Malencontreux hasard ou volonté de nuire avant la journée sans tabac du 31 mai, le dernier BEH de Santé publique France est encore très négatif sur la vape…

A la veille de la journée sans tabac, évènement mondial, la presse relaie ces derniers jours les principales conclusions du dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire publié par Santé Publique France.

34,5 % de fumeurs en France !

A peine croyable tellement c’est énorme. La prévalence tabagique en France (population de 15 à 75 ans) est une des pires en Europe, alors que les USA sont à 15% et que les britanniques sont passés sous la barre des 18% l’été dernier.

Autre révélation, ce sont les populations les plus démunies qui fument le plus. Sans vraiment de surprise, lire les explications plutôt plausibles dans le BEH. Que faire ? Voilà la conclusion de Santé Publique France, texto :

Les résultats du Baromètre santé 2016 incitent à poursuivre de façon affirmée la lutte contre le tabagisme, en veillant notamment à ce que les personnes vivant dans les conditions les plus défavorisées bénéficient de plus d’attention et d’aides spécifiques pour arrêter de fumer.

Ces gens sont vraiment formidables ! Le bateau coule, mais ne changeons rien, continuons comme ça. Tout va bien. 78 000 morts ÉVITABLES par an, un jeune sur trois qui fume. Mois sans Tabac, paquet neutre, les « huiles » politiques, administratives et associatives anti-tabac ont « fait des choses ». Résultats ? Aucun ! Mais on s’en fout, l’important, c’est de faire. Et ça suffit pour avoir la conscience tranquille. Stupéfiant… Des millions d’euros sont dépensés pour rien et ils sont content d’eux !

Est-ce que la nouvelle ministre Agnès BUZYN, totalement muette sur le tabac depuis son entrée en fonction, va prendre le taureau par les cornes et changer enfin la politique de santé publique sur le tabac ?

L’échec est flagrant, est-ce que l’obligation de résultat va enfin avoir droit de citer ? Est-ce qu’il ne serait pas temps, largement temps, de tout remettre à plat, faire le bilan, étudier les solutions, écouter tous les acteurs, et repartir d’un bon pied, être enfin pragmatique ?

Cigarette électronique : pourquoi « prévalence » ?

Le BEH consacre aussi une partie de son analyse à la vape (cigarette électronique – décidément, il est compliqué de leur faire changer de vocabulaire !). Focus à l’appui d’une étude dont trouve ici l’interview de l’auteure, publiée opportunément la veille de la journée sans tabac et dont on appréciera la conclusion : …cette étude montre que l’utilisation régulière d’e-cigarette est liée à une réduction de la consommation de tabac et à des tentatives d’arrêt plus fréquentes, mais n’apporte pas de preuve quant à son efficacité en termes d’aide à l’arrêt du tabac.

Par ailleurs, dans le baromètre qui a servi de support à la publication, on peut vivement s’étonner de l’absence d’une question très simple aux personnes qui ont déclaré avoir arrêté de fumer : quelle méthode avez-vous utilisé ? C’eut été riche d’enseignement. Mais non, la question n’a pas été posée, étrange…

Santé Publique France s’intéresse donc à la « prévalence » du vapotage. Prévalence définition – Wikipédia : En épidémiologie, la prévalence est une mesure de l’état de santé d’une population, dénombrant le nombre de cas de maladies à un instant donné ou sur une période donnée.

Insupportable ! L’usage de ce vocabulaire pour le vapotage est choquant et contribue encore ! à troubler la perception de la vape. Parle t-on de prévalence pour les consommateurs de substituts nicotiniques ?

Ce n’est pas un détail. La vape n’est pas une maladie, c’est une solution pour sortir du tabagisme, qui lui, rend malade et tue un consommateur sur deux !

La vape n’attire pas de nouveaux consommateurs

A partir de 2012 / 2013, de nombreux fumeurs ont arrêté grâce à la vape (cf Eurobaromètre 2014 = 1 million et ça commence à dater de 3 ans). Hors ce phénomène de baisse du nombre de fumeurs n’est pas lisible quand on reprend l’analyse des chiffres du tabac dans ce BEH de Santé Publique France. En clair, au lieu d’une stagnation, il y a en fait une augmentation de la prévalence tabagique mais qui est masquée et écrasée par le phénomène vape. Question que SPF ne se pose pas : où en serions-nous si il n’y avait pas eu la vape ?

Au contraire, mieux vaut encore semer le doute. Texto – on en remet une couche : « … il reste nécessaire d’attendre les conclusions d’études portant sur l’efficacité de l’e-cigarette comme outil d’aide au sevrage tabagique. À l’heure actuelle, il n’y a pas de consensus sur cette question. »

Et oui, la vape c’est en France un marché de plusieurs centaines de millions d’euros, des millions de personnes qui ont essayé, un million, au moins, qui ont arrêté de fumer (cf Eurobaromètre 2014), des associations, des témoignages de médecins, etc… Mais, on a encore des doutes !! Santé Publique France attend peut-être les résultats (pour 2019) et souhaite ainsi soutenir l’étude ECSMOKE dont la méthodologie s’avère complètement biaisée. Forcément, quand on confond la vape avec la prise d’un médicament… Pour rappel, cette « blague » va coûter 900 000 € au contribuable.

La vape n’attire plus de nouveaux consommateurs, voilà donc l’effet négatif du dénigrement organisé par les autorités (PNRT, HAS, HCSP, plus le mépris et l’inconséquence de Marisol Touraine…). Tout à commencé effectivement à partir de 2014, la corrélation ne fait aucun doute. Le coup de grâce ayant été porté en 2016 par la loi de santé et les interdictions de publicité et « propagande » pour la vape, au même niveau que pour le tabac. Ou comment adresser le plus effrayant des messages à la population. Mais pour Santé Publique France, rien à voir, l’autorité nous parle simplement d’un « phénomène de mode » qui s’estompe ! Bien sûr…

Dans cette ambiance totalement délétère, aujourd’hui pour passer à la vape, il faut avoir une réelle capacité de discernement, de culture et de savoir faire pour trier les informations. Autrement dit, être plutôt courageux. Selon les dernières études, la proportion de la population qui pense que la vape est aussi nocive que le tabac, augmente. Pourquoi ? Ça non plus, Santé Publique France n’en parle pas…

Réglementation sur la vape : continuer ainsi !

Et ils sont contents ! Dénigrer et réglementer la vape c’est bien ! Santé Publique France cite une étude de l’US Departement pour appuyer la nécessité de réglementer encore plus et prévenir des risques. Heu, quels risques au fait ?! Pourtant d’autres études aux USA démontrent que les États qui ont les règlementations les plus dures sur la vape et les jeunes, voient le tabagisme baisser moins que ceux qui sont plus tolérants. Parler des ces études là ? Encore, non, bien sûr ! Mieux vaut continuer à entretenir le fantasme de la passerelle pour les jeunes qui sert à justifier les mesures coercitives à l’encontre de toute la population, en premier lieu, les fumeurs qui auraient tant besoin d’une information « saine » sur la vape. Pardon pour le gros mot…

La vape et Santé Publique France, quelle histoire ! Pour le dernier Sommet de la Vape, François Bourdillon, président de SPF, et Olivier Smajda, responsable de Tabac Info Service, ont été invités pas les organisateurs. Sont-ils venus ? Non. Occupés. La vape, ils connaissent ! Pas besoin de rencontrer les consommateurs et les spécialistes. Comprendre le phénomène et s’en servir pour remplir leur mission, leur boulot, faire honneur aux salaires qui leur sont versés : pour la santé publique, pour lutter contre la première cause de mort évitable.

La lutte contre le tabac n’est décidément pas dans les bonnes mains en France. Incompétence, condescendance, abus de pouvoir ? Les questions sont nombreuses, encore une fois, il est temps, largement temps, que ça change…

EDIT le 31 mai 2017

Voici l’exemple d’un article de presse suite à la communication de Santé Publique France à la veille de la journée sans tabac. La e-cigarette n’est qu’une mode, on ne sait pas si c’est une aide au sevrage, on devrait la réglementer comme les médicaments. Good job !

HUFFINGTONPOST : Journée mondiale sans tabac, la mode de la e-cigarette est retombée, mais la science n’est pas plus avancée sur son utilité.

Et voilà la réponse du Pr Bertrand DAUTZENBERG sur France Info : La cigarette électronique n’est-elle qu’un phénomène de mode ?

Un plan anti-tabac recommandé par les vapoteurs

Lors des sondages « baromètres vape et politique » à l’occasion des élections présidentielles, des questions étaient posées aux vapoteurs (ex-fumeurs qui savent un peu de quoi ils parlent…) sur les actions à mener pour un plan anti-tabac vraiment efficace. Voilà les réponses par ordre de priorité :

  1. Faire la promotion de la vape et changer la réglementation (sans surprise !)
  2. Durcir les contrôles chez les buralistes (ventes au mineurs)
  3. Les campagnes de prévention
  4. Le remboursement intégral des TNS
  5. L’augmentation des prix

Quand au paquet neutre, la mesure est jugée comme une des plus inutiles…

Pour le nouveau gouvernement, pour la nouvelle ministre de la santé, bien noter que ce plan anti-tabac ne vient « que » du peuple, de la plèbe, de ces cons de fumeurs. Bien loin, très loin de tous ces sachants à qui l’ont doit les 34,5% de fumeurs en France.

Pour la journée sans tabac, on attend donc ceux qui se disent progressistes. Ceux qui nous disent savoir aller chercher les meilleurs solutions, celles qui « marchent », d’où qu’elles viennent sans complexe, sans état d’âme, et, oserais-je dire, sans conflit d’intérêt…