Cette année, pour la Journée Mondiale Sans Tabac, l’OMS a décidé de communiquer sur l’environnement, mais dans les médias, on n’a pas vu que ça, les puffs ont refait surface et pas que…
L’OMS a donc célébré la Journée Mondiale Sans Tabac en communiquant sur la destruction de l’environnement par l’industrie du tabac. Je n’ai pas bien compris s’ils vilipendaient uniquement les multinationales privées qui représentent un peu moins de 50 % du marché mondial ou s’ils incluaient aussi les autres 50 % qui sont des États siégeant aux réunions top secrètes du FCTC, le bureau de lutte contre le tabagisme de l’OMS.
Bref. La campagne a largement été diffusée par les médias, bien alimentés par les agences de presse et relations publiques payés par l’institution. Ça se passe comme ça. Sur ce genre de sujet, ce ne sont pas les rédactions qui décident toutes en même temps d’en parler avec un incroyable hasard. Tout est fourni par les agences, les éléments de langage, les documentations, les chiffres clés et même certainement des articles déjà rédigés. Rien de nouveau sur la méthode, c’est ce qu’il faut faire, si on a l’argent bien sûr, pour faire passer un message, influencer. C’est mon métier, je connais les tactiques, je rêverais de gagner au loto et pouvoir claquer 5 millions d’euros pour clouer le bec des ayatollahs anti-vape avec une campagne qui tue (façon de parler). Je ne joue pas au loto…
Sur le fond, je n’ai pas suffisamment d’éléments en main pour porter un regard objectif sur les affirmations de l’OMS à propos des dégâts de la culture, de la transformation et du commerce du tabac sur l’environnement. Je sais juste que l’OMS déconne complètement sur la question du vapotage, la nouvelle mise à jour de ses positions à l’occasion de la Journée Mondiale Sans Tabac est désastreuse et honteuse pour ce que représente l’institution. À lire ici : OMS : la désinformation sur la cigarette électronique continue.
Je m’autorise donc un brin de scepticisme mais je veux pas créer de doute sans preuve. Tout ce que je peux en dire, c’est qu’il est assez regrettable de ne pas s’occuper de la priorité des priorités : les fumeurs. On parle quand même du plus grand génocide planétaire qui n’ait jamais existé. C’est pas bien de comparer, mais le Covid n’arrive pas à la cheville du tabagisme, dont les millions de morts sur déjà programmés sur les prochaines décennies. Et effectivement, c’est pas comparable parce que le tabagisme, c’est vraiment évitable. Si on le voulait.
AFP : un petit coup de sombrero sur la vape
En plus de la communication de l’OMS, à l’occasion de cette journée Mondiale Sans Tabac, on a vu passé de nombreux articles sur la prohibition de la vape au Mexique. C’est orchestré par l’AFP. Tout part d’une dépêche, directement copiée/collée sur les sites « pièges à clics », parfois avec un micro effort de changement de titre, parfois avec un journaliste qui brode un peu autour après une recherche express d’infos sur la vape rarement bien orientées, forcément tellement la profusion d’info négatives et anxiogènes inondent le web.
L’info est bien valide, c’est pas une fake news, le Mexique adopte une politique de prohibition totale du vapotage. En parallèle, pour la clope, c’est interdiction de fumer dans certains lieux publics. Le message est clair, vous pouvez fumer mais pas vaper. Une politique qui vise donc à maintenir le tabagisme.
Donc à part ne parler de la vape que quand c’est négatif, alarmiste ou anxiogène, on ne peut pas reprocher à l’AFP de mentir. Ça reste dégueulasse, mais on est habitué. Quand SOVAPE a diffusé il y a quelques mois un appel soutenu par plus de 100 médecins pour que la vape soit considérée face au fléau du tabagisme, ça n’a pas intéressé l’AFP, pas assez crade.
Protéger les 75 % de jeunes… qui ne fument pas
Pour cette Journée Mondiale Sans Tabac, on a aussi vu le sujet des puffs ressurgir. Les indices sont nombreux pour indiquer qu’il s’agit aussi d’une campagne coordonnée par des agences de communication professionnelles. La campagne a été lancée quelques jours avant la Journée Sans Tabac, principalement dans les pièges à clic sur le web, puis il y a eu des TV, toujours les mêmes « « spécialistes » qui prennent la parole, des éléments de langage soigneusement ciselés. Chapeau d’ailleurs pour la punchline « épidémie pédiatrique ». Dans l’esprit des gens, pédiatrique, ce sont les bébés. Donc quand un médecin parle d’épidémie pédiatrique, c’est vraiment puissant, ça fait vraiment très peur, on insinue qu’on va tuer des bébés, pourquoi pas en les faisant bouillir dans des marmites de nicotine.
Le drame des puffs, cette épidémie pédiatrique a donc bénéficié d’une très belle couverture médiatique à l’occasion de la Journée Mondiale Sans Tabac. Les mauvais esprits pourraient se dire que les vendeurs de puffs (qui n’ont pas droit de faire de la pub) sont probablement ravis, s’ils restaient encore des jeunes qui n’avaient pas compris que c’est la mode, cette campagne de communication leur donne à nouveau un joli coup de pouce. Bien sûr ce n’est pas le but de la campagne…
25 % des jeunes de 17 ans sont fumeurs quotidiens. Mais c’est pas grave. L’important c’est de faire campagne contre la vape. Pour protéger les 75 % de jeunes qui ne fument pas. C’est ça la priorité. Que les jeunes n’essayent surtout pas la vape. Pas un mot pour leur dire de ne surtout pas essayer la cigarette. Non, l’important c’est surtout pas la vape, c’est là-dessus qu’il faut insister et focaliser l’attention de la population (épidémie pédiatrique). Pour rappel, l’INSERM a enquêté auprès de milliers de jeunes et a conclu qu’essayer la vape en premier réduit de 42 % le risque de devenir fumeur quotidien par rapport à essayer la vraie cigarette en premier. Pour rappel aussi, vaper c’est au moins 95 % moins nocif que fumer, voire encore moins si l’on croit l’étude de l’institut Pasteur (l’AFP a aussi oublié de parler de ça quand c’est sorti). Pour rappel enfin, les histoires de nicotine et dégénérescence du cerveau ne sont que des conjectures à partir d’études sur des rongeurs, on n’a rien d’autre, et surtout aucune étude qui décèle des troubles cognitifs même chez des fumeurs au long cours qui se sont gavés de nicotine pendant des décennies.
Une certaine vision de la science. Une certaine vision de la santé publique. 75 000 morts par an, mais la priorité, c’est de protéger ceux qui ne fument pas. Aider les fumeurs ? Pourquoi ?
Quelques précisions sur les puffs
L’information sur les puffs dans les médias est uniquement issue de la propagande de certaines organisations qui dépensent l’argent public dans des agences de communication professionnelles. Vraiment dommage que les journalistes ne fassent pas l’effort de vérifier. Voici quelques pistes.
Catastrophe pour l’environnement : VRAI, produit composite, intégrant une batterie, le tout jetable. C’est une ineptie totale. Relativement, on peut se demander si c’est plus grave que de faire une coupe du monde dans des stades climatisées ou des jeux olympiques d’hiver dans une région où il n’y a pas de neige. On marche sur la tête.
Hors de prix : VRAI, le coût au ml du eliquide via une puff est au moins 5 à 6 fois plus élevé que dans une vape standard rechargeable. Dans un récent article dans la presse, le responsable d’une organisation de conseillers d’éducation (CPE) laissait entendre que le phénomène était sûrement circonscrits aux établissements de « petits bourgeois ».
Nouvelle tactique de l’industrie du tabac pour rendre les jeunes addict à la nicotine : FAUX, l’industrie du tabac ne fabrique pas et ne vend pas de puffs. Ni les grands industriels de la vape indépendante en France. Les puffs sont des produits chinois, importés, rebrandés, ce n’est que du négoce par des opportunistes. La distribution se fait surtout sur Internet et chez les buralistes, quelques boutiques de vape spécialisées aussi, mais elles sont nombreuses à s’y refuser.
Dangereuses pour la santé : FAUX, une puff c’est une vape. Par contre, vu d’où elles viennent, effectivement, on n’a peu, voire aucune chance d’y retrouver du liquide fabriqué par les meilleurs industriels français. Et comme je l’explique plus haut, il n’y a aucune étude sur les effets de la nicotine sur les cerveaux d’adolescents, même pas avec des cigarettes fumées. Dire autre chose est de la désinformation, tout comme parler d’addiction au geste, absolument pas documenté par la science.
Épidémie pédiatrique qui conduit les jeunes à fumer des vraies cigarettes : FAUX, à ce jour il n’y a aucune donnée chiffrée sur le nombre de consommateurs de puffs, et il est démontré que l’effet passerelle n’existe pas et que la vape à plutôt un effet de détournement. Aux USA, malgré un essor très fort de la vape, qui est d’ailleurs en train de retomber (effet de mode), le tabagisme juvénile est tombé sous les 1 % (pour rappel en France, on est à 25 % !)
Les puffs viennent de San Francisco : FAUX, ceux qui racontent ça confondent avec les pods. C’est franchement pathétique d’être aussi peu affuté sur la réalité.
La mode des puffs se répand sur les réseaux sociaux : VRAI et FAUX, effectivement il y a beaucoup de buzz sur les puffs dans les réseaux sociaux, mais toute la communication réalisée par les anti-tabac a contribué aussi énormément à leur popularité.