Assassinat. Le mot n’est pas trop fort. Le gouvernement belge tue la vape, au mépris de la santé publique, pour préserver les taxes sur le tabac.

Depuis plusieurs mois, les vapoteurs belges alertent l’opinion et hurlent face à leur gouvernement. Après plusieurs péripéties, l’arrêté royal qui réglemente la vape est mis en application depuis le 17 janvier.

En Belgique, la vape est un produit du tabac

Alors que la vape est une pratique qui permet d’arrêter de fumer, le gouvernement belge lui applique les mêmes restrictions que pour le tabac. Et avec, en plus, une réglementation spécifique introduite par une transposition la plus sévère possible de la TPD (Directive tabac européenne). En clair :

  • Interdiction de publicité : mis à part le bouche à oreille et la communication « clandestine », les fumeurs n’auront plus aucun moyen d’avoir accès à de l’information sur la vape, notamment sur son potentiel afin de réduire leur consommation, voire arrêter complètement de fumer.
  • Interdiction de la vente en ligne : pour ceux qui n’auront pas la chance d’habiter pas trop loin d’une boutique spécialisée, l’accès à la vape devient totalement impossible, sauf à prendre le risque de commander à l’étranger.

Ces deux mesures constituent des barrières à l’entrée terriblement efficaces. Avec ces décisions, le gouvernement belge freine délibérément l’essor de la vape. Il réduit considérablement le nombre de fumeurs qui pourraient tenter l’expérience pour sortir du tabagisme. De plus :

  • flacon de e-liquide ne pouvant pas dépasser 10 ml, ce qui peut provoquer un doublement des prix pour ceux qui achetaient des liquides grand format, jusqu’à 100 voire 120 ml.
  • des messages d’avertissements à la consommation de nicotine doivent être apposées sur les emballages en trois langues. Même contrainte pour les notices.
  • limitation de la taille des réservoirs à 2 ml (atomiseurs, clearomiseurs) et interdiction des drippers, ce qui limite le choix des matériels, et donc la possibilité d’adapter au mieux la qualité de vape pour mieux sortir du tabagisme
  • l’interdiction de vaper dans les lieux public s’étend même aux boutiques de vape spécialisées, qui ne peuvent donc plus faire goûter les liquides. Alors que le choix de la saveur et le réglage du taux de nicotine sont des paramètres essentiels pour avoir toutes les chances de sortir du tabac avec une vape adaptée.

Ces dispositions conduisent à augmenter les prix pour le consommateurs et à compliquer l’accès à la vape, que ce soit pour un débutant pour faire ses premiers ajustements, et même pour un vapoteur expérimenté pour perfectionner la qualité de sa vape et rester loin du tabac.

Bien entendu, l’ensemble de ces mesures sont également particulièrement anxiogènes, de nature à repousser les velléités de fumeurs en manque d’information et en proie aux doutes, trop souvent relayés par les médias.

Santé et finances : l’union fait la force !

Comment le ministre des finances et la ministre de la santé se sont alliés pour maintenir le tabagisme en Belgique, source de revenu incontournable à laquelle tous les états du monde sont complètement accros ? Voilà une petite comédie médiatique, avec des ficelles tellement grosses qu’il est difficile de s’imaginer qu’elle ne soit pas méticuleusement orchestrée. Sur scène, le ministre des finances, dans le rôle du méchant, et la ministre de la santé pour jouer la blanche colombe.

A quelques jours de la mise en application de la réglementation sur la vape, le 9 janvier, le ministre des finances belges Johan Van Overtveldt s’en ouvre à la presse : les accises sur le tabac ne rapporte pas autant que prévu dans son budget. Pour lui, la raison est simple, les taxes sur le tabac sont trop élevées. Comprendre : cela freine les ventes, les belges fument moins, ils ne rapportent pas assez. Stupéfiant !

Dans le même article, réponse de la ministre de la santé Maggie De Block : elle se dresse en opposition totale à la demande de son collègue de réduire les fameuses taxes, ce qui pour elle est une question de santé publique. Il ne faut pas augmenter le nombre de fumeurs, si la consommation baisse, tant mieux. Normal, logique, bravo, l’honneur est sauf.

Impossible d’imaginer bien sûr que les deux ministres n’aient pas communiqué pour mettre au point leurs déclarations à un même journaliste et pour une publication où ils étaient tous les deux cités. Bien entendu, ni l’un ni l’autre, et surtout pas la ministre de la santé, ne font la moindre allusion la vape. À cette réglementation sur la cigarette électronique qui sort quelques jours plus tard et qui, pourtant, s’est établie au nom de la « sécurité et de la vigilance pour la santé publique »…

En freinant la vape avec une réglementation qui éloigne les fumeurs de la « solution », évidemment le gouvernement belge fait exactement ce qu’il faut pour maintenir un niveau correct de tabagisme et donc de rentrées fiscales.

Voilà comment des politiques prennent des mesures pour préserver le système tabac, en contradiction totale avec la santé publique, et en jouant une jolie comédie pour le public afin de soigner l’image d’un gouvernement qui serait vertueux dans la lutte contre le tabac. Communication savamment orchestrée, ça passe comme une lettre à la poste auprès d’une opinion publique qui, comme dans tous les pays du monde, est conditionnée pour considérer les cons de fumeurs comme les seuls et uniques responsables de leur situation.

Recours au Conseil d’État

L’UBV-DBD (Union Belge pour la vape) vient de boucler un financement participatif en récoltant un peu plus de 7000 € afin de payer un cabinet d’avocat qui va déposer un recours devant le Conseil d’État contre la nouvelle réglementation de l’arrêté royal. Espérons qu’ils parviendront à se faire entendre…

Et en France ?

Chez nous français, nous avons, à raison, une grande tendance à porter notre regard vers notre voisins britanniques, beaucoup plus pragmatiques et donc favorables à la cigarette électronique. Ceci étant, la situation catastrophique en Belgique permet peut-être d’apprécier les moindres dégâts subis en France :

  • pas d’interdiction de vente en ligne
  • aucune limitation sur les matériels
  • pas de contraintes à priori pour faire goûter les produits en boutique

Est-ce à mettre au compte des associations qui se battent depuis des mois, voire des années, pour faire entendre la voix des vapoteurs et des professionnels. Oui bien sûr !! Que ce soit l’AIDUCE, la FIVAPE ou SOVAPE, le choix du dialogue avec les autorités, parfois houleux, semble quand même porter ses fruits ?

Ceci étant dit, il reste malgré tout de nombreuses contraintes totalement inacceptables :

  • interdiction de publicité et propagande (une spécificité française bien trouble)
  • limitation des flacons avec nicotine à 10ml
  • lieux publics et vape au travail

Il est donc primordial de ne surtout pas baisser les bras, et continuer à rester mobilisé. Soutenir les associations et toutes leurs initiatives, ne pas hésiter à interpeller les politiques sur la vape surtout à l’approche des élections. La route est encore longue et les enjeux sont considérables. En France, la vape est encore mal comprise, mais les autorités ont désormais pris conscience. Le défi aujourd’hui est de parvenir à réaliser un cadre qui protège les consommateurs, qui permettent aux fumeurs d’accéder facilement à la pratique et surtout – surtout, tout faire pour que l’industrie du tabac ne vienne pas mettre ses sales pattes dans notre histoire.

Soutien à nos amis Belges !

> Ce reportage court et complet explique bien toute les mesures qui sont prises en Belgique : nouvelle législation sur la cigarette électronique.

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