Après des mois de silence, Agnès BUZYN s’exprime enfin sur le vapotage par le biais de deux réponses au sénateur Yves DAUDIGNY. Elle enterre définitivement le groupe de travail vapotage et officialise l’incroyable déni des autorités.

Abasourdissant. Alors qu’elle n’a jamais pris une heure de son temps pour rencontrer les associations de la vape, Agnès BUZYN choisi de répondre aux questions du sénateur DAUDIGNY, posées il y plusieurs mois, pour exprimer (enfin) un position officielle sur le vapotage en France. Les 200 morts par jour à cause du tabagisme ne méritent donc pas mieux que quelques lignes pour évoquer le plus populaire des outils d’aide à l’arrêt. Au-delà du fond, le message est clair, pas de dialogue avec la ministre. Si son bureau s’ouvre régulièrement aux buralistes, les acteurs de la vape, eux, doivent se contenter d’une fin de non recevoir qui ne leur est même pas directement adressée. Illustration d’une certaine forme de courage politique face à la société civile.

Cet article fait référence aux deux questions du sénateur DAUDIGNY avec les réponses postées par la ministre des solidarités et de la santé : Question écrite N°05856 « Vapotage » et Question écrite N°05881 « Arrêt des travaux du groupe de travail « vapotage » au sein de la direction générale de la santé ».

Agnès BUZYN enterre définitivement le Groupe de Travail Vapotage

Mis en place par le Directeur Général de la Santé Benoit VALLET (très intéressant de re-visionner cette vidéo du DGS avant de lire la suite) en 2016, suite à sa venue au 1er Sommet de la vape, le Groupe de Travail Vapotage avait pour vocation de réunir régulièrement les parties prenantes. L’objectif était de partager les connaissances et de rapprocher les acteurs afin de prendre la meilleure considération possible du vapotage dans un pays où le tabagisme est une catastrophe nationale. La prévalence tabagique est une honte en France ( 34% – 2e position européenne) quand on compare par exemple avec les anglais (moins de 15% en chute libre), les suédois (5% !!!) ou encore les Islandais (5% aussi…).

Dans sa réponse à la question N°05881, la ministre indique que le Groupe de Travail Vapotage avait été créé uniquement pour « gérer » la transposition de la TPD, c’est totalement faux. C’est un argument fallacieux pour justifier de l’enterrer définitivement. Agnès BUZYN indique que « les » associations d’usagers de la vape et de prévention des addictions sont représentées au PNLT – Plan National de Lutte contre le Tabagisme – c’est faux aussi. Sans parler des professionnels exclus, ni l’association SOVAPE, organisateur de deux Sommets de la Vape, ni la VAPE DU CŒUR, association qui intervient auprès des publics en difficulté, ne sont présents au PNLT. Seule l’AIDUCE dispose d’un siège. Difficile dans ces conditions pour « les » associations d’être « régulièrement consultées »… Mensonge encore. Suite à ce message en réponse au Sénateur DAUDIGNY, peut-être que les responsables de SOVAPE et de la VAPE DU CŒUR doivent faire le pied de grue devant leur boites-aux-lettres pour attendre des invitations officielles au PNLT ? On peut rêver…

Une touche d’humour quand même ! La ministre souligne que le Groupe de Travail Vapotage a permis « d’inclure la vape dans la stratégie de la campagne du Mois Sans Tabac »… Il faudrait qu’elle lorgne un peu vers l’Angleterre pour voir ce que c’est vraiment « inclurait e la vape dans la stratégie » : publicité pour la vape, annuaire des professionnels sur le site du STOPTOBER…

Santé et… économie

Au-delà de la question du Groupe de Travail Vapotage, les réponses de la ministre participent (puisqu’on n’a pas mieux) à l’expression des positions officielles du gouvernement sur le vapotage, et aussi, plus généralement sur l’état d’esprit de la lutte contre le tabagisme.

Un passage dans la question N°05881 est particulièrement révélateur. Agnès BUZYN rappelle que le PNLT a été lancé par ses soins en association avec son homologue ministre de l’action et des comptes publics. Elle souligne qu’il s’agit « d’amplifier cette dynamique – la lutte contre le tabagisme – en combinant des actions sanitaires et économiques ». En effet, la société civile peut se questionner, d’un côté l’écosystème de la vape est mis à l’index, de l’autre l’augmentation des prix du tabac a permis à l’État d’engranger 700 millions d’euros de recette fiscales de plus en 2018 sur les ventes de cigarettes. Belle « combine » en effet…

Par ailleurs, la ministre rappelle également que les traitements d’aide à l’arrêt (substituts nicotiniques) ont bénéficié d’une envolée spectaculaire grâce au remboursement par l’assurance maladie. Tout va bien (mieux) donc pour l’industrie pharmaceutique qui sous les années 2012 / 2014 avait vu ses ventes plonger de 50% au moment de l’essor phénoménal de la vape. Ouf ! L’hémorragie est enfin circonscrite… Santé et économie, le système tabac c’est vraiment magique !

Déni officiel du vapotage

Le vapotage est arrivé pendant le « règne » de Marisol TOURAINE. Elle n’a rien compris, elle est passé complètement à côté de l’incroyable opportunité de santé publique que représente la vape. Le livre 1000 messages pour la vape à permis de consigner cette faute politique et sanitaire majeure et historique. Et elle a laissé en héritage des avis émanants des autorités de santé (HAS et HCSP) qui sont aujourd’hui, au regard des connaissances, totalement obsolètes voire mensongers. On y trouve des références à Glandz ou aux études « Pop Corn » complètement délirantes…

Mais Agnès BUZYN s’accroche à ces avis pour justifier sa position. En résumé, vu les « passions », les « discussions » et les « controverses », il n’est pas prudent de parler plus ostensiblement de la vape aux fumeurs. Texto (on est en 2019 hein !), on trouve dans le texte « une éventuelle utilité » ou encore « l’impossibilité d’avoir une base scientifique suffisamment solide pour accorder à ce produit un rôle dans l’arrêt du tabac ». Stupéfiant !

Sous couvert de la formule « très fortes divergences au sein des États membres de l’Union Européenne », la ministre de la santé adresse un message sans ambiguïté : les anglais sont des cons ! Camouflet à peine voilé. Ils recommandent la vape sans avoir les résultats des recherches scientifiques de la Fraaaaance ! Pourquoi n’attendent-ils pas les résultats de notre merveilleuse étude ECSMOKE dirigée par un docteur anti-vape et dont les accointances avec l’industrie pharma productrice de médicaments pour l’arrêt sème de sérieux doutes sur sa probité. On saura dans 4 ans, traduction en nombre de morts évitables dans 20 ou 30 ans : 300 000, he oui, la prudence, ça se paye !

Et enfin, les jeunes. Voilà l’argument qui retombe en fin de réponse à la question N°05856, « le risque de l’initiation au tabagisme », « ne pas renormaliser le tabac », « porte d’entrée vers le tabac ». Et le gouvernement se veut « particulièrement vigilant. » C’est limpide. Contre toutes les évidences, alors que nulle part dans le monde le tabagisme des jeunes n’a augmenté suite à l’arrivée de la vape (il y a 10 ans), et qu’au contraire, partout il régresse… Ce « risque » totalement fantasmé justifie pleinement un principe de précaution – ne pas promouvoir le vapotage – au détriment des millions de fumeurs français. Déplorable…

C’est consigné, encore…

Jusqu’à présent, Agnès BUZYN ne s’était jamais vraiment exprimée sur le vapotage. C’est chose faite et c’est très clair. Elle entre désormais dans l’Histoire de la santé publique en France, à la suite de Marisol TOURAINE, au Panthéon des illustres fossoyeurs de l’incroyable opportunité qu’est la vape, l’outil d’arrêt du tabac le plus populaire. Au mépris des réalités de terrain (3 millions de vapoteurs en France), au mépris de ses nombreux confrères (vidéo de l’INCA), au mépris des acteurs du plus grand réseau de RdR sur le territoire (plus de 2500 boutiques de vape, et de nombreux fabricants, honnêtes, rigoureux et concernés), au mépris des pays qui réussissent vraiment à prendre la voie de l’éradication du tabagisme, au mépris des millions de morts qui pourraient être évitées dans les décennies à venir.

C’est consigné, donc. Au-delà de ce que j’ai relevé, ces deux réponses au sénateur DAUDIGNY recèlent de quoi nourrir copieusement les procès à venir, devant des juges, ou devant « seulement » l’humanité. Lire Golden Holocaust, le tabagisme est plus grand génocide de notre civilisation. Face à la première cause de morts évitables, la « prudence » affichée par notre gouvernement est un scandale. On a bien compris que l’enjeu se situe au niveau des milliards de Bercy, mais on s’en fout !!! Même si on ne sait pas (tout à fait), il faut choisir le moindre risque…

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