C’est le buzz du moment. La mode des puffs se répand dans tous les médias, et affiche le vapotage encore, et seulement, comme un problème. Danger ? Mais est-ce aussi simpl(ist)e ?
Quand j’étais petit, j’entendais toujours mes parents et mes grand-parents dire que ce qu’il se passait aux USA était un présage de ce qui allait arriver chez nous. Supermarché, culture, business… c’est pas si faux.
Ce matin, le Pr Dautzenberg a publié un tweet. Voici son commentaire : 👏Lutter contre l’épidémie de PUFFS qui touche les ados, mais 🔎ne pas oublier que c’est aux USA où l’épidémie de vape a été la plus forte que la consommation de tabac a le plus chutée et observer que cette épidémie de vape est passagère, elle s’effondre ↘️depuis 2 ans aux USA.
Épidémie pédiatrique
Les anti-tabac vont être contents, j’utilise leurs éléments de langage possiblement fournis par une agence de relations publiques payée à prix d’or sur les subventions publiques qui devraient être consacrées à la (vraie) lutte contre le tabagisme.
Les puffs sont donc le nouveau joujou des anti-tabac pour, encore et comme toujours, ne parler de la vape que comme un « problème ». Quitte à inventer pour effrayer, cette interview du président de l’Alliance Contre le Tabac (je n’utilise pas l’acronyme anglo-saxon parce que je ne comprends pourquoi on parle en anglais à la population française quand on est financé par l’argent public français pour lutter contre le tabagisme en France, je trouve ça sectaire), Loïc Josseran, est une belle illustration : Phénomène des « puff » : « On est face à une épidémie pédiatrique », alerte le président de l’Alliance contre le tabac.
Sans compter l’absence totale de recul pour réfléchir un peu, ce médecin* nous révèle (c’est une première mondiale !) que la nicotine rend ivre…
Si les vapoteurs sont assez habitués à ne pas prendre au pied de la lettre tous les délires et rumeurs sur la vape et la nicotine, quid des fumeurs qui choisissent les substituts nicotiniques, les femmes enceintes… Mon Dieu, ça rend ivre, c’est comme de l’alcool !
* Rappel de l’article R.4127-13 du code de la santé publique : Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d’une cause qui ne soit pas d’intérêt général.
Phénomène de mode
Ces dernières années, on a beaucoup entendu hurler les anti-tabac à propos de l’épidémie de vapotage aux USA. Une vraie catastrophe, ça ne faisait que se répandre, les jeunes américains étaient de plus en plus nombreux à vapoter.
Dans cette vidéo, un médecin** en France prophétise une épidémie qui menace les pays occidentaux et qui se prépare à être mondiale, d’une expérimentation, d’une invasion sur les adolescents américains… Vraiment, ça fait flipper à max ! Prenez les 5 minutes pour regarder toute la vidéo, c’est du haut vol. La vape est même comparée à la cocaïne !
Mais les faits sont têtus. Voilà le graphique que le Pr. Dautzenberg commente dans son tweet :
L’horrible épidémie n’a donc pas lieu. Le phénomène de mode pour la vape est largement retombé. L’auteur du graphique a aussi eu la belle idée d’utiliser une échelle qui montre bien le nombre de jeunes qui ne vapent pas, soit 9 adolescents sur 10.
** 2e rappel de l’article R.4127-13 du code de la santé publique : Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d’une cause qui ne soit pas d’intérêt général.
Et le tabagisme ?
Alors que les projecteurs ne se braquaient que sur l’épidémie pédiatrique, le tabagisme des jeunes aux USA a plongé. C’est toute l’histoire du vapotage, simple après tout : le remplacement. Au lieu d’expérimenter la clope, les jeunes essayent plutôt le vapotage.
Mais alors que les anti-tabac sont persuadés et veulent persuader tout le monde que ça les conduit à fumer, ça n’arrive pas. Paf le tabagisme ! Cet article explique très bien le phénomène, avec des vrais chiffres et des vraies études, pas des fantasmes ou des intuitions : Sans la vape, le tabagisme des ados américains serait beaucoup plus élevé.
Certains diront peut-être que la baisse du vapotage chez les jeunes aux USA a été endiguée grâce aux actions salvatrices des anti-tabac qui ont lutté contre (l’épidémie de vapotage), mais aussi, il commence à y avoir des signaux comme quoi le tabagisme, le vrai, revient à la mode : That cloud of smoke is not a mirage. Cigarettes, once shunned, have made a comeback with a younger crowd who knows better.
Une épidémie pédiatrique ou une opportunité de faire baisser le tabagisme des jeunes ?
C’est compliqué.
Aux USA actuellement, même quand on additionne cigarette fumée + vape, on ne dépasse pas les 15 %. En France, les jeunes de 17 ans sont 30 % à être fumeurs (de vraies clopes).
Une étude de l’INSERM a montré que les jeunes qui expérimente la vapoteuse en premier ont 42 % de risque en moins de devenir fumeurs réguliers que si ils expérimentent la cigarette fumée en premier. C’est un gros progrès, mais c’est pas du 100 %. Et puis inciter les jeunes à vapoter, avec de la nicotine, est-ce bien la peine, dans l’absolu ?
Mais aussi, à lire dans cet article : « Lola, par exemple, ne se voit pas du tout fumer des cigarettes traditionnelles… »
Si on était intelligent, toutes les parties prenantes se réuniraient pour discuter, échanger, et réfléchir à quoi faire. Si on était intelligent, on commencerait déjà par arrêter de raconter n’importe quoi et d’utiliser le prétexte des jeunes pour justifier des mesures coercitives (taxes, restrictions d’arômes, prohibition dans certains pays…) qui entravent l’essor du vapotage au détriment des fumeurs. Parce qu’aujourd’hui, quoi qu’on en dise le vapotage est un des meilleurs outils de lutte contre le tabagisme, et même chez les jeunes, avec un effet rempart (tout le contraire de passerelle).
Personnellement, je regrette beaucoup que les puffs n’existaient quand j’avais 12 ans et que j’ai commencé à fumer.
Puffs : un mauvais produit ?
J’ai vu passer sur le groupe Facebook INFO VAPE une personne qui expliquait avoir acheté une puff par hasard dans un bureau de tabac et s’être mis ainsi au vapotage, et avoir arrêté de fumer. Elle est venue sur le groupe pour en savoir plus, et pour savoir si c’était un « bon produit ».
On a commencé par la féliciter pour son arrêt du tabac et en lui indiquant qu’elle ne craignait pas grand chose pour sa santé. C’est de la vape, donc beaucoup-beaucoup mieux que la clope. Mais on a aussi expliqué qu’elle pourrait aller dans une boutique de vape spécialisée pour s’équiper d’un meilleur matériel, plus efficace et plus économique.
Parce que effectivement, les puffs, c’est pas de la grande qualité. On ne voit pas le niveau du liquide, il y a un vrai risque de dry hit (pas agréable et toxique). Ramené au prix du millilitre, le coût est exorbitant, minimum 5 fois plus cher. La qualité de vape est parait-il très moyenne. Et enfin, c’est un non-sens écologique. Jeter une batterie, probablement souvent n’importe où (pollution) et qui n’a servi qu’une fois (gaspillage des ressources), c’est vraiment une ineptie.
Si la publicité sur la vape n’était pas interdite, ceux qui fabriquent des bons produits pourraient le dire. Mais remettre en cause cette réglementation n’est pas du tout à l’ordre du jour. Laisser les gens dans l’ignorance, c’est sans doute mieux.