supports tels que INFO VAPE ou JE NE FUME PLUS! énormément d’adultes qui ont essayé ou re-essayé la vape avec des puffs, parce que justement c’est très facile d’accès et simple d’utilisation. J’aime bien dire que Madame Michu s’est arrêtée de fumer en s’achetant une puff par hasard alors qu’elle était simplement sortie s’acheter des tomates.

« Certaines « Puffs » peuvent en effet contenir jusqu’à 5 % de nicotine. Elles peuvent alors augmenter le risque de dépendance, comme tous les produits de tabac, un risque reconnu par le Sénat qui, le 8 novembre 2022 dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de budget de la Sécurité Sociale pour 2023, a voté la mise en place d’une « taxe dissuasive » sur ces cigarettes électroniques jetables. »

Je ne sais pas où on trouve des puffs à 50 mg/ml, je veux bien le lien ! Je n’avais pas compris non-plus que les sénateurs étaient compétents en matière d’addictions, et à plus fortes raisons quand il n’y a aucune étude sur la création d’une dépendance à la nicotine quand elle n’est pas fumée.

Quant à l’idée d’une taxe dissuasive alors que le produit est déjà interdit à la vente pour ceux qu’on veut dissuader, ça me fait des nœuds au cerveau. Faut-il interdire ou taxer les voitures au prétexte de décourager les jeunes de conduire en dessous de l’âge légal et sans permis. Est-ce que ces mesures ont été expérimentées pour l’alcool par exemple ? Est-ce que la consommation de cannabis en France est réduite grâce à la prohibition ?

« En juillet 2022, un sur dix adolescents de 13-16 ans avait déjà essayé la « Puff » et 28 % des utilisateurs d’e-cigarette avaient commencé avec la « Puff », qui n’avait dès lors plus rien d’un outil de sevrage (7). En Angleterre, 8,6 % des 11-18 ans avaient vapoté en 2022, contre 4 % en 2021 (9).

Son succès auprès des mineurs a été appuyé par une promotion en force sur les réseaux sociaux digitalisés, notamment via les influenceurs, et même par des sites internet dédiés aujourd’hui interdits. »

Sur les chiffres anglais, c’est le même phénomène qu’aux USA et il conduit aux mêmes résultats. Les jeunes sont plus nombreux à essayer le vapotage, le taux de tabagisme chez les jeunes baisse brutalement.

Concernant la France, l’Académie s’appuie donc sur les travaux de l’Alliance contre le tabac. C’est l’occasion pour moi de commenter ce sondage qui est présenté abusivement comme une « étude » sur le site de l’organisation. Je fais un screen pour bien montrer que c’est pas moi qui invente. « L’étude » est disponible ici.

Ce sondage était donc sorti via un communiqué de presse (que l’on peut consulter ici) le 25 octobre 2022. C’était quelques jours avant le dernier Mois sans tabac. Cela a donné lieu à une vague médiatique incroyable et qui a complètement cannibalisé l’opération de marketing social de Santé publique France. Pendant un mois, on n’a entendu parlé que des puffs, et pratiquement pas de lutte contre le tabagisme et d’aide aux fumeurs. Je ne sais pas si les organisateurs du Mois Sans Tabac chez Santé publique France et Tabac info service ont beaucoup apprécié ce hold-up… En tout cas, quelques mois plus tard, ce sondage sert d’appui à l’Académie nationale de médecine pour lancer une diatribe sur les puffs. Mais que vaut ce sondage présenté comme étant une étude ?

Nombre de répondants : 400. C’est très faible, voire inopérant, pour tirer des conclusions robustes. Et le volume de sujets fond complètement quand on regarde ceux « concernés » par les « produits du tabac », statut tabagique (page 10) : 9 %, soit 38 « jeunes ». Ce pourcentage n’a rien à voir avec les études de l’OFDT, mais ça n’interpelle pas les auteurs…

Et ce chiffre de 28 % si alarmant, repris par l’Académie, c’est quoi exactement ?

Admirez la manière de présenter les choses avec l’infographie, la barre à 28 % est plus longue que la barre à 45 % ! Admirez aussi le titre qui indique que s’initient « au tabac » y compris ceux qui n’y ont pas touché (car ils n’ont essayé que la vape = 11% ).

En définitive on parle de 14 jeunes qui auraient essayé la vape en premier, dont 6 qui n’ont jamais touché à la clope, et donc 8 qui aurait essayé la vape en premier et aurait ensuite touché une clope, sans savoir s’ils fument quotidiennement ou s’ils ont juste essayé une fois. Voilà le drame ! Nota béné : 100 % des gagnants ont tenté leur chance…

Et donc, c’est quoi le problème (quand on retourne voir l’étude de l’INSERM, sur + de 24 000 sujets) ? Car dans le même sondage (ou « étude »), on voit qu’ils sont trois fois plus à essayer la cigarette en premier sans être passés par la vape (45 % contre 17 %). Et ça, ça ne perturbe aucunement ni l’Alliance contre le tabac, ni l’Académie nationale de médecine ? L’organisation anti-tabac demande l’interdiction urgente des puffs (déjà interdite à la vente aux mineurs), mais pas l’interdiction des ventes de cigarettes, ce qui serait environ trois fois plus logique ?

Je ne sais pas si les chercheurs de l’OFDT, de l’INSERM et de Santé publique France apprécient beaucoup que leur travail soit ainsi supplanté par un sondage d’une aussi piètre qualité. Ça me parait tout aussi surnaturel que l’Académie nationale de médecine n’ait pas regardé d’un peu plus près et constaté la légèreté (pour rester poli) de cette « étude » avant de s’appuyer dessus et faire un communiqué sur un sujet aussi sérieux.

Véritable piège tendu aux enfants et aux adolescents en vue de les entraîner vers une addiction aux produits du tabac la « Puff », qui est jetable, est faite de plastique avec une batterie au lithium. Elle est donc aussi un déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde.

Les jeunes préfèrent vapoter que fumer. Quel piège terrible en effet ! Peut-être que vapoter n’est pas totalement inoffensif, mais gageons quand même que c’est beaucoup moins pire que fumer, non ? À mon égard, la lutte contre le tabagisme devrait se concentrer sur le… tabagisme. Prétendre lutter contre le tabagisme en pratiquant le vape bashing est contre productif, et c’est un terrible aveu d’impuissance. Hé-ho les gars réveillez-vous, y’a 25 % de jeunes à 17 ans qui sont fumeurs quotidiens et vous n’avez rien de mieux à foutre que de cracher sur la vape et en inventant des phénomènes qui n’existent pas ?!

La lutte anti-tabac en France fait vraiment peine à voir… Les résultats sont là, 32 % de fumeurs, quasiment un record d’Europe.

Sur l’aspect jetable, batterie, plastique, composite très difficile à recycler. Bien sûr. Ce type d’objet ne devrait même pas exister tellement c’est désastreux pour l’environnement, que ce soit de la vape ou n’importe quoi d’autre.

Les risques liés à la « Puff » pour la santé des enfants et adolescents conduisent l’Académie nationale de médecine à recommander :

– d’informer largement le public, en commençant dès l’âge scolaire, sur le danger que la « Puff » favorise l’addiction au tabac ;

– de sensibiliser les enseignants de collège et lycées à ce risque ;

– de renforcer la règlementation visant à protéger les enfants et les adolescents de la « Puff » (fiscalité accrue ; contrôle renforcé de l’effectivité de l’interdiction de la vente aux mineurs ; imposition d’un packaging neutre), comme demandé aussi en Suisse (10) ;

– de réserver le recours à l’e-cigarette jetable aux personnes fumant du tabac afin de leur faciliter l’obtention d’un sevrage.

Et voilà les recommandations de l’Académie.

Sur les deux premiers points, on y revient toujours, il n’est absolument pas « établi » que la puff (ou la vape) conduit à une addiction au tabac. C’est faux. C’est largement contredit. On peut faire de la prévention bien entendu, mais mentir, c’est mal. Laisser croire ou créer l’illusion (voir lien tout en haut sur la dernière publication de l’INCa et Santé publique France) que la vape est aussi nocive que la cigarette fumée, même auprès des jeunes ou leur entourage, est inadmissible.

Sur le troisième point, rappelons que les produits du vapotage sont déjà interdits de vente aux mineurs. Donc imposer des taxes ou tout autre mesure restrictive ne nuira qu’aux adultes. C’est insensé.

Sur le quatrième point, d’une certaine manière l’Académie nationale de médecine s’oppose radicalement à l’Alliance contre le tabac qui demande la prohibition totale des puffs. Je note au passage qu’il va falloir trouver une solution pour que les fumeurs prouvent bien qu’ils sont fumeurs pour pouvoir acheter des produits de vapotage. Ça me parait compliqué à mettre en place…

Pour conclure, j’ai toujours apprécié les prises de positions de l’Académie de médecine, souvent courageuses et pragmatiques. Mais sur ce coup-là, je suis franchement déçu qu’ils n’aient pas mieux creusé le dossier car leur analyse est clairement biaisée par ce qu’ils pensent savoir et qui est faux. Je me demande comment cela a pu arriver. C’est inquiétant.

Bonus

Voici un échange de mail avec Philippe POIRSON et son avis sur la question. Il m’a autorisé à le publier :

Est-ce vraiment cohérent de demander de nouvelles restrictions parce que celles existantes ne sont pas appliquées ? La vape, puff ou non, est interdite de vente aux mineurs, et les produits de vape à un taux sup’ à 20 mg/ml sont interdits de vente même aux majeurs. Des taxes ou le paquet neutre favorisent le marché noir, qui est au moins en partie (et totalement en ce qui concerne les dosages au dessus de 20 mg/ml), la source de ce que l’Académie déplore concernant la puff. La demande de contrôle renforcé du respect de l’interdiction de vente aux mineurs est cohérente dans son cadre, mais elle ne résoudrait pas le problème de marché noir que l’Académie relève (ou révèle?) en disant qu’il y a des puffs à 50 mg/ml dans les mains des ados en France.

Je trouve bizarre ce principe bureaucratique de croire qu’on corrige la mauvaise application d’une loi en faisant d’autres lois ayant toute les chances d’être aussi mal appliquées.

Son raisonnement sur le « doublement » de la demande de puffs qui ferait augmenter, ou ralentir la baisse, du tabagisme des jeunes me paraît spécieux. C’est balancé avec suffisamment de flou pour que ce ne soit pas vérifiable. Comme je le comprends (mais c’est flou alors…), l’Académie postule que le niveau d’expérimentation de vape à 17 ans atteindrait 100 % (puisqu’il dépasse les 50 %, en le doublant…). Ce faisant, il ne semble pas prendre en considération la question des facteurs de vulnérabilité qui font qu’une extension de l’expérimentation ne serait pas suivi d’une homogénéité d’effet (plus le noyau de jeunes a expérimenter la vape est étroit, plus leur profil de facteurs de risques est proche des expérimentateurs de cigarettes, en s’étendant à la totalité des adolescents, ces facteurs de risques se dilueraient et il y aurait moins de passage vape-cigarette).

« Si cette tendance [de la baisse du tabagisme adolescent] se poursuit, l’objectif d’une quasi-disparition du tabagisme en France en 2030 serait atteignable » mériterait un instant de réflexion des auteurs. Leur projection prend le rythme sans précédent de baisse du tabagisme ados entre 2014 et 2017 (- 7ppts de tabagisme quotidien des 17 ans en 3 ans, si on projette cela mettrait le tabagisme quotidien des 17 ans à ~4% en 2030). Mais à quoi est due cette chute ? Parce que les années auparavant ce n’est pas du tout ce rythme, c’était même en hausse légère depuis 2008. Il y a de bonnes raisons pour évoquer le rôle de la vape à partir de cette date, notamment parce qu’on constate le même phénomène dans d’autres pays. Les hausses de taxes sur le tabac sont intervenues à partir de 2017, tout comme le paquet neutre… Graphique from (p.20) : https://www.ofdt.fr/publications/collections/thema/escapad-20-ans-dobservation-des-usages-ladolescence-thema/

OFDT tabagisme et vapotage chez les jeunes en France

 

 

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