J’ai rencontré Roberto pour la première fois au dernier Vapexpo de Lyon. Il m’a fait pleurer de rire en me racontant son infarctus. C’est ce qui l’a conduit à ouvrir sa boutique de vape…

Interview de Roberto Fernandez, gérant de la boutique Vape de l’île à Nantes. Marrant, c’est ma ville natale…

Artère gauche bouchée, deux stents : un pour Philippe, un pour Maurice ?

Oui, j’ai adoré l’humour de mon chirurgien lorsque je me suis réveillé ce 24 mai 2013 ! En quelques heures, je suis passé des urgences au bloc. 43 ans, sportif, pleine forme, papa d’un petit garçon de 5 ans, j’ai bien failli payer le prix fort pour mes trois paquets de clopes quotidiens ! Infarctus violent, le cœur à 28 pulsations, mais je n’ai pas perdu connaissance. Le chiro a commencé à faire de l’humour dès qu’il m’a vu arriver : « Vous êtes bien jeune, normalement ils sont plus vieux ! ». Le diagnostic ne fait aucun doute, infarctus du fumeur, artère gauche complètement bouchée, pose de deux stents et c’est là qu’il ma sorti sa blague « Un pour Philippe et un pour Maurice, j’espère que c’est la marque que vous fumez ? » En tout cas, « C’est fini, à partir d’aujourd’hui, plus de clope, il va falloir apprendre à vivre autrement… » Je lui réponds en lui demandant quand je pourrai reprendre le foot. Réponse, avec moins 15% de capacité cardiaque, vous oubliez aussi. Toujours en vie, mais quelle claque, en quelques heures, tout bascule…

Et ça t’a suffit pour arrêter de fumer ?

Oui et non. C’est un enfer. On me prend un RDV chez une tabacologue. Patchs. Rien d’autre. Déjà essayé, je suis allergique à la colle. Quoi de mieux, la cigarette électronique ? Non. Pourquoi ? Parce que. Bon. Je retourne voir ma cardiologue. Je lui explique. C’est elle qui me dit d’aller dans la première boutique de vape que je croise. De prendre du bon matériel avec le taux de nicotine le plus fort possible. Je m’exécute. J’y crois pas trop. Je vape quelques heures. Merde, ça marche ! Plus envie de fumer !!

Tu as eu de la chance !

Oui, je dis même souvent que j’ai eu de la chance d’avoir un infarctus ! Ha ha ! Ça a changé ma vie. Avec mes trois paquets de clopes par jour, j’étais comme un naufragé, au bord de la noyade à tout instant. Et maintenant, avec ma boutique de vape, je suis un sauveteur. Après quelques mois de convalescence, mon patron m’a viré, j’étais au plus mal, et c’est ma femme qui m’a poussé à ouvrir la boutique « puisque ça avait marché pour moi », et que je m’intéressais de plus en plus au sujet, tu sais, les fuites sur le matos, la recherche d’une bonne vape, la découverte de nouveaux liquides…

Maintenant, avec ta boutique de vape, c’est toi qui sauve ?

Je fais tout ce que je peux. Aujourd’hui, j’ai eu 4 néo-vapoteurs dans la journée. Je passe au moins trois quart d’heure avec chaque fumeur qui veut essayer. Ils ressortent de la boutique avec le matériel prêt à l’usage et toutes les explications pour s’en servir. J’ai un fichier client d’environ 1000 personnes et quand ils passent à la boutique, on discute, on teste des liquides, c’est une passion, j’ai plus de 200 références ! Rien à voir avec un bureau de tabac qui débite un client toutes les 30 secondes. L’autre jour une dame est passée, diabétique, son médecin lui a conseillé la vape, mais elle n’avait pas les moyens de s’offrir un matériel vraiment de qualité. Je lui ai proposé de me payer quand elle voulait, quand elle pourrait, elle m’a laissé un chèque en me demandant de le tirer plus tard. Bien sûr ! Vu ce que j’ai vécu, impossible de laisser quelqu’un sur le bord du chemin. On ne parle que des morts du tabac, mais il y a tous les gens malades, infiniment plus nombreux, les BPCO, tout ça…

Quel est le profil de tes clients ?

Il y a peu de jeunes, même si je suis dans un quartier où il y a beaucoup d’étudiants. Ma clientèle se compose essentiellement d’anciens fumeurs, de gros fumeurs, depuis longtemps, à partir de 35 ans et jusqu’à 50, 60, 65 ans… Je vends du DIY et du reconstructible mais c’est 10%, tout au plus, de mon chiffre d’affaires. C’est vraiment monsieur et madame tout le monde, qui veut du matériel efficace, des liquides sympa, et passer un bon moment en étant sûr d’avoir toujours des bons conseils. Certaines personnes entrent dans la boutique avec des problèmes de matériel, je suis prêt à les aider même sans rien vendre. Je refuse aussi catégoriquement de vendre aux mineurs, même si ça me fend le cœur, car j’ai presque l’impression d’inciter au tabagisme. Je leur dit de revenir avec papa / maman, là c’est bon, j’accepte.

Expérience, conseil, ce n’est donc pas si simple de vendre des ecig ?

Tenir une boutique de vape, c’est un vrai métier. Je suis adhérent à la FIVAPE et je bastonne pour qu’il puisse y avoir une reconnaissance professionnelle, pour prôner la qualité et pour l’image de la vape. Alors que certains ne voient que leur tiroir caisse, nous sommes nombreux, très nombreux, à prendre soin de nos clients. A Nantes, je suis content quand il y a d’autres boutiques de vape qui ouvrent, surtout quand ce sont des gens sérieux. On doit être expert. J’ai bien entendu participé à la formation de Jacques Le Houezec, cela m’a permis de consolider mes connaissances afin de répondre sereinement aux questions des clients. C’est un sacerdoce, une chance, la notion de partage, l’envie de sauver les autres, donner du temps. Plus on accompagne bien le client et plus on lui donne des chances de réussir, de parvenir à écraser cette putain de clope. Quand un client (ou une cliente) revient quelques jours après son premier achat pour te remercier parce qu’il a arrêté « grâce à toi ». Quelle récompense, mieux que l’argent !

Tu offres aussi le magazine VAPYOU à tes clients !

Ha oui ! C’est pour moi un support génial. Dès que je le reçois, je le lis à fond pour le connaître par cœur et ça me permet de m’en servir en boutique. Dire au gens, lisez ceci ou cela. C’est un outil de travail à part entière, qui permet de rassurer. Bien sûr, je l’offre aux clients pour qu’ils rentrent avec à la maison et je leur propose même plusieurs exemplaires pour diffuser autour d’eux.

Comment tu te sens aujourd’hui ?

Merveilleusement bien ! J’ai découvert un monde génial, je fais de fabuleuses rencontres, je noue des amitiés avec des personnes formidables. C’est extraordinaire. Côté santé, j’ai repris un peu de capacité, je fais du cardio, je fais des efforts. Mais je ne peux toujours pas jouer au foot avec mon garçon. Ça viendra peut-être, en attendant, on joue au golf ensemble, on se marre, on profite de la vie, d’être ensemble…

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