Le SNUS est interdit depuis 1992 partout en Europe sauf en Suède. Un rapport accablant, fondé sur les données de l’OMS, estime le nombre de morts qui auraient pu être évitées. Et ça donne le vertige…

C’est un produit traditionnel en Suède. Le SNUS est un produit du tabac qui ne se fume pas, mais qui se glisse sous la gencive. Cela permet de consommer du tabac et délivrer notamment la nicotine sans combustion. C’est un produit qui entre pleinement dans le principe de la réduction des risques, alternative au tabac fumé. Si vous souhaitez une information précise sur ce produit particulier du tabac, l’excellent Vaping Post propose toute une série d’articles très bien documentés sur le SNUS.

Pourquoi parler du SNUS, un produit du tabac, sur un blog vape ?

Depuis 10 ans que la vape est arrivée, que de nombreux fumeurs sont sortis du tabagisme grâce à leur cigarette électronique, un incroyable combat doit être mené par les vapoteurs et les professionnels pour justifier du bien fondé de ce « miracle ». Les détracteurs sont nombreux et la frilosité des autorités suscitent d’interminables débats. Il y a quelques jours, en se basant sur les « connaissances / spéculations » des autorités sanitaires françaises (HAS, HCSP…), la nouvelle ministre des solidarités et de la santé, Agnès BUZYN, affirmait qu’il n’y a encore aucune preuve que la vape puisse permettre d’arrêter de fumer…

De nombreuses études sont pourtant disponibles, avec des conclusions qui convergent toutes sur les performances en termes de sevrage avec une réduction des risques incontestable (rapports PHE, RCP), mais le doute et les spéculations ont la vie dure. On ne sait pas, ou du moins, on ne sait pas « assez ». Les associations ont beau hurler au scandale sanitaire face aux mesures réglementaires et aux messages négatifs qui compliquent la vie des vapoteurs, augmentent le ticket prix, interdisent la publicité et effraient la population des fumeurs sur la vape, rien n’y fait, pas de « preuve », par « précaution », freinons…

Cette atmosphère est d’autant plus renforcée par de nombreux esprits « sains » pétris de leur hygiénisme et du culte de la coercition qui voient dans la vape le diable qui va renormaliser le geste de fumer, voire inciter la jeunesse à fumer, car comme chacun sait, les jeunes ne fumaient pas avant l’arrivée de la cigarette électronique !

La vape, pourtant sans tabac, dans une moindre mesure, mais dans une dynamique comparable, subit donc les mêmes foudres que le SNUS qui avait, lui, le principal tort d’être un produit du tabac. On m’a même raconté, qu’à l’époque, les ayatollah de la lutte anti-tabac estimaient que le SNUS était un énorme danger pour la jeunesse, car ils pourraient ainsi consommer de la nicotine sans que ça se voit. Comme pour la vape, donc, la notion de réduction des risques n’était pas à l’ordre du jour…

25 ans après, on peut faire les comptes : plus de 33 000 morts évitables par an en France !

Depuis 1992, l’interdiction du SNUS a toujours été reconduite par l’ensemble des états européens, à chaque directive sur le tabac. Les suédois ont résisté à l’époque au nom de leurs traditions et ont toujours tenu. Le produit s’est développé, amélioré et le principal fabricant s’est même payé le luxe de stopper complètement la production de cigarettes.

Au fil des années, les indicateurs sanitaires n’ont cessé de révéler des résultats positifs. Si grosso-modo les suédois consomment à peu près autant de tabac que les moyennes européennes, la proportion de consommateurs de SNUS est de plus en plus forte. Et les résultats sur la baisse des maladies liées au tabagisme sont incontestables.

C’est tout l’objet du rapport qui a été publié par la SNUS KOMMISIONNEN. Cette organisation est financée par l’industrie et dirigée par des personnalités reconnues comme Karl Olov Fagerström, « l’inventeur du fameux test à la dépendance à la cigarette ». Le mode de fonctionnement est totalement transparent (voir dans le document p. 4 et 5).

Le rapport est accablant pour les politiques de lutte contre le tabagisme menées par les autorités de santé de toute l’Europe. Compte tenu de l’organisation et des financements de la SNUS KOMISSIONNEN, on pourrait crier au lobby du SNUS, mais dans ce rapport il n’y a aucune spéculation, les données chiffrées sur les maladies liées au tabac sont issues de l’OMS (maladies cardiovasculaires, cancers…). Le rapport se contente simplement de lire les statistiques et extrapoler le nombre de morts qui auraient pu être évitées si les autres pays européens avait appliqué la même politique que la Suède.

Ces calculs sont fait avec d’autant plus de prudence qu’ils ne se concentrent que sur la population masculine de plus de 30 ans. Pour éviter le biais d’une consommation moindre des femmes (c’est d’ailleurs une des « limites » du SNUS) et prendre en compte le calendrier des interdictions à l’échelle européenne.

Résultat ? 335 000 morts par an auraient pu être évitées en Europe. Pour la France, l’estimation s’élève précisément à 33 693 par an !

Vertige absolu. La lecture de ce document donne envie de vomir. J’aurais peut-être pu arrêter de fumer il y a 25 ans, si le SNUS n’avait pas été prohibé par les gens qui me veulent du bien. Une solution parfaitement connue, étayée et défendue par Suède avec des résultats qui sont loin de dater d’hier, régulièrement communiqués, aurait donc permis d’éviter presque la moitié des morts en France chaque année du tabagisme !

Action devant la cour de justice européenne : quel avis donnera la France ?

Une action en justice a été lancée conjointement par la NNA (New Nicotine Alliance) et le principal producteur de SNUS suédois. La procédure est complexe (droit anglais, droit européen) en s’appuyant sur les droits fondamentaux, liberté, santé, droit à l’information, droit commercial… une démarche très solide, toute l’information est disponible ici [en anglais] : NNA SNUS ban challenge.

L’important à savoir, c’est que dans le cadre de cette procédure, tous les pays membres de l’Europe sont appelés à donner leur avis avant le 7 juillet 2017. Il serait donc intéressant de savoir si la France va se positionner, et si tel est le cas, dans quel sens. Notre nouvelle ministre de la santé, pragmatique, a annoncé dernièrement réfléchir très sérieusement à obliger la vaccination sur 11 prévalences. Parmi elle, la rougeole, à cause de laquelle la ministre s’alarme et parle d’urgence pour une quinzaine de cas dans son département. En toute relativité, il y a 78 000 morts du tabagisme chaque année et le rapport de la SNUS KOMISSIONNEN estime donc que l’on pourrait « sauver », à termes, plus de 33 000 personnes par an.

L’avis de la France sur le SNUS est d’autant plus attendu qu’un autre produit du tabac, le tabac chauffé, qui se positionne aussi sur la « réduction des risques », mais sans aucun recul et très controversé par de nombreux spécialistes, est en train d’arriver sans aucune restriction sur le territoire français et dans un silence total de la part des autorités.

Plus efficace que le paquet neutre et le paquet de cigarettes à 10 euros ?

Pour info, en Suède, le paquet neutre n’est pas en place et le prix d’un paquet de cigarette est un peu moins élevé qu’en France. Dont acte. Que ce soit avec le SNUS qui a incontestablement fait ses preuves ou avec la vape qui ne demande qu’à grandir et être soutenue, une véritable politique de réduction des risques est possible ET nécessaire.

Avec plus de 34% de fumeurs, la France affiche un des scores les plus lamentables d’Europe. Il est grand temps d’agir. Les connaissances actuelles et particulièrement ce rapport de la SNUS KOMISSIONNEN ne doivent plus laisser aucun doute sur l’opportunité de repenser complètement la politique de lutte contre la cigarette avec comme axe directeur : la réduction des risques. La morale et la coercition n’ont rien réglé, la comparaison avec la Suède est accablante, ils atteignent moins de 5% de fumeurs sur la tranche étudiée, un chiffre symbolique pour les organisations de lutte contre le tabagisme qui estiment, qu’à ce stade, l’éradication de la cigarette est presque atteint et qu’il peut ne plus être considéré comme un problème de santé publique majeur.

La vape, qui n’est pas du tabac, mérite désormais la plus grande attention de la part des autorités. Les britanniques produisent déjà depuis plusieurs années de nombreux rapports positifs et mènent une politique opportuniste et pragmatique qui apporte des résultats incontestables : moins de 18% de fumeurs. Quasiment moitié moins qu’en France.

C’est une des différences majeures entre la vape et le SNUS. A l’époque du SNUS, l’interdiction s’est déroulée dans le silence, pas de consommateurs, ni de professionnels de santé, et très peu de défenseurs. Pour la vape, les « alertes » sont innombrables, que ce soient les consommateurs, les associations, les sociétés savantes, les professionnels… Le « on ne savait pas » sera indéfendable.

Scandale sanitaire en Europe ?

Voici une version traduite de l’introduction du rapport de la SNUS KOMISSIONNEN [Version originale en anglais], tout est dit sur ce qui peut être qualifié de scandale sanitaire à l’échelle de l’Europe. La suite du rapport détaille tous les modes de calculs sans omettre les précisions sur les risques relatifs du SNUS :

Ce rapport démontre la différence entre le niveau actuel de mortalité liée au tabac dans les pays de l’UE et le niveau qui aurait été atteint si tous les autres pays de l’UE avaient adopté les mêmes modes de consommation de tabac qu’en Suède. La base des chiffres figurant dans le rapport se compose de données du Rapport global de l’Organisation mondiale de la santé – (OMS): mortalité attribuable au Tabac (Genève, 2012). Le traitement des données a été effectué par Institutet för Tobaksstudier (Institut pour l’étude du tabac) et une compilation des données a été mise à notre disposition. Les chiffres se rapportent aux hommes de plus de trente ans dans chaque pays et concernent plusieurs groupes de maladies. Le rapport montre que la Suède possède le taux de mortalité du tabac le plus bas de tous les pays de l’UE par rapport à la taille de sa population. Par rapport à la Suède, les taux de mortalité liés au tabac sont plus de deux fois plus élevés par rapport à la taille de la population dans 24 des 27 autres États membres de l’UE. Au total et parmi les hommes âgés de plus de 30 ans, 355 000 vies par an auraient pu être épargnées si les autres pays de l’UE avaient un taux de mortalité lié au tabac qui correspond à celui de la Suède. La Suède a clairement le taux de mortalité lié au tabac le plus bas au sein de l’UE par rapport à sa taille, bien que la consommation quotidienne de tabac chez les hommes soit au même niveau que les autres pays d’Europe. La Suède est également le seul pays de l’UE où le SNUS est autorisé. Il existe une corrélation claire, le SNUS est un produit beaucoup moins dangereux que les cigarettes : la différence en termes d’effets sur la santé correspond à des centaines de milliers de vies par an en Europe. Le SNUS permet à la Suède d’avoir un nombre exceptionnellement faible de fumeurs et il est difficile d’ignorer le rapport entre le faible niveau de fumeurs et le faible taux de mortalité lié au tabac. En d’autres termes, le taux de mortalité lié au tabac aurait été plus faible dans l’ensemble de l’UE aujourd’hui si le SNUS avait été autorisé au sein de l’union au cours des dernières décennies.

A toutes fin utiles, voici un tableau « continuum des risques » liés au tabagisme et aux produits de substitution qui a été produit dans le cadre du rapport Public Health England (ENDS = vape) :

Continuum des risques tabac nicotine substituts

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