La véritable différence entre la cigarette fumée, les substituts nicotiniques et le vapotage, c’est la manière de consommer la nicotine propre, ou sale.
« Les gens fument pour la nicotine, mais ils meurent à cause de la fumée » – Mickaël Russel. Cette phrase résume tout. Pourtant, c’est ancré dans les esprits, la nicotine fait peur, alors que c’est « seulement » la fumée qui tue.
Nicotine, addiction ?
À lire dans le dernier VAPYOU N°13, Jacques LE HOUEZEC explique très bien. La nicotine participe à l’addiction à la cigarette, mais elle n’est pas la seule responsable. La fumée booste l’effet addictif avec, entre autres, de l’acétaldéhyde et des substances IMAO (anciennement utilisées dans des médicaments antidépresseurs). Le sevrage des IMAO est d’ailleurs une composante qui complique l’arrêt du tabac en provoquant ou en réveillant des états dépressifs.
Une étude récente a montré que les vapoteurs étaient seulement 8 % à être très dépendants contre 48 % chez les fumeurs, à lire ci : Près des deux tiers des vapoteurs réduisent fortement leur dépendance par rapport aux fumeurs. Le vapotage n’est donc pas une « autre addiction », c’est la même, et elle est beaucoup moins forte. Comme vapoter ou consommer des substituts nicotiniques ne provoque pas de dégâts sur la santé (au contraire, ça aide à arrêter de fumer), on parle alors seulement d’une dépendance.
La nicotine, c’est bon ?
Au goût, personnellement j’aime pas trop. J’ai déjà testé de vapoter du e-liquide avec nicotine et sans arôme, c’est pas bon (pour moi). J’aime bien les arômes, particulièrement les fruits rouges ou les gourmands, vanille, caramel. Je ne suis pas très fan des arômes tabac. D’un autre côté, vaper que des arômes, j’aime pas non plus, il me faut de la nicotine, ça me fait du bien. J’ai un petit faible aussi pour le café et le chocolat.
La nicotine est tellement associée à la fumée et tellement diabolisée que mener des recherches sur ses effets positifs est très compliqué. Pourtant, ses vertus intéressent de nombreux scientifiques : Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques, schizophrénie, syndrome de Gilles de la Tourette, TDAH (trouble déficit de l’attention / hyperactivité)…
Si vous souhaitez creuser le sujet sans vous faire embobiner par les idées reçues, visionnez le film You Don’t Know Nicotine. À lire ici, une interview du réalisateur Aaron BIEBERT et toutes les infos pour accéder à la plateforme de streaming (si vous êtes malin, ça sera même gratuit) : Sortie du film YOU DON’T KNOW NICOTINE : interview du réalisateur Aaron BIEBERT.
Nicotine sale
Le moyen le plus répandu pour consommer de la nicotine, c’est la fumée. Mais c’est aussi le moyen le plus sale et malheureusement le plus « efficace ». En effet (toujours à lire dans l’article de Jacques LE HOUEZEC cité plus haut), la voie pulmonaire est la plus rapide pour emmener la nicotine au cerveau et stimuler le plaisir, et les gouttelettes de goudron qui servent au transport sont très fines et pénètrent très profondément dans l’organisme.
Goudron. On a tout dit. Consommer de la nicotine avec du goudron, c’est pas « propre ». D’autant que la fumée transporte aussi des milliers du substances nocives et que l’on absorbe du monoxyde de carbone, très mauvais pour l’oxygénation du sang, etc, etc…
Donc consommer de la nicotine en fumant, en la cramant, c’est une très mauvaise idée, c’est très sale.
Nicotine propre
C’est pas nouveau, les substituts nicotiniques existent depuis les années 80. Ce sont des traitements validés depuis très longtemps pour le sevrage tabagique. C’est propre.
C’est aussi cette nicotine propre, de grade pharmaceutique, qu’utilisent les fabricants de e-liquide à vapoter. Elle est mélangée à des arômes et à des bases (PG – Propylène Glycol et VG – Glycérine Végétale) qui sont également des produits utilisés dans l’agroalimentaire et dans la pharmacie, y compris pour des médicaments à inhaler.
Ces transporteurs sont un peu moins efficaces que les gouttelettes de goudron, mais avec le vapotage la nicotine va quand même assez vite, plus vite qu’avec les substituts nicotiniques qui la font passer par la peau (patchs) ou les muqueuses de la bouche (pastilles, chewingum). C’est sans doute une des raisons pour laquelle le vapotage est deux fois plus efficace que les substituts. À lire ici : Étude anglaise : le vapotage deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques.
Dépendant, et alors ?
Les fumeurs sont dépendants, entre autres, à la nicotine. La fumée tue, donc la bonne idée, c’est d’essayer d’arrêter de fumer en consommant la nicotine plus proprement. Le dernier rapport du Public Health England sur le vapotage révèle un taux de réussite entre 59,7 % et 74 % en 2019 et 2020 quand les fumeurs sont bien accompagnés dans les Stop Smoking Services. En France, de plus en plus de médecins connaissent le vapotage, au moins pour ne pas décourager, sinon, nous avons le plus grand réseau de boutiques spécialisées en Europe pour bien vous conseiller, ou alors il y a des groupes auto-supports sur Facebook tels que Je Ne Fume Plus ou INFO VAPE (soutenu par l’association SOVAPE).
Même si vous continuez à consommer de la nicotine (propre), mais que vous ne fumez plus, c’est déjà gagné ! Vous êtes sorti de l’addiction à la cigarette, à la fumée, aux milliers de composants nocifs pour votre santé.
Après il y a deux styles de personnes. Celles qui (comme moi) continuent à consommer de la nicotine sans peur et parce que ça leur fait du bien. Et celles qui auront envie de se détacher complètement de cette dépendance. C’est une question psychologique, physiologique et de choix libre et éclairé. Concrètement, d’après les données de Santé Publique France, la moitié des ex-fumeurs qui ont arrêté de fumer grâce au vapotage, ont également arrêté de vapoter. Ce qui fait donc beaucoup de monde.
Quelques conseils sur l’usage de la nicotine pour arrêter de fumer
Dosez au maximum. Plus vous consommez de nicotine propre et plus l’envie de fumer s’éloigne.
Si vous avez des nausées ou des maux de tête, sachez que ce sont plus souvent des symptômes de manque que de surdosage. Si vraiment vous pensez que c’est un surdosage, arrêtez de vapoter ou décollez vos patchs. Buvez de l’eau, et ça passera très vite.
L’addiction à la cigarette peut dater de très loin. Ne cherchez pas à vous sevrer trop vite de la nicotine. Il peut falloir plusieurs années pour s’en détacher progressivement, sans souffrir de manque et surtout sans risquer de retomber dans la cigarette fumée.
Plus d’information sur la gestion de la nicotine (propre) pour arrêter de fumer : Nicotine et vapotage : quantité ou intensité ?
PS :
Merci à Valentine DELAUNAY, médecin membre de l’association SOVAPE, qui m’a fourré cette idée de nicotine propre / nicotine sale dans la tête, c’est un excellent concept pour expliquer les choses.