Sylvaine Reine-Prudent a ouvert sa boutique de vape à Guérande (44) en 2012. Bientôt 10 ans ! Interview.
J’ai connu Sylvaine dès que j’ai commencé à trainer mes guêtres sur les salons Vapexpo. Ses chaussures à elle sont ornées de têtes de morts, toujours le sourire et très bavarde, impossible de la rater et de ne pas l’apprécier. Plus de salons depuis un an, et difficile de savoir quand ils reprendront, alors on s’est téléphoné pour faire une petite interview, j’avais envie de raconter à travers l’expérience de Sylvaine qui sont ces commerçants spécialisés précurseurs et téméraires, et qui depuis 10 ans maintenant ont sauvé tellement de fumeurs. Merci à Sylvaine d’avoir accepté.
Crise du Covid, comment ça va pour toi ?
Sylvaine Reine-Prudent : Sincèrement les temps sont durs. Comme dans beaucoup de domaines, on a une partie des clients qui ont migré sur les sites de vente en ligne. De plus, les mesures sanitaires nous empêchent désormais de faire goûter les liquides et essayer les matériels. Je comprends tout à fait que c’est nécessaire, mais ça nous enlève à nous les boutiques physiques un gros avantage par rapport au commerce sur Internet.
Tu penses que les temps ont changé durablement ?
SRP : L’avenir nous le dira, mais c’est vrai que le Covid ne nous simplifie pas la tâche alors qu’on était déjà en train de ramer pour rattraper la situation créée par la crise EVALI aux États-Unis depuis l’été 2019.
Cette crise a eu vraiment un fort impact ?
SRP : Oui, j’ai perdu des clients à cause de cette crise. Pour certains, je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, est-ce qu’ils ont juste arrêté la vape ou repris la clope ? Mais bon, je suis là depuis longtemps alors je résiste !
Pourquoi les gens viennent chez toi ?
SRP : Pour les primo-vapoteurs, c’est le bouche à oreille : « il parait que vous expliquez bien ! ». On n’a pas le droit à la pub ! Je suis très ennuyée quand la ville organise des manifestations pour mettre en avant les commerçants, même si je participe, j’ai toujours l’impression d’être « à part » et c’est stressant. Pourtant, on ne fait rien de mal, bien au contraire, on aide les gens, on s’implique. Si on fait bien le job, on passe du temps, on conseille, on accompagne. On vend pour gagner notre vie, mais c’est de l’humain avant tout.
Tenir une boutique de vape spécialisée, ce n’est pas seulement vendre ?
SRP : On est là pour vendre, il faut vivre, mais oui clairement comme je dit souvent, je ne suis pas buraliste, je suis psychologue. Je vends de la vie, pas de la mort. La perception du vapotage est encore très floue, il y plein d’idées reçues, avant de commencer à parler matériel et liquides, on passe énormément énormément de temps à expliquer et à rassurer. Et c’est encore plus difficile avec les gens qui ont des problème de santé, alors que paradoxalement ils sont encore plus dans l’urgence à arrêter de fumer ! D’ailleurs ton VAPYOU est d’une grande aide, les clients partent avec, ça permet de répéter l’info. Et j’offre aussi ton livre Bienvenue dans la vape à tous les débutants, c’est une aide supplémentaire.
Tu as beaucoup d’habitués ?
SRP : Oui, en mode « petit commerce ». On se connait, on bavarde. J’ai une clientèle locale, et j’ai aussi des habitués qui viennent régulièrement en vacances à Guérande. Et puis là encore, on est loin des idées reçues, principalement, mes clients ne sont pas des jeunes. Ça a été terrible l’an dernier quand j’ai dû rassurer une petite mamie qui s’était limite fait agressée à la sortie de la messe parce qu’elle vapotait « et que c’était pire que la clope »… Bref.
Tu as ouvert ta boutique en 2012, parmi les premières en France, comment t’es venue l’idée ?
SRP : J’ai fait partie de ces fumeurs qui ont essayé les premières cigarettes électronique du moyen-âge ! C’était en 2011, ça a marché, miracle ! J’étais dans une période entre deux eaux et j’esquissais le projet de devenir commerçante pour vendre des chaussures. J’ai participé à une petite brocante pour tester l’idée mais tous les gens qui venaient discuter sur le stand ne s’intéressaient pas à mes chaussures, ils voulaient en savoir plus sur cette « machine à vapeur » que j’avais entre les mains. Du coup l’idée a fait son chemin.
Ça a marché pour toi, alors pourquoi pas pour les autres, c’est ça ?
SRP : C’est exactement ça ! J’étais une fumeuse indéccrotable, accro aux pots de tabac et aux tubeuses. J’en parlais très souvent avec mon médecin, gros fumeur lui aussi. J’ai fumé avec une pneumonie, même si chaque taffe m’arrachait les poumons ! J’ai fumé quand j’étais hospitalisée, j’ai fumé quand j’étais enceinte… Et puis, j’ai arrêté facilement avec la vape, les gens autour de moi étaient très curieux, ça m’a encouragé. Il y avait très peu de boutiques à l’époque vers chez moi. Peut-être Nantes ou Saint-Nazaire mais sinon il fallait passer par Internet, acheter le matériel à l’aveugle, sans explication ni conseils. Du coup, je passais beaucoup de temps sur les forums spécialisés, j’avais des contacts et j’ai eu de l’aide de la part des premiers commerçants et importateurs. Je me suis lancée et ça a tout de suite marché. Bientôt 10 ans !!!
Plus d’info : retrouvez la boutique de vape spécialisée de Sylvaine sur l’annuaire VAPYOU.