Réglementation, sécurité, publicité, jeunes, industrie du tabac, normes, formations, statut de la vape… Voici les résultats du questionnaire sur le vapotage en France.
Comme souvent, j’ai lancé ce questionnaire sur un coup de tête. Je l’ai ouvert le 27 décembre jusqu’au 1er janvier à minuit. L’idée m’est venue en travaillant sur un brouillon d’article pour le début d’année où je voulais lister les « grandes questions » sur le vapotage en France. Bien entendu, j’ai un avis sur chacune de ces questions, mais il m’a semblé tout à coup intéressant de faire une consultation plus large qu’avec moi-même.
Méthode
Le questionnaire a été réalisé sur Google Form pendant 4 jours. Il a été diffusé via les réseaux sociaux sur le Facebook de VAPYOU, et simultanément sur d’autres groupes (Les vapoteurs, Frenchy Vape, La Tribune du Vapoteur, la communauté AIDUCE et Vape Info Service), sur le Forum e-cigarette et sur mon Tweeter.
Il y a eu 991 réponses enregistrées. Google Form ne peut pas garantir que certaines personnes n’aient pas répondu plus d’une fois. Cependant la rapidité de la diffusion et de l’arrivée des réponses permet d’écarter une influence massive de réponses multiples. Par ailleurs, je lance régulièrement des mini-sondages sur Facebook sur lesquels il est impossible de répondre plus d’une fois, et j’atteins toujours ce nombre de réponses à env. 1000. Les résultats sont donc solides et représentatifs de l’audience ciblée.
Toutes les réponses aux questions étaient obligatoires, les résultats ont été consolidés sous forme de graphiques avec une représentation en pourcentages. Le modèle est toujours le même, face à une affirmation, le répondant indique s’il est « tout à fait d’accord », « assez d’accord », « sans avis », « pas trop d’accord » ou « pas du tout d’accord ». Un système de couleurs, bleu pour globalement d’accord et orange pour globalement pas d’accord, permet de lire rapidement la tendance. Le gris est utilisé pour les « sans avis » qui sont tout aussi significatifs.
Profil des répondants
Les trois questions en introduction ont permis d’établir le profil des personnes qui ont répondu. Sans surprise vu les canaux de diffusion, les répondants sont essentiellement des vapoteurs à 99%.
Par ailleurs, ils sont 94% à ne plus être fumeurs. Cela ne correspond pas aux chiffres connus en population sur la répartition entre vapoteurs exclusifs et vapofumeurs. Cela caractérise bien le profil des répondants. C’est à nouveau logique avec les canaux de diffusion du questionnaire, nous avons à faire à des vapoteurs expérimentés pour qui la vape a été un outil efficace pour arrêter de fumer.
Comme je pressentais ces profils avant de lancer le questionnaire, j’ai glissé une troisième question pour connaître leur relation au vapotage. En effet, aujourd’hui, il y a un débat sur le rôle de la vape. Doit-elle servir uniquement à arrêter de fumer, ou peut-elle être aussi, voire seulement, un objet de plaisir ?
Pour la grande majorité des répondants, c’est les deux. Notons que pour près d’un quart, vapoter n’est qu’une question de plaisir.
J’avoue me trouver dans cette catégorie. Après plus de 6 ans sans fumer, je pense que je ne vape plus que par plaisir (geste, hit, vapeur et nicotine, dont je suis pleinement conscient d’être probablement dépendant). Croiser un fumeur ne me fait plus du tout envie et j’évite les zones fumeurs que je trouve très désagréables. J’évite aussi mon ascenseur quand je croise une de mes voisines dans le hall, son parfum et surtout la quantité qu’elle met, me donne des hauts le cœur, pire que l’odeur de la clope.
On peut donc considérer que les répondants à ce questionnaire sont des vapoteurs expérimentés, non seulement parce que, pour la plupart, il ne sont plus fumeurs, mais aussi parce que le plaisir est un facteur prépondérant, signe d’une pratique assumée.
Ils sont aussi probablement bien documentés sur l’actualité et les débats sur le vapotage, un sujet qui les intéresse puisqu’ils passent du temps sur les réseaux sociaux spécialisés.
Contexte : une pagaille totale
Le gouvernement actuel a rompu tout dialogue avec les spécialistes du vapotage, qu’ils soient professionnels ou consommateurs. Le Groupe de Travail Vapotage qui se réunissait tous les trimestres à la DGS a été sabordé par la ministre Agnès BUZYN au prétexte que la question du vapotage pouvait être traité dans le cadre du PLNT.
Malheureusement cette réunion, qui n’a lieu que deux fois par an, laisse peu (voire pas) de place à la vape et de nombreuses parties prenantes en sont écartées (l’association SOVAPE n’essuie que des refus depuis deux ans à ses multiples courriers de demande pour y participer). Les anti-tabac ont fait main basse sur le PNLT afin de rester seuls à parler de lutte contre le tabagisme et, de facto, du vapotage. Ils se désignent eux-mêmes « spécialistes » alors qu’ils ne fondent souvent leurs avis sur des idées reçues, parfois simplistes, voire des fantasmes. Ainsi, ils n’hésitent pas à mentir sur la question de la passerelle vers le tabac pour les jeunes alors que ce phénomène est catégoriquement contredit par toutes les données publiées, en particulier aux USA. Dernièrement leur nouvelle marotte est de refuser toute idée de plaisir à vapoter, l’outil ne devant être circonscrit qu’à l’arrêt du tabac et pour un temps d’usage limité, sans d’ailleurs aucune base scientifique ou médicale. Fin décembre, le président de l’Alliance Contre le Tabac, Loïc Josseran, s’est même permis de signer un communiqué ordurier vis-à-vis de l’Académie de médecine qui cherchait à rassurer la population sur le vapotage. L’été dernier, il s’était également illustré sur France 2 en déclarant qu’on avait trouvé de l’antigel dans les e-liquides, allégation complètement fausse et très anxiogène pour la population, on peut facilement imaginer que de nombreux fumeurs entendant cela ont décidé de ne jamais essayer la vape.
Les nombreuses questions et « débats » qui entourent le vapotage sont donc livrés à la pagaille totale et la population n’a plus aucun repère entre vérités établies et mensonges ou déformations pour des raisons politiques ou idéologiques. Les résultats de ce questionnaire livrent donc l’avis de ceux à qui ont ne donnent jamais la parole et qui sont pourtant les meilleurs spécialistes du vapotage : les vapoteurs. Et en particulier ceux qui suivent de près l’actualité, qui s’intéressent au vapotage pour leur propre compte mais aussi à des fins de santé publique et de politique, comme on pourrait être sensible à mille autres sujets.
« Rien sur nous, sans nous ». Cette formule est adoptée par de nombreux collectifs citoyens. Elle résonne chez les patients experts et sur les groupes d’auto-support. Sans les consommateurs, jamais la vape n’aurait pris un tel essor. Le vapotage n’est pas venu des sachants ou des autorités de santé, il vient de la base, de ces fumeurs qui ont apprivoisé un outil et l’ont développé. On le verra ci-dessous, les vapoteurs ne sont pas des rêveurs inconscients, bien au contraire, leurs points de vues sont très pragmatiques et très exigeants, fondés sur l’expérience et la profonde connaissance de leurs pratiques.
Les résultats de ce questionnaire sont donc de première importance. On imagine dans une démocratie qui se vante d’écouter la société civile, qu’ils seront consultés et pourront contribuer à (enfin) rouvrir un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes et dans l’intérêt de la santé publique en France.
Préambule
J’essaie de commenter à minima pour contextualiser les questions et les résultats. D’une manière générale, il est tout à fait remarquable de constater que la plupart des réponses sont très tranchées avec de larges majorités. Le nombre de questionnaires remplis (991) laisse donc à penser que les avis qui ressortent sont relativement unanimes et même que certaines questions ne font déjà plus vraiment débat dans l’esprit des vapoteurs expérimentés et documentés.
Q1 – Limitation à 10 ml des e-liquides avec nicotine
Cette limitation du flaconnage à 10 ml pour les e-liquides avec nicotine a été instaurée en 2017 par l’application de la TPD européenne transposée dans la loi française. Cette réglementation a bouleversé le marché aussi bien pour les consommateurs qui se cantonnaient aux liquides « tout prêts » que pour ceux qui s’adonnaient au DIY.
Entre les questions de prix et de réglementation sur la nicotine (voir question suivante), une nouvelle catégorie de produits est apparue : les pre-mix (ou shake & vape). Ce sont des bouteilles qui dépassent les 10 ml mais sans nicotine, et les consommateurs rajoutent des « booster » de nicotine. Cette pratique complique le calcul de la dose de nicotine et a tendance à faire baisser les taux de nicotine dans les liquides. C’est un phénomène qui peut souvent être problématique chez les débutants qui sont en phase d’arrêt du tabac et pour qui un apport suffisant en nicotine est essentiel pour réussir.
Avant 2017, le DIY consistait à acheter de la base PG/VG déjà nicotinée. Tous les taux étaient disponibles du zéro au 20 mg/ml et en grands formats jusqu’à 1 litre. Il suffisait de rajouter entre 10 et 20% d’arôme concentré sans avoir à faire aucun calcul compliqué pour le taux nicotine. La pratique du DIY permettait de vapoter à très bas coût.
Les raisons de la limitation des flacons à 10ml sont très obscures. La légende voudrait que ce soit une influence de la pharma ou de l’industrie du tabac, voire de gros acteurs de la vape. Officiellement, l’explication tient à la « sécurité » notamment en cas d’ingestion accidentelle.
NOTA : je regrette d’avoir oublié de poser une question sur l’environnement car cette réglementation à un impact désastreux sur la consommation de plastique, que ce soit en nombre de flacons et surtout en nombre de bouchons. Autoriser des flaconnages à 50 ml permettrait déjà de diviser par deux la quantité de plastiques souillés et difficilement recyclables à cause de la nicotine.
Effectivement, on se demande bien en quoi un flaconnage au-delà des 10 ml pourrait créer le moindre danger pour les consommateurs ou pour leur entourage. Médicaments, produits d’entretien, cosmétiques, jardinage, bricolage… les grandes contenances sont partout dans nos maisons pour des produits beaucoup plus dangereux que du e-liquide.
A l’inverse, certains « acteurs » comme l’industrie du tabac ne cessent d’essayer d’influencer les pouvoirs publics pour éradiquer les systèmes ouverts ou promouvant l’idée que les cartouches scellées seraient plus sûres pour les consommateurs.
Hormis la question du coût (au moins 3 fois plus cher au ml) et d’environnement (création désastreuse de déchets composites non-recyclables), rappelons que les problèmes causés aux USA ont été créés par des truands qui ont conditionné justement des cartouches scellées. Le problème ne vient donc pas du contenant, mais plutôt du produit et de son fabricant.
Personnellement, je préfère vaper des e-liquides venant d’indépendants avec un système ouvert plutôt que des capsules fabriquées par l’industrie du tabac en qui je n’aurai jamais confiance. Dans un autre registre, j’achète mon café en vrac chez un torréfacteur plutôt que d’utiliser des capsules car, outre la question du prix, je me suis (aussi) renseigné sur leur composition…
À une majorité écrasante de 83% pour et seulement 10% contre, les vapoteurs estiment donc qu’il faut supprimer cette limite de 10 ml sur les flacons de e-liquides. On voit bien que cette limitation ne repose sur aucune raison sérieuse. Cette question est importante car elle pourrait ressurgir très vite avec la nouvelle TPD en cours de discussion à l’Europe. Reste à savoir qui en parle avec qui, sur quelles bases documentaires et sous quelle influence.
Q2 – Limitation à 20 mg/ml des e-liquides avec nicotine
La limitation du taux de nicotine est également liée à la TPD européenne transposée en loi française. La question de la toxicité de la nicotine a probablement influencé les décideurs, mais comme pour le flaconnage à 10 ml, les raisons « scientifiques » de la limitation restent très obscures. De nombreux vapoteurs « anciens » se souviennent avoir commencé la vape avec des taux beaucoup plus élevés, je n’en connais aucun qui en soit mort, ni même tombé malade.
Aujourd’hui, en démarrage, certains vapoteurs sont obligés d’additionner des substituts nicotiniques pour obtenir plus de nicotine et écarter la tentation d’une clope. C’est un phénomène couramment observé sur les groupes auto-support.
Élément remarquable sur toutes les réponses de cette partie du questionnaire, il y a toujours au moins 20% d’indécis. La question de la nicotine reste donc encore assez floue y compris chez des consommateurs experts. Le climat anxiogène qui l’entoure est très problématique compte tenu de son rôle primordial dans l’aide à l’arrêt de la cigarette.
Pour rappel, lors d’un sondage avec BVA réalisé au mois de septembre pour le Sommet de la Vape, l’association SOVAPE a révélé que 80% de la population française pensait que la nicotine est cancérigène. Les pouvoirs publics sont largement responsables de cette désinformation massive et inédite en santé publique, de même que les anti-tabac qui n’ont de cesse de créer la confusion entre dépendance à la nicotine (sans danger) et tabagisme (qui tue).
La consommation de nicotine s’exprime à tort avec le taux. En fait, il vaudrait mieux parler de valeur absolue. Ainsi quelqu’un qui vape en 6mg/ml de nicotine aura besoin de consommer plus de 3 flacons de 10 ml pour arriver à l’équivalent de quelqu’un qui vape un seul flacon de 20 mg/ml.
Avec les nombreux matériels existants sur le marché et les sels de nicotine, il est tout a fait possible de vaper du 20 sans qu’il paraisse plus fort en hit que du 6. Donc de consommer moins, et faire des économies.
Comme je le rapelle plus haut, de nombreux vapoteurs de la première heure ont commencé avec des e-liquides bien au-delà de la limite à 20mg/ml et sans aucun désagrément. Pour ma part, je vape du 30 voire du 40 quand je suis au bureau, ça me permet de consommer beaucoup moins et d’avoir les mains plus libres. Je me procure ces dosages aux USA, et avant la TPD j’avais fait une réserve de nicotine en 200 mg/ml pour faire mes mélanges. Je vais très bien aussi.
Comme pour les flacons à 10 ml, une grande majorité des vapoteurs experts estiment qu’il faudrait supprimer la limitation à 20 mg/ml. À savoir qu’au-delà du besoin en nicotine pour certains fumeurs pour qui un dosage plus fort serait indiqué, le fait de relever le taux rendrait le 20 beaucoup moins « anxiogène ». En effet, de nombreux débutants, surtout s’ils sont mal conseillés, démarrent à 6 voir à 3 simplement parce que le « maxi » leur fait peur.
Q3 – Propagande et publicité
Il y a quelques semaines, le spécialiste Clive Bates publiait un billet pour dénoncer l’absence de promotion positive du vapotage. Il expliquait que cette situation était comparable à celle où l’on découvrirait un remède miracle contre les cancers mais qu’on ferait tout pour éviter d’en informer la population.
Les vapoteurs en France n’en pensent pas moins. Toutes les réponses ci-dessus sont extrêmement tranchées et particulièrement accablantes pour les pouvoirs publics. Dans quelques dizaines d’années quand les historiens reviendront sur notre époque ils dénonceront à coup sûr un véritable scandale sanitaire, les responsables, ceux qui influencent, ceux qui décident et ceux qui ne font rien, auront leurs noms associés pour l’éternité à des millions de morts qui auraient pu être évitées.
C’est un jugement écrasant. En interdisant la publicité sur le vapotage, on condamne des fumeurs à une mort certaine. Comment est-ce possible à notre époque et dans notre société « civilisée » ?
Pour autant, s’ils dénoncent massivement l’inconséquence des pouvoirs publics, les vapoteurs s’accordent pour une approche « responsable » de la publicité.
Rappellons que lorsque Agnès BUZYN a décidé de saborder le Groupe de Travail Vapotage à la DGS, les questions de la propagande et de la publicité étaient à l’ordre du jour et commençaient à être discutées de manière très constructive. En théorie aujourd’hui, l’Académie de médecine qui indique dans son communiqué du 12 décembre 2019 que les fumeurs ne doivent pas hésiter à essayer la vape, pourrait tomber sous le coup d’une amende de 100 000 € pour « propagande » !
Méa culpa, j’aurais dû scinder la question suivante en deux. C-à-d « favoriser l’industrie du tabac sur le marché de la vape » et « favoriser l’industrie du tabac sur son activité historique, à savoir les cigarettes ».
Drogues, alcool, tabac, réduction des risques… la politique menée en France est déplorable pour ne pas dire pathétique. Les décisions à l’exact contraire du bon sens renseignent bien sur l’influence des lobbys et le niveau d’intégrité des pouvoirs publics vis-à-vis de la population et de sa santé.
Pour rappel, dans les années 2013 / 2014 au moment ou le marché de la vape a explosé, les ventes de substituts nicotiniques se sont écroulées de plus de 50%. Même si c’est fondamentalement une bonne chose d’aider les fumeurs à accéder plus facilement aux outils d’aide, on peut se demander ce qui a motivé (aussi) les pouvoirs publics à augmenter les niveaux de remboursement tout en fermant au maximum les portes au vapotage.
Comment imaginer que promouvoir une solution de sortie du tabagisme provoquerait une « renormalisation » du tabac et relancerait sa consommation ? Les anti-tabac s’accrochent pourtant depuis des années à ce fantasme pour influencer les pouvoirs publics.
Il est incompréhensible que le vapotage soit interdit de communication comme si c’était du tabac alors que c’est justement son meilleur ennemi.
Q4 – Vente aux mineurs
Les jeunes ! Voilà LE sujet qui attise toutes les crispations autour du vapotage et qui suscite malheureusement les plus gros fantasmes et mensonges. Les anti-tabac en particulier ne cessent de répandre l’idée que le vapotage est une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes. Mais c’est totalement faux, toutes les données concordent, le tabagisme juvénile n’augmente pas depuis l’essor du vapotage, et même, il baisse encore plus vite qu’auparavant.
En France, nous avons 25% des jeunes de 17 ans qui sont fumeurs quotidiens. C’est une honte quand on compare à de nombreux autres pays. Mais malgré cela, les anti-tabac refusent catégoriquement d’évoquer le vapotage comme une solution à étudier. Il se font en cela les meilleurs alliés de l’industrie du tabac qui cible en priorité les jeunes.
Dans une interview consacrée le 21 décembre 2019 à LCI, je cite Loïc Josseran, le président de l’Alliance Contre le Tabac et qui parle au nom de 25 organisations : La cigarette électronique ne peut être conseillée qu’aux « fumeurs qui ont envie de s’arrêter, et seulement eux. Surtout pas aux jeunes sous prétexte que s’ils vapotent, ils ne fumeront pas, c’est débile », dénonce-t-il.
Débile. Faisons simple. 75% des vapoteurs qui ont répondu à ce questionnaire sont donc des « débiles ».
Si j’avais commencé par vaper au lieu de fumer, serais-je devenu fumeur, et surtout à l’âge de 12 ans ? Sujet tabou, positions idéologiques, il y a encore des gens qui pensent, et malheureusement souvent des décideurs, que si on essaie le cannabis on va forcément finir par se piquer à l’héroïne… Pour ma part, la consommation de cannabis m’a surtout évité de boire trop d’alcool.
Les « sachants » et les « pseudo-spécialistes » estiment que de réfléchir à une autre réglementation pour les jeunes n’est pas utile et serait même dangereux. Tant qu’ils fument, au moins, on sait à quoi s’en tenir… N’oublions pas surtout que l’industrie du tabac soutien à fond l’idée de restreindre l’accès au vapotage pour les jeunes.
En posant la question suivante, j’étais persuadé d’avoir des réponses contraires à ce résultat. Je suis donc étonné, et plutôt satisfait, je ne sais pas pourquoi, mais j’avais la sensation de faire partie d’un cercle très limité sur ce genre d’approche.
Alternative à la question précédente. Mauvaise solution à mon égard mais qui aurait au moins l’avantage d’adresser un message clair à la population, la vape c’est PAS PAREIL que la cigarette !
Q5 – Réglementation pour les e-liquides
Sujet très compliqué qui se traduit à nouveau par de nombreux « sans avis » dans les réponses. Moi même j’ai des difficultés avec certaines subtilités, j’en ai encore discuté pendant plus d’une heure la semaine dernière avec Claude Bamberger. En qualité de président de l’AIDUCE, il suit et participe à ces questions de réglementation depuis de nombreuses années, c’est un expert.
Sans m’embarquer dans trop d’explications au risque de faire des erreurs, je tiens à préciser un point très important. En effet, ces derniers temps, les médias et certains spécialistes, voire des autorités, ont répandu l’idée que notre réglementation en France avait permis d’éviter les problèmes de la « crise américaine ». C’est faux. Aux USA, il n’y a eu aucun soucis liés aux produits conventionnels. En France, nous avons simplement eu la chance que des bandits n’aient pas eu l’idée de fabriquer des produits frelatés et mortels. Ça aurait très bien pu arriver et ça pourra arriver demain.
Donc, pour tous les vapoteurs, il suffit de bien se cantonner aux e-liquides vendus chez les spécialistes et il n’y aura aucun problème. Accessoirement, on peut rebondir sur les questions précédentes concernant les jeunes… Aujourd’hui, où peut se fournir un gamin de 16 ans qui fume ou qui veut simplement essayer la vape (au lieu d’essayer une cigarette), si il n’a aucun adulte à qui en parler ?
Donc, nulle part dans le monde, il n’y eu de problème avec des e-liquides destinés au vapotage standard, que ce soit avant ou après que des réglementations spécifiques soient apparues. Avant la TPD qui impose désormais le dépôt des eliquides (à l’ANSES pour la France), une réglementation en Europe faisait déjà le « job » pour détecter d’éventuels mélanges dangereux. C’est ce que m’a expliqué Claude, il s’agit de la CLP et de la base REACH relative à la classification des produits. C’est là-dessus que peut se baser notamment la DGCCRF pour effectuer des contrôles sur tous types de mélanges.
Le dépôt à l’ANSES depuis 2017 est donc une procédure spécifique au vapotage. C’est uniquement déclaratif (composition, analyse). L’ANSES n’est pas très claire sur les contrôles. Toujours est-il que sauf à les demander, elle n’a pas accès aux produits directement. Difficile d’imaginer que les plus de 25000 produits déposés aient été analysés en laboratoire par l’ANSES, même si elle doit théoriquement réagir si elle constate dans les compositions déclarées des produits dangereux en se basant justement sur la CLP.
La réglementation impose uniquement le dépôt des eliquides avec nicotine, tout les autres y échappent, notamment la profusion des « shake and vape » qui se sont développés pour proposer des contenants plus grands que le 10 ml et qui sont destinés à être « boosté » avec des petits flacons de liquides qui contiennent de la nicotine (les booster).
La norme AFNOR est une initiative volontaire de certains fabricants, y compris de l’industrie du tabac. Elle est établie par un groupe de travail très éclectique, y compris les consommateurs avec l’AIDUCE, mais aussi d’autres organisations de consommateurs, c’est le Pr Dautzenberg qui a présidé le groupe. Il est utile de préciser que si la composition des produits est un des axes de la norme sur les e-liquides (interdiction ou limitation de certains composants), d’autres paramètres importants rentrent en jeu, notamment tout le process de fabrication, approvisionnement, traçabilité. La norme est un référentiel et n’importe quel fabricant peut décider de la suivre. Il est même possible de l’afficher sur les produits sans pour autant être certifié. La certification est une autre étape qui consiste à faire la démarche pour valider par l’AFNOR la bonne application de tous les principes de la norme.
Il y a de nombreux débats entre fabricants et commerçants autour de la norme AFNOR, sur sa pertinence, sa valeur, son utilité et son coût pour les professionnels. Pour ma part, je travaille pour de nombreux domaines d’activité BtoB ou BtoC, j’entends toujours les mêmes arguments (valables et légitimes) chez les pro et les anti-normes. Quoi qu’on en dise, pour les vapoteurs qui ont répondu à ce questionnaire, la démarche est largement plébiscitée.
CLP, ANSES, AFNOR… Vu le climat anxiogène qui a été créé et qui est entretenu autour de la vape, le flou est total pour les consommateurs. Ce flou entretient la peur et c’est un tapis rouge pour tous les détracteurs surtout quand ils sont de mauvaise foi. Même si la littérature scientifique est très rassurante, rien n’empêche d’essayer de faire mieux et mieux que mieux, le vapotage nécessite sûrement une approche spécifique. Claude Bamberger me signalait par exemple que le fameux Acétate de vitamine E n’est pas classé en produit risqué par inhalation dans la CLP parce qu’elle n’est pas prévue pour la vaporisation. De même, utiliser des machines à fumer pour tester de la vapeur est une aberration pour de nombreux spécialistes. Etc.
Q6 – Formation et certification des boutiques
J’ai déjà entendu des patrons de boutique dire qu’il ne recrutaient que des vapoteurs, même si c’est une forme de discrimination à l’embauche. Leur argument ? Il faut savoir de quoi on parle.
Depuis plus de 10 ans que la vape existe de nombreuses connaissances se sont accumulées. Par ailleurs, on entend encore souvent des personnes qui disent avoir échoué l’arrêt de la cigarette avec la vape, mais quand on commence à poser quelques questions, on se rend compte qu’ils ont bien souvent été terriblement mal conseillés…
Chez les professionnels, on rejoint là les mêmes questions et débats que pour la norme AFNOR. Et ici aussi, pour les consommateurs, la constitution de « repères » semble prévaloir.
Éternel débat là aussi entre buralistes et boutiques de vape spécialisées. C’est assez surnaturel de vendre le poison et l’antidote au même endroit. Et complètement sordide de se dire qu’un vapoteur qui ne réussira pas à arrêter de fumer restera quand même client, et avec le sourire.
Je ne vois pas vraiment comment il serait possible d’écarter juridiquement les buralistes du marché de la vape. Ils vendent aussi des bonbons pour les enfants, nos chérubins sont donc exposés à l’univers tabac dès leur plus jeune âge.
Il semblerait néanmoins que de nombreux fabricants indépendants se soient organisés pour éviter les effets de dumping chez les buralistes (prix plus bas), par contre l’État continue de financer le développement de la vape dans les civettes via les fonds de transformation. C’est totalement injuste pour les boutiques de vape spécialisées qui sans même parler d’argent n’ont aucune reconnaissance des pouvoirs publics.
Pour l’instant, le choix revient au consommateur, en son âme et conscience et sur la qualité de service.
La question est mal posée, j’espère que les répondants ont bien compris que je voulait parler d’une réglementation pour les commerçants. En effet, certaines professions ne peuvent s’exercer qu’avec des diplômes ou des habilitations. C’est d’ailleurs le cas des buralistes, ils sont les seuls à pouvoir vendre du tabac. Peut-être d’ailleurs que les supermarchés feraient mieux le job en contrôlant vraiment les cartes d’identité et en cachant les rayons cigarettes dans des placards, ce qui est le cas dans de nombreux pays où on constate des taux de prévalence tabagique bien inférieurs à la France.
Q7 – Industrie du tabac
Pour l’industrie du tabac, la vape n’est pas un projet de santé publique. Ils ne s’y intéressent que dans les pays où les consommateurs commencent vraiment à leur échapper. Dernièrement j’ai lu un article sur le Maroc, le cigarettier qui se prétend aussi leader mondial dans la vape, a décidé de ne pas y commercialiser ses produits depuis plusieurs années au prétexte « qu’il attend une réglementation ». Les industriels du tabac cherchent à vendre le maximum de cigarettes et à se developper partout dans le monde. La vape n’est donc pour eux qu’un relais de croissance en mode défensif dans certains pays.
On l’a vu sur la questions des arômes, ils sont tout à fait favorables à l’idée de les réduire simplement aux saveurs tabac ou menthol. Tiens donc ! Que la vape reste au plus proche du tabac. Ils développent le tabac chauffé, même topo, réduction des risques certes, mais rester absolument dans le « goût » du tabac, que le consommateur ne s’éloigne pas trop, toujours prêt à le rattraper avec les clopes.
Sur le plan politique, l’industrie du tabac est un affreux épouvantail pour la vape. En ce sens, ils rendent la monnaie aux anti-tabac en leur servant sur un plateau l’argument qui tue : la vape n’est qu’un outil de l’industrie du tabac. Alliés un jour, alliés toujours. Il faut bien comprendre que la vape a ébranlé un éco-système tabac où tout le monde trouvait son compte, industrie du tabac, industrie pharma, états taxeurs, anti-tabac. Si le tabac disparait, tout s’écroule.
Si l’industrie du tabac lâchait la vape, ce serait un immense service rendu à la population. Mais ça n’arrivera pas, tout ce qui nuit à la vape lui rend service. Il suffit de regarder les cours de bourse des Big Tobacco depuis quelques mois avec la crise américaine…
Leur interdire ? C’est utopique. Mais comme pour la question des buralistes et des boutiques de vape spécialisées, le consommateur est roi. A chacun de décider en son âme et conscience, même ce n’est pas toujours facile car les industriels du tabac commercialisent leurs produits de vapotage « incognito ».
De nombreux consommateurs vapotent du Big Tobacco sans le savoir. Pour ceux qui veulent absolument aider l’industrie du tabac et qui souhaitent les financer, j’ai trouvé ce site qui répertorie toutes leurs marques et leurs produits : https://www.indevape.com/
Un label indépendant ! Voilà qui pourrait être très utile, aussi bien pour les consommateurs que pour les pouvoirs publics, que la distinction entre l’industrie du tabac et les indépendants soit bien nette et lisible.
Q8 – Statut du vapotage
Il n’y a aucune reconnaissance pour le vapotage en France. Le sujet est traité comme la peste par certains et complètement ignoré par les pouvoirs publics. Cette question sur la sécurité sociale est certainement aussi très utopiste et elle pourrait engendrer des complications avec le statut de médicament. Mais quid des mutuelles par exemple ? N’auraient-elles pas un intérêt à ce que leur clients restent en bonne santé et évitent de fumer ?
Réponses sans appel sur la question du plaisir et des arômes. Ni tabac, ni médicament, la vape est une alternative inédite. En plus de son formidable pouvoir d’aider les fumeurs à quitter la cigarette, c’est aussi tout simplement un plaisir.
Pour faire un parallèle, on pourrait parler du sport… Faire du sport, c’est se maintenir en bonne santé, mais c’est aussi un plaisir, est-ce que les deux sont incompatibles ? Qui a commencé le sport pour le plaisir et qui a commencé le sport pour améliorer sa santé ? En faisant du sport pour le plaisir, est-ce que ça ne peut pas être bon alors pour la santé ? En faisant du sport pour la santé, ne peut-on pas y trouver aussi du plaisir ?
Le vapotage est un nouveau paradigme. Intégrer ça intellectuellement est un pré-requis pour lui accorder la meilleure place qui soit dans notre société et dans l’intérêt de la santé publique.
Baisser la TVA pour rendre plus facile l’accès au vapotage et à l’arrêt du tabac ? Ha ha ha !! Pour rappel, la nouvelle TPD est en cours de discussion à l’Europe. Et il est plutôt question de taxer plus lourdement le vapotage.
Un des pans de l’omerta qui règne en France, il n’y a aucun suivi vraiment régulier sur le développement du vapotage. L’OFDT s’intéresse à tous les produits du tabac, aux substituts nicotiniques, aux médicaments et aux consultations de Tabac Info Service, mais rien sur le vapotage, à part de temps en temps un petit « avis » dans les commentaires des tableaux de bord.
Heureusement que Santé Publique France réalise quelques études sur le vapotage afin que l’on s’en fasse quand même une petite idée, mais les derniers chiffres dont on dispose ne remontent qu’à 2017. A l’échelle du vapotage, c’est une éternité et c’est pathétique.
Cela fait plus de 4 ans maintenant qu’il n’y a plus aucun rapport officiel sur le vapotage en France. C’est une démarche absolument nécessaire lorsque l’on constate les résultats des derniers sondages sur la perception totalement fausse de la population : sondage BVA pour SOVAPE.
Bien évidemment, un nouveau rapport devrait prendre en compte toutes les dernières études sur la vape et bénéficier des contributions de toutes les parties prenantes, notamment pour assurer une lecture honnête et équilibrée de la littérature.
Conclusion
Merci beaucoup à toutes les personnes qui ont pris le temps de répondre à ce questionnaire. Les « 8 questions » en étaient en fait 45 réparties sur 8 thèmes. Et il y aurait de nombreuses autres questions à se poser, j’en ai oublié et j’en ai écarté. Le vapotage est un sujet complexe et un enjeu majeur pour la santé publique. Le silence actuel des autorités et l’arrêt total de tous les travaux et des discussions est inacceptable. Depuis 2017, le sujet est complètement à l’abandon, l’image de la vape s’est complètement dégradée sous les coups de boutoir des médias sensationnalistes et des anti-tabac extrémistes, et ce sont les fumeurs qui payent (euphémisme… ou pas) !
J’avais deux objectifs avec ce questionnaire. D’un point de vue général, je voulais montrer que ceux qui s’intéressent au sujet, en l’occurence, les vapoteurs, ne sont pas dupes. Et donc livrer leurs points de vue en place publique. Un jour viendra où il faudra rendre des comptes et ceux qui pensent que « n’avoir rien fait » pourra les absoudre de toutes leurs responsabilités se mettent vraiment le doigt dans l’œil. Partout dans le monde, des individus et des organisations, veillent, surveillent, étudient, commentent, échangent et consignent une masse phénoménale d’informations et de pièces à conviction. Vapotage. Antidote et/ou remède à la cigarette. Avec le tabagisme, nous parlons de la première cause de morts évitables, 1 milliards sur le siècle en cours, le plus grand génocide de notre civilisation.
D’un point de vue personnel, je suis globalement sur la même ligne que toutes les réponses. Ça me rassure et me fait plaisir, car si je pense évidemment être raisonnable sur mes avis, cela renforce mes convictions et me donne du cœur à l’ouvrage.
En espérant que ce questionnaire sera utile. Certains aspects auraient sans doute mérité plus de développement, alors n’hésitez pas à vous servir des commentaires pour donner votre avis, prolonger ou étayer certains points.
Merci Sébastien pour cette analyse, très intéressante
Et pour le temps consacré.
Bravo pour cette analyse et le temps passé à la rédaction de l’article. Vision super intéressante, je partage bien sûr. Les 70 000 morts par an seront malheureusement toujours là dans les années à venir, et en toute impunité. Ce monde fait froid dans le dos.
75 000 morts chaque année en France, zéro dialogues avec nos autorités.
Bon bin, bonne vape aux survivants hein!
Good job Sébastien
Sauf s’il y a eu des doublons, mais peu probable, ce sondage vaut n’importe lequel de chez IFOP ou BVA avec 991 participants. J’étais passé à côté de la déclaration de Josserand à propos de l’antigel pour voiture. 5 après, il en est encore là ? Oui, il y a du Propylène Glycol dans l’antigel pour voiture. Il y a aussi de la Glycérine Végétale. Et alors ? Il y a de l’huile d’olive dans le (vrai) savon de Marseille. Et on avale de l’huile d’olive toute sa vie et c’est même plutôt bon pour la santé. Est-ce qu’on mange du savon ? Il est quoi à la base lui ? Soit il est mauvais, auquel cas, il vaut mieux qu’il change de boulot, soit il ment effrontément, ce qui est pire.
Bonjour,
Vous parler de propylène glycérol dans l antigel, alors oui il y en a comme dans la nourriture industriel, mais il ne faut pas confondre propylène glycérol et éthylène glycérol qui lui est dangereux et qui est présent dans l’antigel !
Un super boulot de titan..merci