Le magazine Paris Match publie une interview de Hon Lik, l’inventeur de la cigarette électronique. Décryptage sur un exercice de désinformation ourdit par l’industrie du tabac…

5 millions d’euros ! C’est le budget annoncé par Fontem Ventures, lors d’une conférence de presse en début d’année, pour lancer sa cigarette électronique « nouvelle génération ». Autant dire que la filiale d’Imperial Tobacco se donne les moyens pour conquérir le marché de la vape ! Les RP grassement rémunérées font donc le job, et ce matin l’article paru dans Paris Match est un coup de maître en termes de désinformation et de manipulation au bénéfice de l’industrie du tabac. Décryptage…

Dans le milieu de la vape, Hon Lik est à la fois vénéré et détesté. Vénéré, parce qu’il est officiellement l’inventeur de la cigarette électronique (il y a débat, mais ce n’est pas le sujet ici), et détesté puisqu’il a finit par se vendre à l’industrie du tabac. Concrètement, il a vendu ses brevets. Mais ça ne vaut plus rien, on y revient tout de suite… Il a vendu son image, son aura, son « capital confiance »… Pour Imperial Tobacco, c’est uniquement une opération de communication. Et Hon Lik fait parfaitement le job en répondant aux questions de Paris Match.

Nocivité par rapport au tabac : VRAI

Difficile d’affirmer le contraire aujourd’hui, de nombreuses études le confirment. Hon Lik répète ce que toute personne qui se renseigne pourra lire sur des centaines de publications. Quant bien même il puisse y avoir quelques incertitudes sur le long terme, la cigarette électronique est infiniment moins nocive que le tabac. Encore merci à Hon Lik, si vous êtes vraiment le premier inventeur.

L’industrie du tabac serait donc le meilleur choix pour la cigarette électronique : FAUX

Au contraire, c’est le pire des choix ! Hon Lik parle d’une industrie qui a les moyens d’innover ? Or le produit lancé par Fontem Venture est une cigarette électronique de première génération, totalement obsolète au regard du matériel proposé par les fabricants spécialisés. Le Pr Dautzenberg spécialiste du tabac affirme sans ambage que c’est un produit conçu pour rester fumeur. L’objectif inavouable, mais compréhensible pour un industriel du tabac, est de décevoir le primo-vapoteur.

L’autre avantage portant le choix de l’industrie du tabac serait son réseau de distribution, c-à-d les bureaux de tabac, au prétexte qu’il sont présents au plus proche des consommateurs de… tabac. Cet argument est très vicieux, au point qu’il arrive même à convaincre certains acteurs du marché de la vape plus sensibles au business qu’à l’éthique.

Attention, pour l’industrie du tabac, c’est surtout le meilleur moyen de garder les clients chez les buralistes afin d’être toujours en mesure de leur proposer son vrai produit : les vraies cigarettes.

Attention aussi, une étude récente indique que pour parvenir à arrêter de fumer avec la e-cigarette, la variété des saveurs est primordiale (Imperial Tobacco propose trois goûts…) et surtout, il faut être bien « formé / informé ». C-à-d avoir un bon apprentissage de l’utilisation du matériel, des liquides, de la manière de vaper, etc.

Or, ce n’est pas chez les buralistes que le primo-vapoteur obtiendra ces conseils, il n’y connaissent rien, et il ne sont pas habitués à passer du temps avec leurs clients. Les industriels du tabac se battent d’ailleurs comme des forcenés avec les douanes et le gouvernement pour fixer des prix « ronds », cela permet de gagner du temps pour rendre la monnaie. Alors prendre 1/2 heure pour expliquer la vape…

La réglementation européenne est une bonne chose : FAUX

La fameuse directive tabac qui doit être transposée en France dans le cadre de la loi de santé a été écrite pour que toutes les dispositions réglementaires correspondent uniquement aux produits distribués par l’industrie du tabac. Il n’est donc pas étonnant que Hon Lik loue les vertus de cette réglementation qui fait le jeu de son nouvel employeur.

Cette réglementation est très négative pour le consommateur. Premièrement parce que les acteurs indépendants de la vape vont être freinés dans les innovations. Certains matériels, de troisième génération maintenant, seront « hors la loi » alors qu’ils contribuent justement à arrêter beaucoup plus facilement le tabac qu’avec les « cigalike » (première génération) de l’industrie du tabac. Hon Lik va même jusqu’à insinuer sournoisement que les produits actuels (hors industrie du tabac) ne seraient pas sains, et qu’ils le deviendront grâce à l’industrie du tabac… On nage en plein délire !

Sur le sujet polémique du tabagisme des jeunes, Hon Lik se réjouit de l’interdiction de vente de cigarettes électroniques aux mineurs. Bien sûr ! Comme ça, l’industrie du tabac pourra continuer à leur vendre des cigarettes avec la complicité des buralistes et sous le silence coupable des services de douanes qui ne verbalisent jamais, trop occupés sans doute à récupérer les taxes sur le tabac.

Notons quand même que Fontem Ventures cible particulièrement les jeunes dans sa communication. Peut-être pour leur faire découvrir la « cigalike », un produit clairement inefficace, et qu’ils « impriment » le plus tôt possible que c’est beaucoup « moins bien » qu’une vraie cigarette. Supposition.

Pour finir sur la réglementation, elle impose des produits scellés ! Ou comment redonner carte blanche à l’industrie du tabac pour ajouter n’importe quoi dans les liquides !!! L’expérience de la cigarette ne suffit-elle pas ? Faut-il encore refaire la liste des adjuvants toxiques et même radioactifs rajoutés à l’insu des consommateurs !!!

Différentes expériences de consommation : HONTEUX !

Hon Lik avoue qu’il fume de temps en temps des cigarettes au prétexte de ne pas perdre le goût pour développer des meilleurs produits pour la cigarette électronique. Alors là, c’est le pompon ! Ou comment insinuer que l’on peut continuer à fumer même si l’on vape. Et c’est là que se révèle toute la stratégie du tabac, que ce soit sur les choix de produits peu efficaces, sur la légitimité du réseau de distribution, et bien sûr, sur le discours publicitaire.

Lors du lancement de sa cigarette électronique, Fontem Venture s’est payé le triste humoriste Elie Semoun en lui faisant faire la promotion de la consommation mixte. Le « vapofumage » est l’objectif de l’industrie du tabac. C’est un véritable piège pour les fumeurs, en faisant croire que fumer moins est moins dangereux. Fumer, même peu est très mauvais pour la santé, surtout si on fume pendant de longues années.

Désinformation et manipulation de l’industrie du tabac

L’industrie du tabac joue très gros. Les moyens investis pour conquérir le marché de la vape témoignent de l’enjeu majeur. En clair, la cigarette électronique pourrait anéantir le tabac. Ces industriels n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de manipulation et de désinformation, c’est presque leur premier métier en fait…

Concernant Paris Match, il est déplorable que ce magazine réputé sérieux ait pu se faire « berner » aussi benoitement par les RP de Fontem Ventures. Cet interview de Hon Lik n’est qu’une publicité pour l’industrie du tabac. Une opération très vicieuse, comme un ver dans une pomme.

> PARIS MATCH : interview de Hon Lik

Pas de tabac dans la vape !

Vapoteurs, fabricants, distributeurs… A part quelques exceptions (business à tout prix), le monde de la vape est unanime, on ne veut pas du tabac dans la vape. L’industrie du tabac n’a aucune légitimité sur ce marché. Les autorités de santé publique et les médias seraient bien inspirés de comprendre une fois pour toute ce message, voire de le soutenir.

> Une autre réaction sur le blog vapoteurs.net

MAJ le 25/6/2015

Brice Lepoutre, Président de l’AIDUCE, a adressé une lettre ouverte à Hon Lik en réaction à cet interview. Paris Match a ajouté un lien sur cette lettre à la fin de l’article en ligne.

> Voir la lettre de Brice Lepoutre

 

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