Interview de Françoise, la créatrice du groupe Facebook Je Ne Fume Plus ! qui a enregistré une recrudescence très importante des inscriptions dès le début de l’opération.

Cela fait un moment que l’on se connait avec Françoise. J’avais découvert Je Ne Fume Plus ! début 2015 et c’est probablement le groupe Facebook où je passe le plus de temps. J’admire sincèrement le travail de Françoise et de toute l’équipe, son incroyable constance, sa disponibilité, ses mots toujours justes et adaptés à la personne.

Le groupe Je Ne Fume Plus ! est un exemple formidable de l’esprit de partage, de bénévolat, de tolérance. En effet, chacun arrive avec ses questions, ses envies, ses préférences. Il n’y a aucun prosélytisme pour telle méthode ou telle autre, il s’agit d’aider, écouter, répondre, soutenir pour que chacun trouve son chemin, le chemin de la « défume ».

Merci à Françoise qui m’a consacré un peu de son temps si précieux pour discuter et réaliser cet interview. C’est l’occasion de faire un point sur l’impact du Mois Sans Tabac et sur la vape en général au prisme de l’activité sur le groupe.

Est-ce que le Moi(s) Sans Tabac s’est ressenti sur le groupe « Je Ne Fume Plus » ?

Oui, énorme, nous sommes passés en quelques semaines de 2 460 à 4 260 membres ! Nous avons quasiment doublé le nombre de personnes inscrites sur le groupe. Et ça continue. Je pensais que ça se calmerait avec la fin de l’opération, mais en fait, pas du tout. Les gens ont besoin de soutien, pas seulement sur le premier mois, et sur le groupe, nous sommes tout le temps là, toute l’année, tous les jours…

Jour et nuit ?!

Quasiment, oui ! C’est le principe d’un groupe Facebook. Il suffit de poster, et immédiatement il y a du monde pour répondre. Au minimum 5 ou 6 personnes. En venant sur le groupe, on est sûr d’avoir des réponses et du soutien immédiatement. Nous ne sommes pas un centre d’appel comme Tabac Info Service qui fonctionne avec des horaires d’ouverture, voire de la prise de RDV. Et ce n’est pas du tout le même genre de contact.

Sur Je Ne Fume Plus !, on est exclusivement entre « défumeurs », on échange, on se soutient, on partage nos expériences. On se comprend surtout, car on vit la même chose. Chaque personne du groupe peut témoigner de son chemin, de sa particularité, de ses réussites et de ses difficultés. Les réponses sont de même : vivantes car correspondant au vécu de chacun. Nous n’avons pas de réponses standardisées, chaque défume est particulière.

Mais est-ce que les conseils sont « sérieux » ?

De plus en plus de professionnels de santé participent sur le groupe. Ils sont repérés et quand c’est nécessaire, on les appelle pour avoir des réponses précises sur des questions de santé.

Mais l’objectif du groupe reste essentiellement le soutien psychologique et le partage d’expérience. Se sentir écouté, partager avec une autre personne, c’est ce qui fait toute la différence. Tous les sujets peuvent être abordés sans tabou, sans limite, sans se sentir inférieur. On parle du quotidien : je suis énervé, j’ai faim, j’ai peur de grossir… Et les conseils fusent immédiatement, de la part d’anciens fumeurs sevrés depuis longtemps ou de la part d’autres membres qui sont aussi en phase de défume et qui se battent, qui traversent les mêmes « épreuves ».

Le groupe est un espace totalement privé où l’on peut s’exprimer et où l’on trouve de l’écoute. A part les membres, personne ne voit ce qu’il s’y passe. On peut parler sans que la famille ou les amis soient au courant. La défume est une expérience personnelle très introspective, et les « autres » ont parfois du mal à comprendre toute la difficulté de s’arrêter de fumer. Sur Je Ne Fume Plus !, on écoute sans juger, on renseigne, on soutient, on encourage. Des amitiés se tissent. Les anciens aident les nouveaux, les nouveaux s’aident aussi entre eux. C’est un espace très convivial.

Nous avons monté des « team » par sujets. Certains s’occupent de fêter les défumeurs, tous les jours jusqu’au 120e jour ! Puis par quinzaines, par mois, par années. Si vous êtes sur le groupe, on vous rappelle et on vous félicite constamment pour votre arrêt du tabac. Nous avons une team animation, une team vape aussi bien sûr…

La vape est un sujet important sur le groupe Je Ne Fume Plus ?

Oui, ça s’est installé progressivement. Sachant que ce n’est pas un but en soi, toutes les méthodes peuvent être abordées, les substituts, l’hypnose, les thérapies comportementales, la médecine douce… Mais depuis quelques temps la vape prend un essor considérable, c’est assez naturel, on constate que ça marche, on partage, cela n’a rien de surprenant.

Mais nous avons aussi beaucoup de questions sur les « dangers de la vape »…

Comment ça, les « dangers de la vape » ?

Depuis quelques mois, on ressent plus d’inquiétude. Les gens nous disent « Je ne fume plus, mais je vape quand même ». Comme si c’était pareil, ou comme si vaper, ce n’était pas avoir totalement arrêté de fumer.

Visiblement le dénigrement médiatique a beaucoup d’effet sur la population. Il y a beaucoup plus d’inquiétude aujourd’hui qu’il y a quelques mois. Et les allégations  plus ou moins « officielles «  sur la vape pendant le Mois Sans Tabac n’ont rien arrangé. Faire croire qu’il existe différentes formes de nicotine. Dire aux gens de vaper en zéro et prendre la nicotine avec des substituts, cela jette le trouble dans les esprits, cela crée de l’inquiétude.

Heureusement que nous avons de nombreux vapoteurs sur le groupe qui peuvent rassurer, ainsi que des tabacologues.

Tabac Info Service annonce 839 « doutes et craquages » sur 179 816 participants au Moi(s) Sans Tabac, soit un taux de réussite de 94,54%. Qu’en penses-tu ?

Ce serait à marquer dans l’histoire en lettres d’or !

Sincèrement, il faudrait un vrai suivi des défumeurs pour pouvoir avancer un chiffre. On connait tous les réalités du sevrage, et ses difficultés. Sur le groupe Je Ne Fume Plus !, nous avons eu 1852 personnes qui se sont inscrites durant le Moi(s) Sans Tabac, et pour ceux qui en parlent, il y a eu 350 échecs comptabilisés. Soit 20%. Au mieux, on peut donc estimer 80% de personnes, pour notre groupe, qui n’ont pas repris au bout d’un mois. Et c’est déjà énorme.

Mais il faut faire attention, certaines personnes n’avouent pas facilement leur échec, c’est parfois difficile à vivre. Un mois c’est très court, il faudrait comptabiliser sur beaucoup plus longtemps. Et surtout, comme je l’explique, nous avons sur le groupe un niveau de soutien et d’encouragement au quotidien qui a forcément un impact très positif sur la réussite.

Quoi qu’il en soit, le Moi(s) Sans Tabac a été une énorme opération de communication et il a amené beaucoup de monde sur le groupe Je Ne Fume Plus ! Il nous a permis d’aider encore plus de personnes qui essaient d’arrêter de fumer. Donc tant mieux ! Si nous pouvons aider  plus, c’est très bien.

Plus de 4000 membres, ça ne devient pas un peu lourd à gérer ?

Si, ça devient difficile. Nous sommes bénévoles. Aucun statut. Aucune aide. Pour l’instant, on s’en sort, mais au prix de sacrifices sur le temps personnel. Depuis le début du Moi(s) Sans Tabac, je fais du non-stop, avec une pause déjeuner…

Les équipes qui animent le groupe donnent le plus possible de leur temps et de leur énergie. De leur enthousiasme aussi. Oui, de l’aide, ce serait bien, car « Je ne fume plus ! » est une belle aventure pour nous, et pour les défumeurs !

> Pour s’inscrire et participer : groupe Facebook Je Ne Fume plus !

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