État d’urgence. Entre paquet neutre et espaces fumeurs dans les lycées, la vape aurait pu être un formidable outil de réduction du tabagisme chez les jeunes. Raté.

Hors la loi. J’ai posé la question à ma fille. État d’urgence, Lycée Stendhal, centre ville de Grenoble, depuis plusieurs mois par la voix officielle des délégués de classes, la direction du lycée a interdit les rassemblements à l’extérieur et instauré la cours d’honneur « espace fumeurs ». Un gros cendrier central a même été installé. Consternant. La loi est pourtant claire : interdiction de fumer dans les établissements scolaires.

En poussant le raisonnement, peut-être pourrions-nous installer des débits de tabac dans les foyers scolaires ? Ainsi nous éviterions aux jeunes de sortir pour aller s’acheter des clopes, ou mieux, nous les protégerions de la possibilité d’acheter des cigarettes de contrebande « non officielles » et de « qualité » douteuse ?!!

Alors que le paquet neutre a été porté uniquement par l’objectif de réduire le tabagisme chez les jeunes, les écoles sabordent des années de combat menées par les associations anti-tabac. Qu’elle est bête d’ailleurs cette mesure du paquet neutre ! Normalement, les mineurs n’ont pas le droit d’acheter du tabac. Il n’y a donc aucune raison qu’un paquet (et son marketing) leur arrive entre les mains ? Jeu de dupes évidemment. L’État sait bien que les buralistes vendent aux mineurs, c’est prouvé. L’État sait bien qu’un jeune sur trois sort de ses années lycées avec la clope au bec, c’est prouvé aussi.

Coercition, une attitude de vieux réactionnaires…

Les adeptes de l’interdiction sont tous des vieux. Si vieux qu’ils ont oublié leurs années de jeunesse. Oublié qu’être jeune, c’est être invincible. Oublié qu’être jeune, c’est chercher ses limites, tutoyer les dangers, transgresser… Interdire de fumer aux jeunes ? Quelle fumisterie ! Les jeunes sont la population qui fume le plus. La cigarette ne tue qu’après des années, sur le moment il n’y a aucun désagrément, on ne se sent pas malade. C’est que du plaisir.

Que faire à part interdire ? Faire la morale ? Ça ne marche pas. On parle des jeunes. Bien plus sensibles à leur image face à leurs copains (qui fument) que celle des « adultes » qui font la leçon. La seule solution est d’éduquer, proposer des solutions et tenter d’orienter vers une prise de conscience pour viser l’abstinence, ou à défaut pour adopter des pratiques moins risquées. Réduction des risques. Que ce soit chez les jeunes ou les autres générations, prendre le chemin de la réduction des risques, c’est déjà avancer, c’est faire un pas, un progrès.

Mais les réactionnaires sont incapables de comprendre le progrès. C’est d’ailleurs ce qui les définit profondément, cette incapacité à comprendre la nouveauté, les alternatives à leur système bipolaire. Fumer ou ne plus fumer, pas d’intermédiaire.

Pourtant pour assurer leur discours, ils savent parler de passerelle. C’est ainsi que la vape est soupçonnée d’incitation au tabagisme. Ce n’est pas du tabac, mais ça y ressemble tellement (geste / volutes) que ça pourrait inciter à fumer. Surtout les jeunes, bien sûr. Un million de fumeurs ont fait exactement le chemin inverse, mais ils se permettent encore de douter. Ils s’octroient la mission de faire douter toute la population…

La vape, une solution manquée. Faute politique majeure. Encore !

État d’urgence, c’était l’occasion ! Autoriser les jeunes à vapoter dans l’enceinte des lycées. Vapoter, mais pas fumer. Proposer des ateliers de réduction des risques dans les établissements scolaires. Avec des tabacologues qui auraient exposé tout le panel des solutions, la vape et tout le reste. Le jeune fumeur aurait choisi librement.

Si j’avais eu la chance de découvrir la vape à 17 ans, peut-être que je serais sorti du tabagisme. Peut-être même que je ne vaperais même plus aujourd’hui. En tout cas, c’est sûr, j’aurai arrêté de fumer bien avant d’avoir 42 ans. Et je n’aurais pas presque 30 ans de tabagisme dans le buffet. Peut-être que je n’aurais pas arrêté de fumer à 17 ans, mais j’aurais pris conscience de la solution, elle se serait installé dans mon esprit, et j’aurai pu y penser dès les premières fois où j’ai commencé à me dire qu’il fallait que j’arrête de fumer.

Mais je n’ai pas eu cette chance. La vape n’existait pas quand j’avais 17 ans. Jusqu’à mes 42 ans, je n’avais que la violence de l’arrêt brutal à disposition. Je n’avais que la perspective de stopper mon plaisir. Parce que j’aimais fumer, au-delà du problème de l’addiction. J’aime le geste, j’aime le cérémonial, j’aime la pause. J’aime vaper autant que j’aimais fumer. Et je vape avec d’autant plus de plaisir que je sais que je ne me détruis plus à petit feu. Même si j’ai encore terriblement peur de l’héritage que m’ont laissé mes 30 ans de tabagisme…

Quand j’avais 17 ans, l’État n’avait pas sous la main une solution extraordinaire pour réduire le tabagisme dans la population. Qu’en fait-il aujourd’hui alors que les résultats crèvent les yeux. Rien. On tâtonne, on se demande, et en attendant, on propose aux jeunes des espaces fumeurs dans les lycées. On interdit la vente de e-cigarette aux mineurs. Le temps qu’on réfléchisse, restez fumeurs. Il est plus facile de compter et de se lamenter sur les morts que d’évaluer avec certitude les vies possiblement sauvées.

Pendant tout ce temps qu’on prend pour douter, on tue. « L’État te tue », c’est ce qu’on devrait inscrire sur les paquets neutres que les jeunes ne sont pas censés avoir entre les mains quand ils fument dans la cours du lycée.

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