Vapotage et pâtisserie, quel est le rapport ? À part, peut-être, la question des arômes…

Sous l’influence des anti-tabac extrémistes qui veulent « protéger les jeunes », plusieurs pays dans le monde se mettent à interdire les arômes pour le vapotage. C’est en cours notamment au Canada, pour comprendre tous les tenants et aboutissants, je recommande vivement la lecture de cet excellent article du Dr Martin JUNEAU, Cardiologue et Directeur de la prévention, Institut de Cardiologie de Montréal : Bannir les saveurs des liquides de vapotage ? Une bien mauvaise idée. Et revenez ici pour la suite…

Interdiction des arômes : quelles solutions pour les vapoteurs ?

D’après la grande enquête européenne du collectif ETHRA (plus de 35 000 répondants), 95 % des vapoteurs utilisent au moins un arôme qui n’est pas du tabac. Autant dire qu’une interdiction des arômes aura forcément un impact sur les consommateurs. Voilà les solutions qui s’offriront à eux :

  • se soumettre docilement aux lois, et ne vapoter plus que de l’arôme tabac. Cela risque d’être très étrange pour ceux qui n’en consommaient plus du tout, préférant les goûts fruités, gourmands ou complexes. D’une certaine manière, alors qu’ils avaient réussi à s’éloigner de la cigarette, cette obligation de se remettre à la saveur tabac n’est-elle pas complètement absurde ?
  • arrêter de vapoter, en faisant des efforts et / ou en trouvant une autre aide pour rester non fumeur. Avec toutes les difficultés que ça peut représenter et le vrai danger de replonger.
  • arrêter de vapoter et reprendre la cigarette, après tout vu tout ce qu’on raconte sur la vape et ses réglementations coercitives, c’est peut-être pas mieux que la cigarette ?
  • se fournir en liquides et / ou en arômes au marché noir ou sur des sites Internet exotiques, sans aucun contrôle.
  • trouver une autre solution pour les arômes, et pourquoi pas essayer les arômes alimentaires, par exemple ceux qui sont vendus pour faire de la pâtisserie

Personnellement, je ne sais pas trop ce que je pourrais faire à l’avenir. Aucun de mes liquides préférés est un tabac 100%, je suis plutôt gourmand et fruits rouges. En y réfléchissant un peu, la meilleure option sera certainement le marché noir avec l’espoir de trouver une filière sûre car je connais quand même un peu de monde dans la vape.

Changement d’étiquetage pour les produits à vaper ?

J’ai ouïe dire qu’au Canada, c’est le projet de certains fabricants de vapotage. Rien de sûr, ce n’est qu’une rumeur. Mais je pense que c’est vraiment plausible quand on voit comment le marché a déjà été bouleversé par les réglementations qui limitent le dosage des e-liquides à 20 mg/ml de nicotine, et surtout le flaconnage à 10 ml.

Entre autres signes avant-coureurs que la nature a horreur du vide (surtout dans la vape), je ne peux m’empêcher de penser qu’il est complètement aberrant de pousser les fabricants à jouer les apprentis sorciers quand on lit ça : Etats-Unis : la nicotine synthétique pour contourner la réglementation de la FDA ?

Il s’agirait donc de continuer à fabriquer des arômes destinés au vapotage mais d’en changer l’étiquetage. Ne plus parler de vapotage mais seulement d’arômes alimentaires. L’avantage est double :

  • continuer à produire et vendre pour le marché du vapotage
  • passer complètement sous les radars de la législation, y compris celle qui concerne le vapotage. Oui, c’est stupéfiant !

Ça risque quand même d’être difficile en communication : c’est des produits pour vapoter, mais c’est pas écrit dessus. Cela dit, étant donné que toute publicité est interdite pour le vapotage, le secteur s’est organisé et toute la communication se fait par bouche à oreille dans les innombrables réseaux sociaux de vapoteurs.

Et pourquoi pas un peu d’hypocrisie, qui pourra empêcher une boutique de vape spécialisée de vendre des arômes alimentaires ? Le client fait ce qu’il veut des produits qu’il achète… En France, par exemple, on peut acheter des graines de cannabis dans des growshop, elles ne sont pas destinées à l’autoculture, ce sont des graines de collection.

Cette hypocrisie, on la vit déjà tout les jours avec la diabolisation de la nicotine, « acceptée » pour les substituts nicotiniques, mais « douteuse » avec le vapotage. A lire ici ce qu’en dit ici John BRITTON, professeur émérite en épidémiologie à l’Université de Nottingham et co-auteur du rapport du Public Health England sur le vapotage : Réaction au nouveau rapport de l’OMS sur le vapotage.

Mise en danger des consommateurs à cause de l’interdiction des arômes

Donc résumons. Les fumeurs ont découvert la vape, ça les aide à arrêter de fumer. Ça marche mieux que tout le reste, alors c’est un succès phénoménal partout dans le monde.

Tout le monde s’est inquiété au début. Est-ce que c’est pas pire que la cigarette ? Les consommateurs, les fabricants, les médecins, les pouvoirs publics… tout le monde s’est posé des questions.

Du coup, il y eu des réglementations, des initiatives, des labels, des certifications, des sécurités. Bref, le vapotage aujourd’hui est une pratique très contrôlée, tout est perfectible, mais les consommateurs peuvent être vraiment rassurés par la qualité des produits.

En France, il n’y a pas de marché noir, tous les produits passent par la filière professionnelle (85 % par les indépendants, et un petit 15 % pour l’industrie du tabac).

L’interdiction des arômes pourrait donc bouleverser le marché, et pour ceux qui ne veulent ni reprendre la cigarette fumée, ni s’astreindre à vapoter un arôme tabac qu’ils ont eu tant de mal à quitter, il y aura trois solutions :

  • trouver des arômes ou des liquides aromatisés au marché noir
  • trouver des produits « arômes alimentaires », fabriqués et vendus dans la filière vape
  • aller en grande surface et acheter vraiment des arômes alimentaires parce que c’est encore moins cher

Dans tous les cas, les consommateurs se retrouvent exposés à des produits qui n’auront plus à subir aucun contrôle, donc potentiellement dangereux.

Après EVALI : à nouveau des morts ?

Pour se rappeler, lire ici sur le site de l’association SOVAPE, toute l’histoire de EVALI, la vape a été à tort accusée de tuer : Retour sur la vague de pneumopathies de 2019 aux USA (EVALI).

Que se passera t-il lorsqu’un vapoteur décidera de mélanger et de vaper du concentré vanille ou du sirop grenadine vendus en grande surface ? Ou pire encore des huiles essentielles ? Hospitalisation, décès… Qui sera accusé ?

La vape bien sûr !

Alors je n’écris pas cet article pour jouer l’oiseau de mauvais augure. J’espère encore que les pouvoirs publics n’envisageront jamais une interdiction des arômes. Mais si ça devait arriver, si il y avait des accidents, je tiens à désigner à l’avance les responsables.

Les responsables à 100 % de la mise en danger des vapoteurs (alors qu’ils avaient réussi à s’extirper des risques du tabagisme) seront ceux qui militent et influencent les pouvoirs publics pour interdire les arômes, ceux qui auront également poussé pour la mise en place de taxes sur les produits du vapotage. Ces deux « projets » provoqueront inévitablement la création d’un marché noir et la recherche de solutions alternatives dangereuses pour les vapoteurs.

Tout cela n’est pas un fantasme, on a déjà des exemples, à lire ici sur l’incontournable Vapolitique : En Estonie, taxes et interdiction des arômes de vape ont engendré un vaste marché noir.

Cadeau à l’industrie du tabac ?

Il se pourrait aussi que ce soit la fin des fabricants indépendants (comme ça se passe en ce moment aux USA : USA : la FDA finit de mettre à mort la cigarette électronique). En effet, la réduction des arômes au tabac seulement est idéal pour l’industrie du tabac qui rêve d’un produit ultra simple sans profondeur de gamme et qui coûte le moins cher possible à fabriquer massivement.

Ainsi grâce à l’interdiction des arômes, les anti-tabac renverraient-ils les ex-fumeurs dans les sales pattes de l’industrie du tabac. Bravo !

AVERTISSEMENT AUX VAPOTEURS.

SURTOUT NE JAMAIS UTILISER D’ARÔMES QUI NE SONT PAS EXPLICITEMENT DESTINÉS AU VAPOTAGE. IL Y A AUJOURD’HUI PLUS DE 25 000 RÉFÉRENCES DE PRODUITS DÉPOSÉS À L’ANSES (organisme chargé de répertorier et contrôler les produits du vapotage).

À ce jour, rien n’est décidé au niveau des réglementations (futures TPD et TED à la commission européenne), et le cas échéant, il faudrait plusieurs années avant une mise en place effective. Ça laissera le temps de faire des réserves au cas où.

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