Le nouveau patron de la Confédération des buralistes livre aujourd’hui une interview dans LES ÉCHOS assez surréaliste. Entre autres incongruités, il propose d’organiser un Mois de la Vape…

Ç’eût été une belle idée pour faire un poisson d’avril. Que les buralistes organisent un Mois de la Vape. Et bien ce n’est pas une blague ! Philippe COY, président de la Confédération des buralistes le propose aujourd’hui dans une interview livrée au journal LES ÉCHOS : « Les buralistes doivent changer de logiciel ».

Depuis son élection en octobre 2017, le nouveau patron des buralistes ne cesse de parler de vapotage. Dans sa logique, comme l’avait très justement souligné Jean MOIROUD – président de la FIVAPE – dans une émission radio, il n’y a aucune implication, ni considération pour la santé des clients, ce n’est un relais de croissance. Autrement dit, si les ventes de tabac viennent à baisser, il faut trouver autre chose. Eurêka, quoi de mieux que la cigarette électronique, les clients (fumeurs), les buralistes les ont sous la main, en première ligne.

Partant de là, pourquoi pas. Certes les buralistes ont complètement raté le coche de la vape, on peut légitimement se demander s’ils ont la capacité de reprendre le train en marche. Si Philippe COY fait bien le job de communication pour ancrer l’idée dans les esprits, l’interview dans LES ÉCHOS nous révèle aussi son niveau de compréhension et de maîtrise du sujet. Et à ce niveau de méconnaissance, ça fait peur (ou pas)…

Vendre de la vape comme des clopes ou des tickets à gratter

Juste pour planter le décor, on peut relire cet article de veille chez SOVAPE, avec l’intervention experte de Jacques LE HOUEZEC qui réalise maintenant depuis plusieurs années des formations pour les gérants et employés de boutiques de vape spécialisées : les boutiques de vape en première ligne du sevrage tabagique. Pour faire clair, c’est devenu un métier, un vrai métier, une spécialité.

Côté buralistes, par la voix du « patron » Philippe COY, voilà comment on voit les choses : « A l’avenir, nous aurons trois linéaires tabac : les produits classiques, la cigarette électronique et le tabac chauffé. » Donc, pour lui, la vape n’est qu’une composante d’une offre globale « tabac ». Alors que les primo-vapoteurs, font tout pour s’éloigner de l’idée même de la cigarette, on va donc positionner la vape entre les clopes et le tabac chauffé. Ça fait des années que les vapoteurs et leurs associations clament que la vape n’a rien à voir avec le tabac, que néni, c’est du tabac, juste une « offre » supplémentaire, élargie…

Quelques lignes plus bas, Philippe COY nous fait à nouveau la démonstration de sa connaissance pointue du vapotage « De plus, comme la qualité des équipements et des liquides a baissé, la vague est un peu retombée. » La qualité des équipements et des liquides a donc baissé ! Extraordinaire déclaration, alors que justement les boutiques spécialisées et toutes les personnes qui aident les vapoteurs se réjouissent chaque jour des progrès considérables sur les matériels, pratiques, simples, efficaces. Et que dire de l’incroyable travail des nombreux fabricants de liquides qui ne cessent de rechercher la meilleure qualité, les contrôles, la norme AFNOR…

Et pour bien nous rassurer sur le niveau connaissance du patron des buralistes, voilà le pompon : « D’ailleurs, nous constatons que les vapoteurs diminuent d’eux-mêmes leur addiction : il y a trois ou quatre ans, ils fumaient des liquides contenant 12 à 16 mg de nicotine, l’équivalent de cigarettes C… ou M…. Maintenant, ils achètent plutôt des liquides entre 3 et 6 mg – comparables à des P… M… bleues.«  Bien joué, trois marques citées dans l’interview, et alors que toutes les boutiques se galèrent à expliquer qu’on ne peut absolument pas faire de correspondance entre les clopes et la vape sur le niveau de nicotine, ni même sur le nombre de cigarettes fumées, si-si, Philippe COY, lui, il sait, il a tout compris !

Tout cela n’est finalement pas bien surprenant lorsque l’on voit comment vont être « formés » les professionnels de la vente de tabac dans le cadre de l’opération « Buralistes de la vape« . En effet, pour « vendre » de la vape, 1h30 de formation, ça suffit bien !

Un Mois de la vape pour promouvoir les alternatives moins nocives

Bon élève, le président de la confédération des buralistes emploie très exactement les éléments de langage d’une certaine multinationale qui fait tout pour créer la confusion entre la vape et le tabac chauffé. Voilà donc, faisons la promotion des « alternatives moins nocives » et appelons ça globalement la vape, c’est tellement plus simple. Au diable les spécialistes qui nous agacent avec les détails, vapeur / électronique, mettons tout ça dans le même panier.

La stratégie est claire, tout est du tabac, essayez la vape ou le tabac chauffé ! C’est kif-kif ! Ha, avec la vape, vous ne retrouvez pas exactement le goût du tabac, bah regardez, on a du tabac chauffé, c’est mieux, et c’est moins nocif aussi. Emballé c’est pesé. Et puis on organise un « Mois de la Vape », c’est super volontaire, et ça nous permettra de vendre du tabac chauffé. Accessoirement, si le client n’est pas satisfait, le rayon « vrai tabac » reste à disposition, à portée de la main.

En plus donc de sa méconnaissance notoire de la vape, le patron des buralistes se révèle bien en allié bien fidèle de l’industrie du tabac pour placer son nouveau piège pour les fumeurs et les jeunes : le tabac chauffé.

Ministre de la santé : deux poids / deux mesures

Après tout les buralistes jouent leur jeu. Ils tirent des chèques pour obtenir des aides, négocient avec leurs fournisseurs, question de survie. Le problème, finalement, n’est pas là…

LE problème se situe au niveau des autorités de santé, et particulièrement sur la ministre de la Santé Agnès BUZYN. Entend-elle parler de la vape ? Oui, bien sûr. Mais par quelle voix : celle des buralistes, exclusivement ! Et quand on constate en quelques lignes d’interview le niveau d’incompétence avéré du président de la confédération, on prend le vertige…

Car enfin, cela fait des mois maintenant que les associations représentant les usagers, les fabricants, les scientifiques et acteurs de santé, ne cessent de frapper à la porte de la ministre. Les VRAIS spécialistes de la vape n’ont pas droit de cité, n’ont aucune écoute de la part de la ministre en charge de la santé qui prétend que la lutte contre le tabagisme est une de ses priorités.

Très bientôt, le nouveau PNRT (Plan National de Réduction du Tabagisme) va être présenté. Les acteurs de la solution qui a contribué à une baisse historique du tabagisme ces dernières années, n’ont pas été consultés, n’ont pas participé. C’est surréaliste et scandaleux, le signe d’une condescendance qui semble devenir ces temps-ci la marque de fabrique de nos nouveaux gouvernants.

Citons pour finir le Pr William LOWENSTEIN, dans un article de Jean-Yves NAU sur l’épineuse question du cannabis« Je garde encore  le souvenir d’un livre écrit par un candidat, intitulé « Révolution »… Sire, ce n’est pas une révolte, mais une résignation. »

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